Les fêtes en Kabylie sont souvent agrémentées de fort belle manière par des chansons rythmées. Ces dernières créent, en somme, la joie au grand bonheur des villageois qui attendent la période estivale pour passer des moments de détente et d’allégresse dans une ambiance bon enfant. Parmi les artistes les plus sollicités pour les cérémonies de mariage et de circoncision, notamment dans les régions de la wilaya de Tizi Ouzou, figure incontestablement Ali Irsane. Ce dernier, avec son style envoutant et surtout singulier, assure des moments de bonheur à plus d’un avec ses mélodies qui agrémentent véritablement les soirées en cette période d’été caractérisée fortement par des images de liesse indescriptibles dans la mesure où l’on enregistre parfois, plus de dix mariages dans une commune par jour. C’est la fête partout en Kabylie. Ali Irsane anime donc, souvent des galas qui laissent surtout une bonne impression. Ainsi, qu’il s’agisse de la région d’Azazga, Iflissen, Ain El Hammam, Ouadhias et dans tant d’autres localités de la Kabylie, ce chanteur adulé est manifestement considéré comme la véritable coqueluche des férus de la chanson rythmée. Il remet au gout du jour ses fameux et célèbres textes qui avaient, pour rappel, déjà, fait sensation à la fin des années 80. Depuis, ces tubes résonnent continuellement, et sans répit, durant les spectacles de mariage où le cérémonial « El Henni » ne peut aucunement se dérouler sans le Achewiq d’Ali Irsane : « Awid Afusik » que reprennent souvent en chœur les femmes en guise de Tibugharine, des chants traditionnels kabyles interprétés pour la circonstance. Ariha Elâambar, un autre tube sorti en 1989 mais qui reste immortel en dépit d’une poussée massive de la chanson non-stop ces dernières années. Malgré cela, les produits de l’enfant prodige de la Kabylie maritime s’imposent et s’adjugent même des places prépondérantes dans les soirées DJ, une forme d’animation devenue quasiment inéluctable durant les fêtes. Fatiha, Avrid Iâazouguene, Tislith sont, entre autres, les chansons qui se taillent la part du lion dans les mariages en Kabylie en guise, sans doute, de nostalgie pour les traditions ancestrales, dont certaines sont menacées de disparition. Dans ce sens, d’ailleurs, Ali Irsane ne veut pas déroger à sa tradition, celle d’offrir toujours à son public une production artistique de qualité et reste dans son style de prédilection, histoire certainement de veiller à la sauvegarde de certaines coutumes et us de la Kabylie vouées inexorablement à l’oubli. En écoutant les textes de cet artiste, on sent aisément cette touche liée intimement à la liturgie des ourar. Dans son nouvel album, il chante « Zin Zin » et « El Farh Iguelil », des morceaux pleins d’une teneur poétique et musicale qui garde fièrement un aspect culturel très ancien. Ali Irsane revient à la production artistique après des années d’absence mais son public garde toujours l’image de ce chanteur qui dispose d’un style particulier. Il a animé, d’ailleurs, devant une assistance nombreuse, un gala, durant le mois de Ramadhan écoulé, à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou où il a subjugué les présents, notamment quand il a interprété ses anciennes chansons mais qui restent toujours fraîches et d’actualité puisqu’il s’agit des textes dont l’âme est indissociable de la musique folklorique Kabyle pure. Au-delà des soirées de fêtes dans les villages en Kabylie, Ali anime aussi des tournées en Algérie comme il se produit souvent en France où il compte un grand public qui l’adule et l’écoute régulièrement.
Aomar Mohebi