Le ministre de la Justice, garde des sceaux, Belkacem Zeghmati, qui fait face depuis plus d’une semaine à un mouvement de grogne sans précédent de la corporation des magistrats, aura un autre souci à se faire, après les graves dérapages qui se sont produits, dimanche, dans le tribunal d’Oran.
Au moment où Zeghmati tente de ramener les juges contestataires «au calme et à la raison», un incident de l’ampleur d’une intervention musclée des forces antiémeutes de la Gendarmerie nationale pour déloger des magistrats grévistes viendra lui compliquer davantage sa mission à l’Exécutif. Et ce qui est arrivé au tribunal d’Oran reste «malheureusement» indissociable du climat politique général qui règne dans le pays pour espérer encore un dénouement rapide de la situation. Ce sont là quelques donnes qui ont donc contraint le ministre de la Justice à agir pour ordonner l’ouverture d’une enquête à l’effet de déterminer ce qui seraient les «non-dits » de cette affaire qui a autant choqué les magistrats eux-mêmes qu’elle a suscité l’indignation de l’opinion publique. Dans un communiqué diffusé hier et repris par l’APS, le ministère de la Justice dit en effet avoir ordonné l’ouverture d’une enquête approfondie sur ce qui s’est passé pour déterminer les responsabilités et éviter que de tels faits susceptibles de ternir l’image de la magistrature, ne se reproduisent».
Ayant pris conscience de la gravité des dérapages survenus, le département de la Justice tente autant que faire se peut de jouer une position neutre sur ce qui s’est passé. Il reconnait même d’emblée certaines «vérités» comme conclusions tirées à partir du rapport préliminaire établi sur ces incidents. En effet, pour le ministère, ces agissements ayant conduit à l’intervention des services de sécurité et entraîné des incidents «auraient pu être évités si les différentes parties avaient fait preuve de retenue», cite la même source. Enfin, dans un énième message adressé aux magistrats grévistes, Zeghmati dit que son département «privilégie toujours la voie de la raison et du dialogue pour parvenir à une solution garantissant l’intérêt du magistrat et des justiciables et l’intérêt suprême de la société, à la veille d’une échéance cruciale pour l’avenir du pays».
Farid G.