Accueil MONDE Gabon : diète médiatique, rumeurs, l’incertitude persiste

Gabon : diète médiatique, rumeurs, l’incertitude persiste

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Internet coupé et médias muets : l’information a été la grande victime des événements qui ont suivi l’annonce des résultats de la présidentielle gabonaise. Après cinq jours de coupure, Internet a été rétabli ce lundi matin sans qu’aucune explication officielle ait été fournie sur les raisons de cette coupure, ni par les opérateurs téléphoniques, ni par les autorités. En tout cas, cette nouvelle donne ne va pas manquer de faciliter la divulgation et la circulation des informations portant sur la situation réelle dans les différentes provinces du pays, même si, selon les journalistes de l’AFP, « les réseaux sociaux restaient inaccessibles lundi matin ».

Un manque d’informations qui nourrit des rumeurs
Le Gabon a vécu une sorte de black-out de l’information depuis que les émeutes ont éclaté après que le ministre de l’Intérieur a proclamé les résultats le 31 août et officialisé la réélection d’Ali Bongo Ondimba.
À ce jour, officiellement, le décompte révèle qu’il y a sept morts à la suite des violences dans tout le Gabon : cinq civils à Libreville, un civil à Port-Gentil – la capitale économique – et un policier à Oyem dans le Nord.
Cela dit, des rumeurs invérifiables font état d’un bilan plus lourd, notamment à Port-Gentil. Parallèlement, plusieurs personnes se sont lancées à la recherche de proches. Ainsi, dimanche matin à Libreville, au moins deux personnes interrogées par l’AFP cherchaient un proche dont elles sont sans nouvelles depuis la nuit de mercredi à jeudi, date de l’assaut armé des forces de sécurité contre le siège de l’opposant Jean Ping. « Je cherche mon fils Jocelyn. Il était au QG de Jean Ping », témoigne Jacqueline, tandis qu’un autre habitant affirme ne pas avoir de nouvelles de son frère. « Nous l’avons cherché dans les commissariats, à la police judiciaire, au CHU d’Owendo, à la polyclinique Chambrier, et même dans plusieurs entreprises de pompes funèbres », raconte-t-il.

Médias locaux saccagés, médias muets
Il faut dire que nombre de médias ne sont plus en mesure de donner des informations, attaqués qu’ils ont été pendant les émeutes de ces derniers jours. Ainsi du journal L’Union, très favorable au pouvoir, qui n’est pas paru depuis mercredi. « Nous avons fait l’objet d’un incendie. Nous ne pouvons pas travailler », indique à l’AFP son directeur de la publication, Lin-Joël Ndembet, qui ignore quand le quotidien pourra revenir en kiosque. Par ailleurs, les locaux de deux télévisions privées, Radio-Télévision Nazareth (RTN) et Télé Plus, ont aussi été attaqués, a constaté un journaliste de l’AFP dimanche matin.
Les locaux de RTN ont été incendiés et sa régie a été détruite « mercredi soir par des agents des forces de l’ordre cagoulés et fortement armés », selon son PDG, le pasteur Georges Bruno Ngoussi, cité par l’AFP. « Le câble coaxial a été sectionné.
Ce sont des connaisseurs. Ils savent que c’est le câble de connexion du signal avec le satellite Eutelsat », commente le pasteur, dont la télévision ne peut plus émettre ni par satellite, ni par voie hertzienne, ni par Internet. Selon lui, les attaques contre RTN ont commencé dès le 28 août quand son média diffusait les tendances de l’élection de la veille, « bureau de vote par bureau de vote », avec un avantage à Jean Ping. « Ils ont frappé en même temps le QG de Ping, RTN et nous ici à Télé Plus », affirme Franck Nguéma, qui a fondé cette chaîne indépendante, dont les locaux exigus se trouvent sur le front de mer.
Et d’affirmer que sa chaîne a été attaquée par des « commandos » comme à plusieurs reprises dans le passé. Régie détruite, CD-Rom d’archives par terre, dossiers éparpillés… : la même scène qu’à RTN s’est répétée dans les locaux de Télé Plus. « Nous avons repris la diffusion dans d’autres endroits. Nous diffusons le message de Jean Ping », a assuré M. Nguéma.
Faute d’informations sur les chaînes indépendantes, les Gabonais se sont repliés sur les médias français, comme RFI, France 24 ou TV5 Monde, dont les envoyés spéciaux étaient à Libreville, mais pas en province.

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