FNA : Moussa Touati, seul contre tous

Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, seul contre tous. Il a déversé son fiel autant sur le pouvoir que sur l’opposition. Il a dressé un sévère réquisitoire contre tout le monde. Aucune initiative, qu’elle soit du pouvoir ou de l’opposition, n’est susceptible de sortir le pays de ce marasme, a-t-il estimé. Lors d’une conférence de presse animée, hier, au siège national de son parti à Alger, le président du FNA a donné sa lecture du projet de révision de la Constitution, proposé par le président de la République. Moussa Touati ne partage pas la vision des partis de l’opposition sur la révision de la Constitution. D’emblée, il a estimé que le projet de révision de la Constitution tel qu’il est proposé par le pouvoir ne réglera rien à la crise que couve l’Algérie. Bien au contraire, a-t-il soutenu, la nouvelle Constitution va bien servir les intérêts de ceux qui profitent de la rente. Pour lui, la nouvelle Constitution n’a aucune crédibilité, si elle n’est pas soumise au référendum populaire. Il a estimé qu’on ne peut pas soumettre au Parlement, ou à quiconque autre institution illégitime, le vote d’une loi aussi importante qui engage l’avenir de la nation qui la constitue. «Tout le monde sait que les deux chambres du Parlement sont issues de la fraude, donc elles ne sont pas légitimes», a-t-il dit. Même la création d’une commission libre de supervision des élections promise par le président Bouteflika, dans le cadre de la révision de la Constitution, n’a pas convaincu le président du FNA de la sincérité de la démarche du pouvoir. Après avoir critiqué le pouvoir et ses relais, Moussa Touati a fait le procès de l’opposition. Il n’a pas été tendre avec les partis de l’opposition, regroupés au sein de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), avec lesquels il ne partage aucune idée. Pour lui, l’opposition n’a pas d’ancrage populaire. Elle souffre de légitimité populaire au même titre que le pouvoir. Ainsi, le président du FNA a mis dans le même sac et l’opposition et le pouvoir. Il a reproché aux partis de l’opposition de se manifester uniquement dans des occasions, en préférant «les salons feutrés d’Alger» aux démonstrations de rue. L’orateur a rejeté d’emblée la proposition de l’opposition d’une période de transition qui permettrait de mettre en place les institutions légitimement élues par le peuple. «Tout le monde cherche ses intérêts, y compris les partis de l’opposition», a-t-il regretté. Il a accusé les partis regroupés au sein de la CNLTD de ne pas s’entendre entre eux sur les questions essentielles. «L’épisode de rapprochement entre Abderrazak Mokri et le pouvoir a mis à nu ce consensus entre les partis de l’opposition», a-t-il encore ajouté. Après le pouvoir et l’opposition, c’est autour de l’initiative des dix-neuf personnalités ayant demandé de rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika. Pour lui, «on ne peut pas être une partie de la solution, quand on est responsable de cette situation». Il a estimé que les signataires de cette demande manquent de légitimité, car ils ont tous, ou presque, failli à leur mission lorsqu’ils occupaient des postes de responsabilité au sein du pouvoir. «À travers leur initiative, ils cherchent à être intégrés à la famille du pouvoir», a-t-il dit. Même la France n’a pas échappé à la critique du président du FNA. Il a accusé l’ancienne puissance coloniale de s’ingérer de s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie. Il a même mis en garde contre le retour en force des Pieds-Noirs en Algérie.
Hacène Nait Amara