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Yémen : enquête ouverte après des raids meurtriers contre un hôpital

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Cette attaque a touché un hôpital où intervient Médecins sans frontières (MSF), tuant 11 personnes. Une vingtaine de personnes ont également été blessées.

La coalition arabe sous commandement saoudien engagée au Yémen a lancé une enquête « indépendante » après la vive indignation provoquée par un raid aérien meurtrier contre un hôpital ayant fait 11 morts, selon Médecins sans frontières (MSF). D’après MSF, une vingtaine de personnes ont également été blessées dans ces raids menés lundi contre l’hôpital d’Abs, dans la province rebelle de Hajja (nord). L’ONG, qui intervient dans l’établissement, a annoncé qu’un membre de son personnel avait été tué dans les frappes.
Les raids de lundi ont eu lieu dans une zone du Nord contrôlée par les rebelles houthis qui, alliés avec des soldats restés fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, se disputent le pouvoir avec le président Abd Rabbo Mansour Hadi depuis 2014. En mars 2015, Riyad a pris la tête d’une coalition qui frappe les positions des houthis, maîtres de la capitale Sanaa et d’autres régions du pays. Ces raids se sont intensifiés début août après l’échec des négociations de paix sous l’égide de l’ONU qui se tenaient depuis trois mois au Koweït.
C’est la quatrième fois en moins d’un an qu’un site de MSF est la cible d’une attaque au Yémen, déplore l’organisation. « Une fois encore, un hôpital pleinement opérationnel rempli de patients et de personnel national et international de MSF a été bombardé au cours d’une guerre qui ne montre aucun respect pour les structures médicales et les patients », a déclaré Teresa Sancristoval, responsable de l’ONG pour les opérations d’urgence au Yémen. MSF a par ailleurs souligné avoir « plusieurs fois partagé la localisation GPS de l’hôpital avec les belligérants du conflit, y compris la coalition conduite par l’Arabie saoudite. » « Sa localisation était bien connue », insiste-t-elle.

« Acte lamentable »
Les États-Unis, alliés-clés de l’Arabie saoudite, ont exprimé leur inquiétude concernant ces informations. Cette attaque intervient de surcroît 48 heures après le bombardement d’une école dans la province de Saada, une autre région du Nord aux mains des rebelles, qui a tué dix enfants, toujours selon MSF. « Les frappes contre des installations humanitaires, dont des hôpitaux, sont particulièrement inquiétantes », a souligné la porte-parole du Département d’État Elizabeth Trudeau.
De son côté, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a condamné ces frappes, soulignant que les différents belligérants au Yémen « ont endommagé ou détruit plus de 70 centres de santé », selon un communiqué de son porte-parole. « Toute attaque contre les hôpitaux, le personnel médical ou des civils (…) est une grave violation du droit humanitaire international », poursuit le communiqué, ajoutant que de telles attaques doivent faire l’objet d’une enquête « rapide, efficace et indépendante ».
L’ONG Amnesty International a, elle, dénoncé un « acte lamentable », « le dernier d’une série d’attaques illégales visant des hôpitaux et soulignant (…) un mépris pour la vie des civils. » Accusée régulièrement de « bavures » contre des civils et notamment contre des enfants, la coalition a mis sur pied une équipe d’investigation. L’Équipe d’évaluation des incidents, qui regroupe des enquêteurs membres des pays de cette coalition arabe, avait reconnu début août des « manquements » au droit humanitaire dans deux bombardements en 2015, dont l’un contre un hôpital géré par MSF dans le nord. La coalition accusait des houthis de s’y cacher.

Les rebelles appellent l’ONU à enquêter
Lundi soir, l’Équipe d’investigation a dit être « au courant des informations sur un raid aérien contre un hôpital à Hajja (…) et a de toute urgence lancé une enquête indépendante ». Après avoir obtenu « plus d’informations de la part de MSF », l’Équipe annoncera ses conclusions, a-t-elle ajouté dans un communiqué relayé par l’agence de presse officielle saoudienne (SPA). Le même jour, la coalition arabe avait déjà annoncé l’ouverture d’une enquête sur le bombardement d’une école de la province de Saada. Mais elle a nié avoir ciblé l’établissement, affirmant que ses avions visaient un centre d’entraînement où les rebelles entraînaient des enfants au combat.
Un « Conseil supérieur », récemment créé par les rebelles pour gouverner le pays ravagé par la guerre, a appelé l’ONU à former « un comité indépendant pour enquêter » sur les « crimes » de la coalition et « punir leurs responsables », selon le site des rebelles Sabanews. Les raids aériens ont repris à Sanaa le 9 août, trois jours après l’échec des pourparlers de paix au Koweït entre rebelles et pouvoir dont les positions demeurent irréconciliables. Depuis 2015, cette guerre a fait plus de 6 400 morts et 30 000 blessés, dont de nombreux civils.

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