Après plusieurs semaines de marches et de mobilisation citoyenne, l’annonce d’une «conférence nationale inclusive» destinée à calmer la colère des manifestants, ne convainc pas l’opposition, dont le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune. Le parti trotskiste a ainsi déploré «un putsch contre la légitimité populaire » aspirant à «un changement radical du système», estimant que le pouvoir veut s’offrir, à travers cette conférence, des interlocuteurs issus des partis de l’Allégeance. «La conférence nationale sera composée de personnalités issues du FLN et du RND et les autres partis de l’Allégeance d’une manière générale et ce dans l’objectif d’éviter la disparition du système très contesté», a indiqué Louisa Hanoune, lors d’une réunion, hier, du bureau national de la commission des étudiants du PT. La SG du PT considère également que l’instauration d’une période de transition pourrait être «un danger» pour le pays, pointant «des expériences similaires dans certains pays africains», notant que «certaines ont très perduré dans le temps» et d’autres ont été «sources de guerres civiles». Hanoune a constaté que «toutes ces expériences» de transition ont «été supervisées par des pays étrangers ou mises sous l’égide de l’ONU». Par contre, Hanoune a salué la constitution de Comités estudiantins populaires au sein des universités et institutions de l’Enseignement supérieur dans le pays où «des débats sont entamés entre les étudiants sur l’avenir de leur processus révolutionnaire et leurs revendications».
Elle a plaidé ainsi en faveur de la généralisation de l’idée de « Comité populaire» pour atteindre les travailleurs, les enseignants, les médecins, les chômeurs, y compris même les corps de sécurité, afin de «pouvoir s’exprimer prochainement sur leur avenir ». Hanoune a accusé les partis FLN et RND, suite aux récentes sorties médiatiques de leurs chefs respectifs, de chercher un repositionnement sur l’échiquier politique, en réponse à une question sur les raisons du renoncement de ces partis à leur soutien au président Bouteflika et d’adhérer ensuite à la mobilisation populaire. «Ces partis (FLN et RND) se cherchent un repositionnement dans le processus post-révolutionnaire afin de sauvegarder leurs intérêts, comme ils ont déjà soutenu la continuité pour s’assurer la poursuite de la dilapidation», a mis en garde Hanoune. Elle a prévenu aussi que «les appels pour réformer le système et de ne pas le laisser couler» ne sont que des «manœuvres pour semer la peur et de jeter plus d’opacité sur la scène politique», mais, estime Hanoune, «la majorité est consciente » et doit s’accrocher à sa demande d’en finir définitivement avec ce système en place.
Exposant sa vision sur le modèle de gouvernance qui sied le plus à l’Algérie, Hanoune a disserté longuement en faveur d’un «régime parlementaire», avec un parlement unicaméral, élu démocratiquement par le peuple, et qui élira, de son côté, le président de la République, dont les prérogatives seront très limitées.
Hamid Mecheri