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Les détenus porteurs de l’emblème amazigh : De lourdes peines prononcées par le tribunal de Sidi-M’hamed

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Les verdicts des procès des détenus d’opinion, arrêtés pour port de l’emblème amazigh, sont tombés comme un couperet dans la soirée de lundi à mardi et la journée d’hier. En effet, de lourdes peines ont été prononcées par le tribunal de Sidi-M’hamed, devant la stupéfaction des avocats.

Ainsi, après avoir condamné 21 détenus, tous poursuivis pour «atteinte à l’unité nationale» à 1 an de prison, dont six mois avec sursis, assortie d’amendes allant de 30 000 à 100 000DA, le tribunal de Sidi-M’hamed a prononcé, hier matin, le verdict des 6 détenus jugés le 22 octobre dernier. Ces manifestants ont écopé, quant à eux, de 6 mois de prison ferme et une amande de 20 000 DA.
Il s’agit de Bilal Bacha, DjaberAibeche, Messaoud Leftissi, Khaled Oudihat, Hamza Mehrazi et Tahar Safi, qui ont été arrêtés le 21 juin dernier, et poursuivis pour le même chef d’accusation. Les dossiers de 20 autres manifestants (11 placés en détention provisoire et 9 sous contrôle judiciaire) ont été renvoyés, pour leur part, au 18 novembre prochain, tandis que les verdicts de 5 autres manifestants jugés au tribunal de Bainem devraient être prononcés aujourd’hui.
Contacté par nos soins pour avoir sa réaction après ces condamnations, Maitre Badredine Bouallag, membre du Comité national pour la libération des détenus d’opinion (CNLD) a exprimé sa déception. «Je suis déçu parce que les juges ont choisi un camp contre le peuple et l’histoire le retiendra», a déclaré l’avocat en signalant que « la majorité des détenus jugés avant-hier sortirons de prison le 21 décembre prochain, alors que le jeune étudiant en 6ème année de chirurgie dentaire ne retrouvera la liberté qu’au mois de mars 2020 ». Interrogé si les avocats comptent interjeter appel, Me Bouallag a précisé que « pour le moment, la question n’a pas été tranchée ».
Toutefois, il a assuré qu’ils ne comptent pas rester les bras croisés. «On ne va pas commenter des décisions de justice mais on va réagir. On va faire quelque chose», a menacé notre interlocuteur, sans pour autant dévoiler ce qu’ils comptent faire.
Lançant «un appel à ses confrères pour boycotter toutes les audiences qui seront programmées dans les prochains jours », l’avocat a précisé que « les plaidoiries, les éclaircissements et les critiques soulevés par les avocats n’ont rien changé». « Le juge n’a rien voulu écouter. Nos efforts ne servent à rien», a-t-il dit. Pour ce qui est du verdict prévu pour aujourd’hui, au tribunal de Baïnem, pour les manifestants Kamel Belekehal, Akli Okbi, Ali Ider, Mohand Boudjemil, Hamza Karoune, contre qui le procureur avait requis 18 mois de prison ferme, l’avocat se dit pessimiste. «Je n’ai aucun doute qu’ils seront condamnés comme les autres», nous a-t-il déclaré.
Exprimant son indignation, Me Yamina Allili a précisé, quant à elle, que ceci a « démontré que la justice n’est pas indépendante ».
Les familles des détenus ont été, elles aussi, choquées par ces verdicts. D’ailleurs une vidéo de l’intérieur de la salle d’audiences a été largement partagée sur les réseaux sociaux, démontrant la colère des familles, en appelant «à l’indépendance de la justice».
Lamia Boufassa

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