Invité au Forum du Courrier d’Algérie, hier, Benkherouf M’hamed le président de l’Alliance internationale des Compétences algériennes établies à l’étranger, a fait un large survol sur le phénomène de l’émigration clandestine qui a connue ces dernières semaines un pic reflétant le malaise et le mal-être de notre jeunesse. Ce rythme, selon Benkherouf, demeure ‘’très préoccupant‘’ et cette ‘’accélération doit être prise très au sérieux‘’.
D’ailleurs, cette assertion se voit confortée par la réalité tragique mise en avance par la récente tragédie des jeunes harraga, originaires de la commune de Rais Hamidou, de ceux de Meissonnier et de Bab El Oued, qui se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, au large de la mer méditerranéenne très agitée du fait des conditions climatiques. En effet, l’invité de ce lundi, s’est repenché sur cette tragédie, pour estimer qu’‘’elle doit agir comme une mise en garde pour les candidats désirant s’aventurer sur les routes de l’émigration clandestine, et qui se disent que «le risque en vaut la peine !»’’.
Ainsi, ce spécialiste des questions liées à la migration clandestine, souligne par sa qualité d’expert en la matière que ‘’la traversée périlleuse, demeure le premier défi qui attend les Harraga ayant l’impression que les destinations européennes sont des paradis ‘’.
Pour être plus convaincant, il s’appuie sur les expériences de la diaspora algérienne ayant réussi à rejoindre le pays de l’hexagone et affirme que ‘’l’autre rive n’est pas le paradis contrairement à ce qui se commercialise à travers les médias occidentaux et les réseaux sociaux».
Il déclare, dans ce contexte, que «les idées reçues portant que nous vivons dans l’enfer et que l’autre rive de la méditerranée c’est le paradis, sont fausses».
La raison ?
À cette question Benkherouf, avance que «le sort des harraga tient dans d’autres épreuves devant être relevées avec beaucoup de peine, si, par miracle, ils arrivent à rejoindre les plages européennes». D’un ton de voix triste, l’interlocuteur souligne qu’«il faudra aller voir de ses propres yeux les cimetières des harraga en Espagne, en France et en Italie. Les cadavres de nos jeunes sont enterrés anonymement !».
Évoquant le volet du traitement que réservent les autorités européennes aux clandestins, BenKherouf, indique qu’à leur arrivée sur l’autre rive, c’est un autre calvaire qui commence pour nos jeunes. Les harraga sont systématiquement emprisonnés dans des centres de concentration. Là-bas, les conditions de leur détention laissent à désirer».
Poursuivant, il dira qu’«après avoir été identifiés par les services consulaires, ils risqueront d’être expulsés. Si c’est le cas, une fois rapatriés vers l’Algérie, les harraga encourent un autre risque, depuis l’adoption de la loi criminalisant l’émigration clandestine : La prison».
Et comment vivent ceux qui sont relâchés : «Ils doivent vivre cachés et rester en état de fuite permanente pour échapper aux contrôles des autorités de police», répond notre interlocuteur avant d’ajouter qu’ «Ils sont aussi exploités et mal vus par la société européenne».
Enfin, il témoigne avoir rencontré beaucoup de cas «dont les propos donnent des sueurs froides ! Ils sont déçus et se retrouvent coincés dans cette impasse. Âgés, sans papiers, sans situation mais leur sale temps, ne leur permet pas de revenir en Algérie ! », a-t-il conclu.
Mohamed Amrouni