L’Ecole supérieure des Beaux-arts d’Alger (Esba), gelée par une grève d’étudiants depuis le 15 mars dernier, a besoin d’une « véritable réforme » de ses programmes et de son diplôme, a estimé lundi à Alger la ministre de la Culture, Nadia Labidi. S’exprimant au forum du quotidien « Liberté », la ministre a jugé « légitimes » les revendications des grévistes de « revoir (le contenu) de l’enseignement et le diplôme » de l’Esba, estimant que ce dernier point constituait un « problème de fond ». Contrairement à d’autres titres d’écoles supérieures, le Diplôme d’études supérieures artistiques, créé en 1992, est délivré par la direction de l’Esba et non par le ministère de l’Enseignement supérieure et de la Recherche scientifique. Les grévistes dénoncent l’ « incohérence » entre leur diplôme et la durée des études (cinq ans) à l’Esba, accessible aux bacheliers sur concours. Abordant l’adoption du système LMD, exigée par l’autre tutelle pour l’Esba et des établissements similaires, Mme Labidi a relevé, à l’instar des grévistes, le manque d’encadrement qualifié, particulièrement pour l’enseignement des filières post-graduation. Outre cette question, les étudiants des Beaux-arts revendiquent l’adoption d’un « LMD spécifique », incluant plus d’activités pratiques en dehors des cours théoriques et des ateliers académiques dans les six spécialités de l’école.
Cette dernière revendication est mise en pratique par les grévistes qui organisent depuis une semaine des ateliers avec des créateurs durant leur occupation du siège de l’école, une initiative artistique saluée par la ministre de la Culture, tout comme la « maturité » qu’elle dit avoir constatée chez les étudiants.
Mme Labidi avait reçu le 22 mars dernier des représentants des grévistes après la démission du directeur de l’Esba, une rencontre où l’introduction du système LMD avait été abordée ainsi que la désignation d’un intérimaire à la tête de l’école. Les protestataires, qui ont baptisé leur mouvement « InfidjArt » exigent, préalablement à la réforme pédagogique de l’école, une feuille de route « claire » et des « délais précis », principales conditions, pour eux, d’arrêter leur grève.