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FLUCTUATIONS DES MARCHÉS PÉTROLIERS : Quels enjeux, quels challenges pour l’Algérie ?

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Le Forum de la Sûreté nationale a abrité, hier, à l’École supérieure de Police Ali-Tounsi, une conférence ayant pour thème «Les Incidences économiques sur les fluctuations des marchés mondiaux du pétrole». Ont participé à cette conférence, le docteur Preure Mourad, expert pétrolier international et président fondateur du cabinet Emergy et le docteur Foued Chehat, spécialiste en économie agricole, rurale et agroalimentaire. Ce forum a été organisé en présence de cadres de la DGSN, de professeurs d’université, de représentants de la société civile et de la presse nationale. Preure a ouvert la séance en présentant un exposé détaillé sur les fluctuations des marchés pétroliers, à savoir les grands équilibres et les tendances lourdes et jeux d’acteurs et les évolutions récentes du marché pétrolier. D’autre part, il a mis en exergue les hypothèses sur les évolutions attendues dans le futur immédiat et dans le moyen et long termes. Il a expliqué les enjeux de l’industrie gazière et plus spécifiquement la scène gazière européenne qui se traduit par le marché naturel. Aujourd’hui, les États-Unis sont déjà indépendants du Moyen-Orient. Cette nouvelle situation précarise l’Arabie saoudite et crée un contexte géopolitique inédit. Selon le conférencier, il est plus facile de prévoir le long terme que le court terme. Preure a affirmé que les États-Unis ont quatre fois les réserves de l’Algérie. Selon lui, la production des huiles de schiste n’est pas pérenne. Il a ajouté que le progrès technique combiné à la pression sur les sociétés de service a permis d’abaisser les coûts entre 20 et 40% et rendu possible une résilience de la production américaine. Il constitue donc une évolution darwinienne du secteur qui a vu les plus faibles avalés par les plus forts, rendant les producteurs en mesure de résister à la baisse des prix. Outre la gestion des stocks américains, qui atteignent des pics historiques du fait des prix bas, agit puissamment sur les prix et reste une épée de Damoclès sur l’Opec. Comment sera 2016 ? La croissance économique en 2016 devrait être de 3,8% et 3% en 2015, selon l’OCDE, contre 5% en moyenne les cinq années précédant la crise de 2008. La demande sera de 94,4 Mbj en 2015 et 95,8 Mbj en 2016, soit une hausse de 1,4 Mbj. À cet effet, l’Opec prévoit une hausse de la demande de 1,6 Mbj en 2016. L’optimisme des prévisions de demande est justifié par deux facteurs : croissance économique et prix bas. Dans ce contexte, la production augmentera modérément. D’autre part, la production américaine montre les premiers signes de ralentissement. Le rééquilibrage du marché sera long. Les incertitudes sont fortes. L’Opec est exposée au retour sur le marché de volumes provenant de certains des plus significatifs de ses membres, L’Iran, la Libye et la montée en puissance de l’Irak. Selon le conférencier, la planète consomme 3 barils pour un baril découvert. Preure a signalé que 80% de la croissance de la demande viendra de la Chine, de l’Inde et du Moyen-Orient. Quels enjeux, quels challenges pour l’Algérie ? Le conférencier a expliqué que le marché pétrolier a une évolution cyclique et son histoire est riche en rebondissements. La puissance des pays pétroliers repose de plus en plus sur celle de leur compagnie nationale davantage que sur le niveau de leurs réserves et de leurs productions. La technologie est la clé de la puissance pétrolière et gazière de demain. La baisse des prixpétroliers n’est pas durable. Structurellement, les prix ont une orientation haussière à long terme. Cette crise est passagère. Il convient de la traiter avec sang froid et se préparer déjà à l’après-crise en maintenant le développement de l’industrie nationale des hydrocarbures et en renforçant Sonatrach sur les plans managérial et technologique. L’industrie gazière est en mutation profonde avec l’arrivée de nouveaux acteurs qui peuvent se montrer agressifs sur notre marché naturel. De son côté, le docteur Chehat, spécialiste en économie agricole, a largement commenté le sujet des hydrocarbures dans l’économie nationale. Selon le conférencier, les hydrocarbures représentent 36% du Produit intérieur brut (PIB) de notre pays. Les hydrocarbures représentent 70% des recettes budgétaires de l’État. Ils sont à l’origine de 98% des exportations ce qui fait de l’Algérie un pays mono exportateur et une économie particulièrement fragile. D’autre part, la chute des prix des hydrocarbures s’explique d’abord par une forte diminution de la demande mondiale à cause du ralentissement de la croissance dans les pays émergents (Chine, Brésil, Inde, Indonésie, Russie, Afrique du Sud) et de la quasi stagnation de l’Union Européenne (sauf Angleterre et Allemagne). La chute des prix des hydrocarbures s’explique aussi par une croissance relativement forte de l’offre mondiale du point de vue stratégie des pays producteurs qui veulent conserver leur part de marché (Arabie Saoudite) ou qui augmentent leur production et leurs ventes pour financer leur économie. Par exemple, l’accroissement attendu de l’offre iranienne, la régression de la demande américaine, suite au développement du gaz et du pétrole dits de schiste. L’existence de stocks trop importants. Selon Chehat, la chute du prix des hydrocarbures entraîne : une forte régression des recettes budgétaires de l’État. La mise en cause du financement de l’économie nationale à court et moyen terme, financement qui s’appuie principalement sur les dépenses publiques. Elle met à nu l’effet dévastateur de l’absence de diversification de l’économie. Dans ce contexte, l’Algérie ne peut pas accroître suffisamment sa production et ses exportations pour réduire l’impact de la baisse du cours mondial parce que la consommation intérieure a fortement augmenté et continuera d’augmenter. à cet effet, il faudra donc s’efforcer de réduire et de rationaliser les dépenses publiques. Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire dans son ensemble contribue de façon importante à la formation du Produit intérieur brut national (10%) et il a connu des taux de croissance relativement élevés de la plupart de ses éléments. Mais, le secteur est encore très fragile et ses perspectives de développement restent tributaires de sa capacité à améliorer sa productivité, sa compétitivité et à s’adapter à l’instabilité des prix sur le marché international. Or, le marché international des denrées alimentaires a, lui aussi, connu une baisse des cours (-11%) qui risque de durer. La souveraineté alimentaire doit se traduire par une minimisation des importations en calories et en protéines mais en assurant une exploitation rationnelle et durable des ressources (sol et eau en particulier), protégeant la biodiversité végétale et animale. Ceci met en valeur les atouts spécifiques à chaque territoire. Par conséquent, ces objectifs peuvent être concrétisés en mobilisant les capacités d’investissement du secteur privé.
Lazreg Aounallah

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