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Péril à l’horizon

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Par Mohamed Abdoun

Certes, il n’est pas possible de savoir quel crédit exact accorder au Centre de recherche et d’analyse «Economist Intelligence Unit». Cela ne devrait quand même pas nous pousser à nous méfier des prévisions très pessimistes qu’il vient de publier concernant de sombres perspectives qui attendraient l’Algérie en 2014. Selon ce centre, en effet, l’année à venir pourrait bien être celle d’un embrasement social généralisé. Ces sombres perspectives ne s’arrêtent d’ailleurs pas qu’à l’Algérie, puisqu’elles sont généralisées à tous les États du Maghreb. Il va sans dire que chaque État de cette sous-région jouit de ses propres potentialités et fait face à des contraintes spécifiques. Il n’est pas question, ici, de nous appesantir sur la montée en flèche du terrorisme en Tunisie avec la chute drastique du tourisme qui l’a accompagnée ; non plus sur l’instabilité chronique dans laquelle a basculé la Libye, faisant planer des risques majeurs sur les pays limitrophes ; ni même sur les fausses réformes du souverain marocain, lequel n’a fait que retarder une échéance désormais inéluctable pour lui, celle du soulèvement prochain d’un peuple saigné à blanc par un Makhzen aveuglé par sa cupidité. Il ne sera question ici que de l’Algérie. Un pays qui, en dépit des centaines de milliards dépensés dans des plans de développement quinquennaux successifs, n’arrive toujours pas à se doter d’une industrie conséquente et concurrentielle. Un pareil constat, à la longue, s’avère être carrément alarmant et dramatique. L’Algérie vit toujours sous l’épée de Damoclès d’une économie rentière. Celle-ci est quasi exclusivement basée sur les revenus pétroliers et cette politique effrénée de l’import-import. Celle-ci ne fait pas qu’enrichir outrageusement toute une faune de barons des containers qui, en échange, n’apportent rien à l’économie algérienne, ni ne créent aucun emploi durable ou valeur ajoutée de quelque nature qu’elle soit. Sa persistance, comme déjà signalé dans ces mêmes colonnes maintes fois, a servi surtout à précipiter le pays droit dans le mur. Pour s’en convaincre, il suffit juste de relever ici que la balance des paiements a été déficitaire pour la première fois depuis de nombreuses années. Il ne pouvait, du reste, pas en être autrement étant entendu que si la facture des importations est en continuelle hausse (une preuve de plus de l’échec du plan de relance industriel et du fait que l’Algérie ne produit presque rien de ce qu’elle consomme), celle des recettes pétrolières, elle, a connu une baisse notable, hélas, appelée à s’accentuer durant les mois et années à venir. L’Algérie, qui vit au-dessus de ses moyens depuis force années, ne peut plus se le permettre. Même les augmentations salariales irréfléchies et immodérées consenties dans le secteur public ont généré une inflation qui n’a fait que «flamber» le coût de la vie. La paix sociale a un prix? Cela va de soi. L’Algérie y a mis les moyens. Or, elle a fait montre d’une courte-vue dont nous commençons aujourd’hui à ressentir les conséquences. Il est encore possible de redresser la barre, mais le temps presse de plus en plus. Bientôt, très bientôt, il sera déjà trop tard…
M. A.

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