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Abdelaziz Medjahed, général-major à la retraite explique le remaniement de l’ANP : «un choix symbolique pour passer le flambeau»

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Intervenu, hier, au Forum du journal arabophone «El Wasat», Abdelaziz Medjahed, général-major à la retraite, s’est exprimé sur la situation sécuritaire qui prévaut dans le monde, avant d’aborder la question sur le plan interne. Le haut gradé de l’ANP est revenu également sur le dernier remaniement opéré au sein de l’institution militaire. Contexte oblige, la dégradation de la sécurité mondiale due à la recrudescence des actes terroristes à l’échelle internationale a été au centre de l’analyste militaire et politique. Pour comprendre le phénomène du terrorisme international, l’orateur a expliqué sa démarche «objective» qui consiste d’abord selon lui, à cerner et à analyser la question en dehors de ce qui se rapporte dans le paysage médiatique pour ne pas tomber sous son influence, sachant, a-t-il précisé qu’il est sous la dominance des puissances occidentales. Il a cité l’exemple de ce qu’il considère des «empires médiatiques» basés au Etats-Unis, en Israël, en France ainsi qu’en Arabie saoudite, qui représentent des supports propagandistes pour ces pays. «L’information est l’arme stratégique de la fin du 20e siècle. Les USA ont pris conscience de ce facteur important dans la formation de l’opinion publique», a-t-il indiqué. Pour lui donc, aucun doute, ce sont les puissances occidentales qui sont derrière, et la création et le financement des organisations de l’hydre subversive, à leur tête Daech (Etat islamique), en vue d’instaurer l’ordre établi et d’avoir main basse sur les richesses des pays arabes. Au final, ce sont les mêmes responsables que l’on retrouve au devant de la scène pour combattre le phénomène, a-t-il ajouté. L’ex-directeur de l’Académie militaire interarmes de Cherchell a affirmé qu’il s’agit là d’un impérialisme occidental qui agit derrière le terrorisme pour la sauvegarde de ses intérêts dans cette région en plein effervescence, a-t-il dit aux journalistes. De la guerre du Vietnam en passant par celle du Golfe pour arriver aux révolutions dites «printemps arabe», pour lui, l’occident n’a pas changé de stratégie machiavélique pour garder ses intérêts. Revenant à la question du terrorisme qui sévit dans le monde entier, l’officier supérieur de l’ANP relève une certaine «hypocrisie» dans la manière de considérer le terrorisme. En effet, il a expliqué que lorsque les éléments armés commettent un attentat à l’intérieur des pays européens, ils sont désignés sous le nom de «terroristes», alors qu’ils sont appelés «djihadistes» (combattants, Ndlr) dès lors qu’ils opèrent en dehors de leurs territoires et de leurs intérêts qui vont avec, a-t-il indiqué. Pour les mêmes objectifs «économiques», l’ex-responsable militaire a rappelé que la constitution de l’alliance internationale anti-terroriste s’est constituée lorsque les intérêts des Etats-Unis étaient menacés en Irak, à Erbil (Nord de l’Irak, Ndlr). Il a expliqué que ce pays détient des investissements pétroliers d’environ 2000 milliards de dollars dans cette région hyper-riche. Ce sont donc les quelques arguments parmi d’autres mis en avant par l’orateur pour conclure que l’Occident ne fait face au terrorisme que lorsqu’il touche à ses avantages dans cette région, et il n’intervient que d’une manière « ciblée et sélective», qu’il assimile à un cheval de Troie. Pour arriver à ses objectifs, l’Occident s’est appuyé sur ses «alliés» parmi les pays du Golfe et Israël, a expliqué l’officier supérieur, non sans accuser ces «partenaires» d’œuvrer pour les intérêts américains. Plus explicite encore, le même orateur a indiqué que les systèmes politiques des pays en question sont l’œuvre des «impérialistes». «Le système saoudien aussi bien d’ailleurs  que celui d’Israël sont mis en place en 1947», a révélé celui qui était parmi les unités militaires envoyées par l’Algérie en Égypte lors de la Guerre des Six Jours, en 1973, pour l’offensive contre Israël. Voila donc en quelques exemples ce qui fait selon l’orateur, une stratégie impérialiste qui en dévoile au grand jour les velléités de l’Occident. Il a aussi rappelé la création de «Safari Club», qui n’est autre qu’une association des services secrets d’Israël, de l’Arabie saoudite, des USA, de la France…à des fins, a-t-il ajouté.

