La halle à marée, plus communément appelée «criée», est le lieu de première mise en marché du poisson lorsqu’il est débarqué dans un port de pêche et sa vente s’effectue à la criée, au plus offrant, une tradition qui remonte à l’Antiquité. Celle du port de Ténès, quoique entièrement achevée et dotée de toutes les commodités nécessaires et indispensables pour son activité, tarde à être mise en exploitation. Elle a été inaugurée par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques en mars 2013 lors de sa visite dans la wilaya de Chlef. Depuis, ses portes demeurent toujours fermées au grand désarroi des gens de la mer « qui déplorent cette situation ». Certains d’entre eux imputent cette situation au nouveau directeur de l’EGPP de Ténès, qui, diront-ils « ne fait rien pour y remédier à la situation et surtout de répondre aux préoccupations du monde marin ». Toutefois selon certaines indiscrétions, « cette situation arrange les mandataires et les patrons de pêche qui ne veulent en aucun cas que le produit de leur pêche (le poisson en général) soit contrôlé qualitativement et quantitativement, un rôle dévolu à la halle à marée » Il faut savoir qu’une halle à marée a un rôle capital dans la gestion du poisson. En effet, c’est à ce niveau-là que le poisson est réceptionné, trié, mis en bacs, mais surtout, contrôlé sur les plans sanitaire et commercial. Selon le directeur de la pêche et des ressources halieutiques de Chlef M. Abed Abderrahmane, « cet espace offre la possibilité de contrôler le poisson tant sur le plan qualitatif que quantitatif par les services compétents ». Sur ce chapitre il est intéressant de signaler que, malgré la vigilance des services de la Marine nationale à contrôler la taille marchande du poisson autorisé à la vente , il est fréquent de voir sur les étals des poissonniers la sardine mesurant à peine 6 centimètres proposée au prix de 300 à 350 DA le kilo. A titre indicatif, les pays européens exigent aujourd’hui une taille marchande de 14 cm pour la sardine. Selon un spécialiste « cet état ne fait qu’appauvrir la ressource en brisant la chaîne biologique de la reproduction, et de telles prises ont un impact irréversible sur la régénération des ressources et la pérennité de la biomasse marine ». D’ailleurs cela s’est traduit sur le terrain par une baisse drastique de la production halieutique dans la wilaya de Chlef qui est passée de 8000 tonnes en 2007 à 3000 tonnes en 2014. La sardine figure parmi le poisson le plus touché par cette baisse constante.
Bencherki Otsmane