La répression qui s’est abattue, dimanche matin, sur les magistrats grévistes, à l’intérieur de la Cour de justice d’Oran, a soulevé un tollé au sein des syndicats, partis politiques et la Ligue des droits de l’homme, alors que les candidats en lice à la prochaine magistrature suprême du 12 décembre, ont brillé par leur silence face à ce dangereux dérapage.
Contacté par nos soins, le porte-parole du candidat Ali Benflis, néanmoins président de « Talaïe El Hourriat », Abdnour Ziam, dit « regretter » ce qui s’est passé à la Cour d’Oran, et le recours à la force pour disperser les magistrats grévistes, sans toutefois, condamner de manière « formelle » l’intrusion des gendarmes au sein de la Cour d’Oran, et la charge des magistrats, sous prétexte que le parti ne dispose pas de suffisamment d’éléments pour pouvoir dégager une position officielle sur la question.
Ziam, a expliqué que l’incident de dimanche à Oran contre les magistrats frondeurs, n’est pas isolé de la conjoncture actuelle et de la situation générale qui prévaut dans le pays, qu’il qualifie d’’’exceptionnelle », et par conséquent, la situation de blocage, dans laquelle se retrouve la Justice aujourd’hui, ne peut se démettre du contexte général régnant dans le pays actuellement, notamment la grève des magistrats et le bras de fer qui s’en est suivi avec la tutelle. Un débrayage motivé, pour rappel, par le dernier mouvement opéré dans le corps des magistrats par le ministère de la Justice, et qui a touché prés de 3.000 membres et dénoncé par le syndicat des magistrats, en le qualifiant de « purge » volontaire pour leur syndicat.
Le porte-parole de Benflis, a appelé, au passage, à l’ouverture d’un dialogue « franc » et à l’apaisement entre les deux parties protagonistes, afin de trouver un terrain d’entente, et dénouer la crise qui paralyse l’appareil judiciaire, et ce, à travers des concessions de part et d’autres.
Pour les autres candidats partants pour la présidentielle du 12 décembre prochain, ou du moins, leurs représentants, nos tentatives de les joindre sont toutes restées vaines, en dépit de notre insistance.
Par ailleurs, le Syndicat national des magistrats (SNM), le Club des magistrats, l’Union nationale des organisations d’avocats (UNOA), des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), des partis politiques, à l’instar de « Jil El Jadid » de Soufiane Djilali, le Parti des travailleurs (PT), l’Union pour le changement et le progrès (UCP), de Zoubida Assoul, ainsi que le RCD, la Ligue des droits de l’homme (LADDH), ont tous condamné à l’unanimité l’action de la force publique.
Pour rappel, le procureur général de la Cour d’Oran a fait appel, dimanche, à la force publique pour mettre fin à la protestation des magistrats à l’occasion de l’ouverture de la session, où les magistrats grévistes, hommes et femmes ont été malmenés sans ménagement par les forces antiémeute de la Gendarmerie nationale.
En dépit de la situation tendue, qui peut balancer à tout moment, à voir le « ton virulent » et les menaces que s’échangent les deux parties, à travers des communiqués interposés, et la grève du « SNM », largement suivie à travers le territoire national, l’installation des nouveaux magistrats s’est poursuivie, hier, au niveau des différentes Cours de justice, comme Sidi M’hamed, Bir Mourad Raïs, Hussein Dey, et Chéraga.
Brahim Oubellil