Le Courrier d’Algérie : -Les prix des produits de large consommation ne cessent d’augmenter, et cela devant l’impuissance des consommateurs à réagir face à cette situation. On annonce même des augmentations très considérables pour certains produits d’importation dans les prochains jours. En tant que représentant des consommateurs, comment réagissez-vous à cette situation ?
Mustapha Zebdi : -Cette situation est bien sûr dramatique et inexpliquée. À chaque fois, il y a des hausses des prix injustifiées.
Pour les fruits et légumes l’argument des vendeurs n’est pas convainquant. Ils rendent cela à la pluie ou au manque de la main d’œuvre, mais pour nous c’est loin d’être convainquant. Aussi, quel est le rapport avec la banane qui a connu une augmentation des prix, on ne produit pas la banane chez nous ? à chaque fois on essaye de justifier la chose, mais ce n’est toujours pas claire. Les commerçants, les spéculateurs ceux qui cherchent le gain facile, ont tous une part de responsabilité devant cet état de fait. On a toujours déploré le fait qu’il n’y a pas d’organisation dans ce secteur.
-Pour les produits importés, certains parlent de la hausse du dollar. Qu’en pensez-vous ?
Il faut parler d’abord de la dévaluation du dinar pour les produits importés. Je peux vous confirmer aussi que dans les jours qui suivent, trois ou quatre produits importés de large consommation vont connaître une hausse des prix. Je ne connais pas exactement quels sont ces produits, mais des sources de l’UGCAA confirment la chose. Déjà les légumes secs, qui sont très consommés en cette période de l’année, ont connu cet hiver des augmentations des prix dépassant les 50% par rapport à l’année précédente. Pourtant les légumes secs connaissent une fluctuation des prix sur le marché international, des fois des hausses mais aussi des baisses des prix, chez nous lorsqu’il y a une hausse sur le marché mondiale, elle se répercute très rapidement si c’est le contraire, on ferme les yeux. C’est une situation déplorable et insupportable.
-Pour réagir à de telles situations, vous avez organisé, en août 2014, une journée de boycott pour les achats. Comment avez-vous évalué cette action ?
La journée de boycott était un signe de révolte. Mais il faut le dire, on n’a pas la main libre. Que faire devant cette situation ? il y a même des hausses des prestations de service comme c’est le cas pour la poste, mais qui n’ont jamais été déclaré publiquement.
Les consultations médicales, chaque médecin augmente le prix à sa guise, qui peut réagir ? il faut donc revoir toute l’organisation du service devant la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens.
-Le gouvernement a déclaré, récemment, que malgré la baisse des cours du pétrole, l’État va continuer à subventionner les produits de première nécessité. Qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne chose, car le pain, le lait, le sucre ou l’huile restent les produits les plus consommés par les Algériens, cela les rassure bien sûr. On n’a jamais douté que l’État arrêtera les subventions.
-Selon les dernières informations, que nous obtenons, les boulangers menacent de changer d’activité si le prix de la baguette du pain reste tel quel ?
Oui j’en ai entendu parler. Je dirai seulement que ce n’est pas du tout le moment de parler d’augmentation du prix du pain. Certes on est avec leur souffrance, mais il faut voir avant tout, l’intérêt du consommateur. Il faut qu’il y ait un débat. Il faut reconnaitre aussi que le prix réel de la baguette de pain est à 8,50 da, alors qu’il est cédé depuis quelques années à 10 DA. Le faire augmenter à 12 DA ce n’est pas une solution, car certaine familles ne sont même pas capables de manger à leur faim. Il faut appeler les gens à la raison.
Entretien réalisé par I. B.