«L’algérien doit assumer sa citoyenneté»
Même si l’histoire à elle seule a attesté de cet état de fait, le général-major à la retraite depuis 2008 a regretté «le silence des intellectuels, des politiques et la mue observée chez l’opinion publique en général, à l’exception près de deux éminents penseurs algériens, qui ne sont autres que Malek Bennabi et Mohammed Arkoun». Selon lui, ces deux visionnaires algériens émérites ont été on ne peut plus clairs dans leurs analyses. Pour le premier il lui a attribué les concepts portant sur «l’héritage assassin» et «l’importé empoisonné», alors que le second a parlé de «l’ignorance consacrée» et «l’ignorance sacrée», pour reprendre le conférencier. Des reflexes qui ont suscité les questionnements de Medjahed qui s’est demandé «aujourd’hui on est dans une situation de confusion. Qui est l’ennemi et qui est l’ami ?», s’est-il interrogé, notamment, pour évoquer la situation sécuritaire interne de l’Algérie par rapport au reste du monde. Dans la même foulée, il a relevé un discours médiatique unidirectionnel, en précisant encore que les médias n’ont jamais cherché à aller dans les racines du terrorisme, notamment sous l’ère Daesh. «Personne n’a levé le doigt pour dire encore moins soutenir l’idée que cette organisation s’est érigée contre l’Islam», s’est offusqué le même conférencier. Là encore, l’officier algérien a assuré que l’autre arme du 21e siècle utilisée par l’Occident après l’information est « la religion », instrumentalisée selon lui, aux mêmes fins précédemment évoquées. Même s’il ne s’est pas trop étalé sur la situation sécuritaire interne, Medjahed a esquissé l’essentiel de sa lecture. Pour lui, tant que l’Algérie n’a pas distingué ses ennemis de ses amis, en informant suffissamment l’opinion publique autour de ça, difficile de se cerner la question, sachant que le haut responsable militaire a prôné dès le départ une approche globale de la question. Ce dont il était certain, c’est que l’Algérie a toujours été à l’avant-garde et ses positions fermes qui ont fait la ligne droite de sa politique étrangère, lui ont souvent valu les attaques de ceux qui ont tenté en vain de la faire fléchir et la soumettre devant l’ordre établi de l’impérialisme, a-t-il entendu dire. Effleurant de peu la situation politique du pays, le conférencier n’a plus ni moins soutenu l’idée, que la responsabilité est partagée et que pour parvenir à équilibrer la situation, tout le monde doit s’impliquer. «Que chacun de nous fasse le travail qui lui échoit», voici donc la petite philosophie du haut gradé de l’armée. D’ailleurs, même en parlant de la crise à Ghardaïa, il a soutenu la même idée, selon laquelle, «les Algériens doivent remplir leur devoir de citoyen, avant d’aspirer aux droits», a-t-il soutenu. Interrogé à donner sa lecture sur le dernier remaniement effectué au sein de l’Institution militaire, le général-major a décortiqué la question sous deux volets. D’abord, il a tenu à préciser que ce mouvement opéré au sein de plusieurs corps militaires, n’est qu’une décision «normale et naturelle». Il a précisé qu’étant à la tête de la garde républicaine depuis une dizaine d’années, le remplacement d’Ahmed Moulay par Ben Ali Ben Ali, est des plus «judicieux». En effet, il a rappelé comme pour illustrer ses propos qu’en juillet dernier, deux généraux de corps d’armée (Ben Ali Ben Ali et Ahmed Boustila, Ndlr), 14 généraux-majors et 74 généraux ont été promus. En ces sens il a précisé que pour les deux premiers, l’un s’est avéré être le plus ancien officier de l’ALN alors que l’autre est le plus ancien officier de l’ANP, ce qu’il estime être un choix dicté par l’aspect symbolique et le besoin de passage du flambeau, comme cela est de tradition au sein de l’institution militaire, a-t-il souligné. Sur une autre question ayant trait à la communication au sein de l’ANP, Medjahed a estimé que le défaut relevé en la matière n’est pas l’apanage de l’institution militaire, même s’il a estimé qu’il y’a suffisamment de communication en interne beaucoup plus qu’elle l’est en externe chez l’ANP. Pour lui, il s’agit d’une «question de culture».
Farid Guellil

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