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«Cannibale» : Une nouvelle pièce au théâtre régional de Béjaïa

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«Cannibale», la nouvelle pièce du Théâtre régional de Béjaïa (TRB), dont la générale a été donnée jeudi soir, a résonné comme un cri de révolte contre la misère humaine et un de ses corollaires, le trafic d’organes.

Son metteur en scène, le dramaturge Omar Fatmouche n’a pas mis de gants pour exposer le phénomène dans toute sa cruauté, quitte parfois à en exacerber les contours et la substance. Ainsi, dans sa dramaturgie, il fait une place centrale au four crématoire, conçu comme un prolongement naturel des salles d’opération au sein desquelles se réalisent clandestinement les prélèvements et les transplantations d’organes. Une fois les parties jugées intéressantes retirées du corps, les carcasses restantes et leurs viscères sont machinalement vouées au feu et calcinées. Dans ces endroits où il est mis fin à des vies pour en sauver prétendument d’autres, il n’y a pas de place, encore moins de temps et d’argent, pour les cérémonies funéraires en effet. Et la purification passe tout bonnement par la flamme. La trame est difficile et insupportable. Et l’auteur, visiblement marqué par l’actualité et ses lectures foisonnantes autour du sujet, en a passé en revue et potassé plus de 400 documents, selon son aveu à l’APS. Il s’en est forgé un sentiment de dégout mais aussi de colère, qui ont fait qu’il apparente les acteurs de ce trafic macabre à «des cannibales», certes d’un certain genre, qui ne dépècent pas leurs victimes en les mâchouillant mais qui donnent la mort, tout autant en les privant de leurs organes vitaux. La chronique en fait s’ouvre sur un fait anodin. L’histoire d’une journaliste qui débarque dans une clinique pour des soins esthétiques, mais qui, rapidement, en découvre la face cachée. L’espace du rêve qu’elle supposait n’en était rien d’autre qu’une boucherie à ciel ouvert, géré par une mafia et par des médecins qui en avaient tous les attributs. La valeur de patients se mesurait à l’aune de leur position sociale, selon qu’ils étaient riches et prêts à payer ou pauvres et ne méritant pas de vivre par conséquent. La sélection est faite d’emblée et les corps triés sur décompte mercantile. Les uns voués à la félicitée et la vie éternelle, et d’autres voués à la souffrance et à l’extinction. «De toute façon les misérables et les parias empêchent le monde de tourner», rétorquera une mafieuse en chef dans la pièce, qui se voyait déjà mettre ce même «monde à ses pieds» au regard de l’ampleur des misérables et des miséreux. Mériem, la journaliste est horrifiée. Mais, elle reste sur place pour en rendre compte dans sa gazette. Seulement, au bout de quelques jours, elle est démasquée puis condamnée à son tour au four crématoire. Au moment d’en subir les affres, elle est miraculeusement sauvée par un trafiquant qui se nourrissait un doux projet. Et la trame finit sur ce happy-end, magnifié par le sauvetage d’un nouveau-né, prédestiné également au charcutage et à la mise aux arrêts de toute de la bande de trafiquants. La chronique est inspirée de faits vécus pour l’essentiel à l’étranger. Mais, certains se sont déroulés en Algérie, dira Fatmouche, qui estime, par son texte, vouloir seulement tirer la sonnette d’alarme sur ce phénomène qui prend une ampleur mondiale, n’épargnant aucun continent.

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