Un rassemblement contre le gaz de schiste est prévu, aujourd’hui à Ouargla, à l’initiative du comité populaire contre le gaz non conventionnel. Les organisateurs ont convié les partis politiques, opposés au gaz non conventionnel, notamment ceux composant la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), à prendre part à la manifestation. Annoncé pour être un rassemblement «impressionnant» contre le gaz de schiste, selon ses initiateurs regroupés au sein du comité populaire contre le gaz de schiste et verra la présence d’acteurs politiques de l’opposition. Si, pour sa part, le premier responsable de Jil Djadid a assuré, dès mercredi dernier, que son parti sera présent à Ouargla, son partenaire au sein de la CNLTD, le patron du MSP, Mokri, y sera notamment à travers ses militants qui composent le comité précité. Si, sur la scène nationale et internationale aussi, les experts sont divisés entre pro- et anti-gaz de schiste, l’opinion nationale opposée au gaz non conventionnel s’exprime par bon nombre d’experts et aussi par les citoyens qui contestent son exploration et son exploitation, invitant à ouvrir un débat national sur la question. Après plus de deux mois de manifestations pacifiques des citoyens d’In-Salah, c’est à partir d’Ouargla que les opposants au gaz de schiste comptent manifester pour l’arrêt de son exploration et exploitation. La préoccupation première des anti-gaz de schiste a trait à ses conséquences néfastes sur l’environnement, notamment par la technique toujours en cours pour son exploration, à travers la fracturation hydraulique et l’usage de produits chimiques. Procédé qui, selon les experts, affectera sans aucun doute les réserves des nappes phréatiques, dont bénéficie notre pays, dans ses régions sud, particulièrement à In-Salah. Source de valeur inestimable, au regard de l’enjeu que pose, depuis plus d’une décennie, la question de l’eau dans les stratégies, notamment des acteurs internationaux, et que des experts évoquent même des guerres futures autour de l’eau. Les citoyens dépendant essentiellement de la culture des palmiers, de l’agriculture et de l’élevage, pour ne citer que ces activités socio-économique, sur et autour desquelles s’articule la vie de ces villes du Sud algérien, l’eau est vitale pour que cela perdure. Le moratoire présenté par le mouvement citoyen d’In-Salah, sur la question du gaz de schiste, va sans nul doute être endossé par la manifestation anti-gaz non conventionnel, prévue aujourd’hui à Ouargla. Face à la décision de poursuivre l’exploration du gaz de schiste, réaffirmée, mercredi dernier, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, animant conjointement une conférence de presse avec le responsable portugais, l’actualité continuera d’être rythmée autour du gaz non conventionnel. Si, durant les deux mois de mouvement pacifique des citoyens d’In-Salah, il n’y a pas eu d’appel à l’adresse des partis politiques pour s’impliquer davantage dans la contestation anti-gaz de schiste, les organisateurs du rassemblement anti-gaz d’Ouargla ont lancé un appel aux partis politiques pour y prendre part. Appel à ceux ayant affiché leur opposition au gaz non conventionnel, notamment ceux composant l’Instance de coordination de suivi, empêchée par le dispositif policier de tenir son sit-in Alger, le 24 février dernier, contre le gaz de schiste.
Karima Bennour
Accueil ACTUALITÉ Manifestation anti-gaz de schiste, aujourd’hui, à Ouargla : l’opposition en guest star
Les nostalgiques de l’Algérie Française et les adeptes du printemps arabe s’empênent à l’exploitation du gaz de schiste d’In-Salah.
Y.Mérabet-Association Algérienne des Relations Internationales
Le gaz de schiste est un gaz naturel de même constitution chimique que celui que Sonatrach exploite du sous-sol Algérien depuis des décennies. Que ce soit pour le pétrole ou pour le gaz la même technologie d’extraction est utilisée sans faille par les valeureux techniciens et ingénieurs de Sonatrach. La Sonatrach a déjà forée plus 11000 puits, dont une centaine suivie d’une fracturation hydraulique de la couche productrice, sans engendrer le moindre incident. La parfaite isolation de la couche aquifère du tubage par des sociétés de renommée mondiale garantie l’exploitation dans les bonnes conditions contractuelles et le meilleur respect de l’environnement. La valorisation des ressources énergétiques du pays est une affaire qui relève exclusivement de l’Etat algérien, des experts en la matière et des autorités compétentes, pour les 48 Willayas. Halte ! A la polémique et aux charlatans présumés experts. Halte ! A la rue chauffée à blanc par des nostalgiques de l’Algérie Française et les adeptes du printemps arabe. Halte ! au plan » PEYREFITTE » de partage .
Les dessous de la polémique
Les intérêts bien compris de la France en jeu à In-Salah
Deux ans plus tôt, en 1956, d’énormes gisements pétroliers ont été découverts dans le Sahara, alors estimés à un milliard de tonnes, soit 7 milliards de barils. Ils permettraient à la France de passer du statut de pays importateur de pétrole à celui d’exportateur. Il faut donc, à tout prix, que la France garde le contrôle des hydrocarbures algériens. Elle y parviendra avec les accords d’Évian en mars 1962. Outre les difficultés propres à la gestion politique d’un conflit qui a généré des passions difficilement extinguibles, c’est là la raison essentielle de la poursuite de la guerre. Pendant quatre ans, De Gaulle, en représentant de la France et de sa bourgeoisie, va chercher à se donner les moyens d’octroyer l’indépendance à l’Algérie sans perdre la mine d’or noire qui créé l’euphorie des milieux pétroliers français. A défaut d’une Algérie française, il faut que le pétrole le soit, d’autant plus que l’échec de l’expédition de Suez en 1956 et la nationalisation du canal par Gamal Abdel Nasser ont obligé la France à instaurer un système de rationnement de l’essence. Par ailleurs, le Sahara, depuis janvier 1957, est le lieu choisi par l’armée française pour faire des essais nucléaires qui démarreront en 1960.
