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SOS : Ghardaïa agonise !

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Les pouvoirs publics, demeurés sourds aux divers appels à l’aide, lesquels montraient clairement du doigt la source du mal, ont enfin décidé de prendre le taureau par les cornes en investissant le quartier Hadj-Messaoud, véritable nid de dealers et de voyous de tous poil. Quoique intervenue tardivement, cette descente s’est soldée par des dizaines d’arrestations, mais hélas sur fond d’une violence inouïe, à la suite de laquelle on déplore trois morts ainsi qu’un nombre indéterminé de blessés. La wilaya de Ghardaïa, qui a encore une fois plongé dans une vague de violence particulièrement destructrice et meurtrière depuis mercredi soir, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Dans la soirée de samedi, et jusqu’aux premières heures de la matinée de la journée d’hier, un imposant dispositif sécuritaire a investi le quartier de Hadj Messaoud, chose qu’il aurait fallu faire bien avant que les premiers affrontements de décembre n’éclatent, et que la situation n’atteigne l’état de pourrissement dans lequel elle se trouve présentement. Lors de notre reportage effectué sur les lieux, des dizaines de témoignages nous ont permis de confirmer que l’attention des autorités locales avait été maintes fois attirée sur le fait que ce quartier a été transformé en un véritable nid pour la délinquance et le crime organisé. Et c’est en voulant y mettre bon ordre par eux-mêmes, excédés qu’ils étaient par tous les dépassements et toutes les provocations vécus au quotidien, que la communauté mozabite s’est trouvée plongée au fond d’un gouffre fait de haine, de violence, de règlements de compte et d’incertitudes. C’est en effet à partir de ce quartier que les violences de cette fin de semaine ont également éclaté. En voulant (enfin) investir ce quartier, les forces de sécurité se sont tout naturellement vues confrontées à une farouche résistance. Les voyous qui écument ce quartier, avaient préparé de longue date leurs méfaits, comme on a pu l’apprendre par plusieurs sources jointes hier par téléphone. Les forces de sécurité ont donc été «accueillies» à l’aide de cocktails Molotov, de jets de pierres, et de lancers de ronds à bétons découpés, se transformant en de véritables et mortelles balles. La violence de ces affrontements, qui ont duré pendant toute la nuit de samedi à dimanche, a certainement été très forte, indiquent encore nos sources, qui disent aussi avoir entendu des dizaines d’explosions, mais aussi des tirs de grenades lacrymogènes ainsi que de balles en caoutchouc. Le bilan de ces affrontements, hélas, est très lourd. À côté des dizaines de personnes interpellées, on compte en effet trois décès, mais aussi plusieurs blessés, dont le nombre n’est pas encore déterminé, étant entendu que la situation, hier, jusqu’à l’heure où nous mettions sous presse demeurait particulièrement tendue, mais aussi très confuse. Les trois victimes, âgées d’une trentaine d’années ont été atteintes par des objets ferreux contondants. Deux ont succombé sur les lieux des échauffourées entre groupes de jeunes prés du quartier de Hadj Messaoud tandis que la troisième victime a succombé à ses blessures à l’Hôpital Trichine de Ghardaïa, précise la même source. Un blessé touché également dans ces heurts en début de soirée est actuellement dans un état critique et admis dans le bloc opératoire où son pronostic vital est engagé, selon la même source. Il semble donc que ces victimes aient été touchées par des bouts de ronds à béton tirés à l’aide de frondes et dont la vitesse les transforme en de véritables balles d’armes à feu.

Le Premier ministre par intérim sur les lieux
C’est à la suite de cette très inquiétante escalade, alors qu’un seul mois nous sépare encore de l’élection présidentielle, que plusieurs hauts responsables se sont rendus hier à Ghardaïa. Nous apprenons en effet que le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, s’est déplacé ce samedi tard dans la soirée à Ghardaïa pour s’enquérir sur place de l’évolution de la situation et prendre des mesures appropriées pour mettre fin aux douloureux évènements que connaît la ville. M. Yousfi est accompagné dans cette visite du ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Tayeb Belaiz, ainsi que du commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Bousteila, et du représentant du directeur général de la Sûreté nationale. Le ministre de l’Intérieur, a-t-on pu apprendre de sources locales concordantes, devait annoncer de nouvelles mesures afin de tenter de calmer la tension et d’instaurer de nouveau la quiétude et la sécurité dans une wilaya où les commerçants ont de nouveau fermé boutiques, les écoliers déserté les bancs de classe et les administrations cessé tout simplement de fonctionner.
Dans le même temps, nous apprenons qu’une imposante marche de la population de différents quartiers de Ghardaia pour «dénoncer les crimes perpétrés lors des échauffourées de samedi», a été organisée dimanche matin sur les principales artères de la ville. Les marcheurs ont convergé devant le siège de la wilaya, où ils ont observé un sit-in, en scandant des slogans appelant à la justice et à «l’application de la loi à l’encontre des criminels à l’origine des troubles qui secouent la ville». Des représentants de ces manifestants ont été reçus par le Premier ministre par intérim, qui a écouté leurs doléances, notamment «l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités de chacun et le règlement durable de cette situation conflictuelle». Il a promis «l’ouverture d’une enquête immédiate pour déterminer les responsabilités et l’application de la loi ainsi que la poursuite des actions de développement, aussitôt l’ordre rétabli». Yousfi a, en outre, affirmé que l’État «contribuera à la réhabilitation des biens endommagés lors de ces évènements et à atténuer ainsi la souffrance des citoyens touchés». «Des membres du gouvernement, concernés par les différents secteurs de développement, seront amenés à se déplacer sur le terrain à partir de la semaine prochaine pour déterminer les actions à entreprendre en priorité en matière de développement durable de la région», a-t-il ajouté.

Dégâts matériels considérables
Pas moins de 64 locaux à caractère commercial et d’habitation, et 11 véhicules ont été saccagés, pillés puis incendiés dans de violents affrontements qui opposent depuis jeudi des groupes de jeunes à Ghardaïa, selon un communiqué des services de la wilaya, dont nous avons obtenu hier une copie. 19 personnes présumées impliquées dans ces affrontements et actes de vandalisme et de pillage qui ont touché les différents quartiers des communes de Ghardaïa et de Bounoura ont été interpellées par les forces de l’ordre en flagrant délit, précise le même communiqué. «Pas moins de 70 personnes blessées par jets de pierres et autres projectiles au cours de ces affrontements, dont 24 policiers, ont reçu les soins nécessaires aux urgences de l’hôpital de Ghardaïa et à la clinique privé «Oasis», a indiqué pour sa part une source hospitalière. «Huit personnes dans un état jugé très grave ont été hospitalisées, dont quatre brûlées et défigurées au vitriol et autres produits acides», a précisé la même source médicale. «Plusieurs agents de la protection civile ont reçu des projectiles au cours de l’exercice de leur noble fonction, et souffrent de gènes respiratoires suite aux gaz carboniques dégagés par les produits incendiés», signale-t-on. S’exprimant samedi après midi dans un point de presse, le wali de Ghardaïa, Mahmoud Djemaa, a condamné ces événements regrettables déclenchés par des groupes de jeunes extrémistes » tout en appelant à «la sagesse et à la retenue de l’ensemble des habitants de la région pour mettre fin à ces affrontements sans objectifs et qui entravent le développement de la région».
Kamel Zaïdi

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