Autant de raisons de veiller aux conditions dans lesquelles une nation algérienne pourrait voir le jour. Car De Gaulle est clair quant à la possibilité pour l’Algérie d’accéder à son indépendance. En septembre 1959, il déclare : « Compte tenu de toutes les données algériennes, nationales et internationales, je considère comme nécessaire que le recours à l’autodétermination soit dès aujourd’hui proclamé. Au nom de la France et de la République, en vertu du pouvoir que m’attribue la constitution de consulter les citoyens, pourvu que Dieu me prête vie et que le peuple m’écoute, je m’engage à demander, d’une part, aux Algériens, dans leurs douze départements, ce qu’ils veulent être en définitive, et, d’autre part, à tous les Français d’entériner ce choix. » Dès octobre 1958, il offre au Front de libération nationale algérien (FLN) la « paix des braves », avec pour seule condition de laisser le « couteau au vestiaire ». Pourtant, les coups portés par l’armée française aux combattants algériens redoublent de violence en 1959. Les katibas, unités de l’Armée de libération nationale (ALN), des willayas ou zones de la Kabylie et des Aurès sont brisées. Plus de deux millions de paysans algériens sont déplacés. Si « l’Algérie de papa est morte », la guerre, elle, ne l’est pas.
Une indépendance de mauvais gout
Si De Gaulle a retardé ainsi la reconnaissance de l’indépendance, c’est qu’entre 1958 et 1962 ont été créées les conditions pour que la France puisse se retirer d’Algérie en conservant des avantages exorbitants. Si à Evian, l’Algérie devient le propriétaire des richesses pétrolières, c’est la France qui possède le réel pouvoir de gestion de celles-ci, le code pétrolier saharien étant maintenu. En 1960, le FLN a déjà gagné la bataille politique contre la France, mais il n’a pas les moyens d’imposer l’indépendance militairement. Certes, les leaders, après avoir parcouru le monde, ont trouvé des appuis au FLN. En France, les organisations de gauche commencent aussi à affirmer leur soutien à la « cause algérienne ». Mais la faiblesse militaire du FLN lui commande de faire des concessions à la France, dès lors qu’elle reconnait l’intégrité du territoire algérien.
Au-delà de la reconnaissance essentielle pour l’Algérie de son statut de nation indépendante, les accords d’Evian sont très favorables à la France. Ils confirment « l’intégralité des droits attachés aux titres miniers et de transport accordés par la République française, en application du code pétrolier saharien ». Une fois garanti le « droit du concessionnaire et de ses associés de vendre et de disposer librement de leur production », c’est l’approvisionnement de la France en pétrole qui l’est. L’exploitation des hydrocarbures ne peut devenir plus onéreuse en raison de la fiscalité qui lui est appliquée. Pendant six années, sur des offres égales, l’Algérie doit favoriser les sociétés françaises. Enfin, les compagnies françaises ont un droit de propriété du sol et du sous-sol dès lors qu’elles ont une concession. En somme, la manne pétrolière algérienne reste largement aux mains des Français.
Le conflit, d’après les historiens, aurait fait 500 000 morts, très majoritairement Algériens. Alors que son issue était inéluctable, la guerre a perduré des années durant. A la suite de l’Indochine, elle a fait de l’armée française une école reconnue pour l’usage de la torture. Quant à la société algérienne, elle est sortie de cette guerre d’indépendance exsangue, et dominée par l’armée. Mais pour la bourgeoisie française l’essentiel était préservé : elle pouvait se retirer d’Algérie, ses intérêts y étant durablement sauvegardés.
Le Sahara au cœur de la guerre
La France a cherché, dès décembre 1956, à faire du Sahara une entité juridiquement autonome de l’Algérie. Cela avait un avantage de taille : si l’Algérie devenait indépendante, le Sahara – base arrière militaire et terre pétrolière – pourrait rester sous contrôle français. Félix Houphouët-Boigny, alors ministre d’Etat de Guy Mollet, élabora un projet, entériné en janvier 1957 par l’Assemblée nationale, créant l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) « dont l’objet est la mise en valeur, l’expansion économique et la promotion sociale des zones sahariennes de la République française ». En juin 1957, est créé en France un « ministère du Sahara ». Deux des quatre départements français d’Algérie, les Oasis et la Saoura, sont intégrés à l’OCRS en août 1957. Enfin, en novembre 1958, soit six mois après l’arrivée de De Gaulle au pouvoir, est adopté le code pétrolier saharien. Ce dernier donne à la France un droit de regard sur l’exploration, comme sur l’exploitation du sous-sol algérien et lui permet d’assurer son contrôle sur la provenance des capitaux engagés.
Ce sont ces dispositions qui ont généré les situations de blocage entre la France et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), créé dès 1958 sous la tutelle du FLN. Ces dispositions levées, même très partiellement, un accord de paix devenait possible. Pour preuve, le 5 septembre 1961, le général De Gaulle annonçait que le Sahara faisait désormais partie intégrante du territoire algérien, et à peine six mois plus tard, le 18 mars 1962, les accords de paix étaient signés. Plus tard le président Ben Bella, qui n’avait pas participé aux négociations, a remis en causes les accords d’Evian, le chapitre concernant les ressources pétrolières et minières.
A suivre…
Y.Mérabet– Expert en énergie,Association Algérienne des Relations Internationales- Y.Mérabet- (119,Bd Didouche Mourad, Alger centre)