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Le problème suppose également « une fore influence politique » : « Dans 2 ou 3 ans, le courant des frères musulmans serait le plus fort en Algérie »

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Le courant salafiste serait-il encore plus puissant et en forte expansion en Algérie pour les prochaines années à venir ? La réponse pourrait être des plus évidente pour certains. Ces dernières années, et dans de multiples régions du pays, l’islamisme salafiste a connu un essor sans précédent dans le paysage des pratiques religieuses des algériens. Cependant, des islamologues et observateurs pensent tout à fait le contraire. Bouzid Boumediene, islamologue, chercheur en théologie et philosophie et secrétaire général du Haut conseil islamique (HCI), estime que le courant de la confrérie musulmane serait le plus dominant et en expansion en Algérie. « Dans 2 ou 3 ans, les frères musulmans seront les plus puissants en Algérie », a-t-il indiqué hier au Forum du Courrier d’Algérie. Il fonde ainsi ses conclusions sur plusieurs éléments sociétales et aussi des faits logiques. Cela est plus perceptible dans la polémique de ces derniers jours entre la référence et représentant de salafisme en Algérie, cheikh Ferkous, et les frères musulmans et les wahhabites, les accusant d’être «hors de la Sunna et El Djamaâa», donc sans aucune légitimité religieuse correcte. « Ces manifestations de conflit entre un courant contre un autre n’était pas visible auparavant. Personne n’a usé contredire Cheikh Ferkous quand il a proféré de telles accusations contre d’autres courants. Cette polémique et les attaques de Guessoum, de l’association des Oulémas musulmans algériens, contre Ferkous ont été remises au jour par les frères musulmans qui ne se sont pas senti menacé. Cela commence à se manifester petit à petit», explique Boumediene. Pour ce chercheur et ex-cadre dans le ministère des Affaires religieuses, les œuvres de charités, les fondations de bienfaisance et d’aides ont permi leur enracinement et leur expansion dans la population à travers la prise en charge des conditions socio-économiques des habitants. Cela suppose forcément une influence politique, soutien Boumediene. «Beaucoup de choses vont changer après 2019», tranche-il. Cela serait-il à la manière de la déferlante de salafisme islamiste dans les années 90 ? «Les partis politiques islamistes dans leur approche aujourd’hui ne sont pas une menace pour l’Algérie. La menace vient quand ces structures sont souterraines et activent secrètement. J’ai vu les échos du dernier congrès du MSP et la manière dont Makri a été réélu. Ça été en toute démocratie. Les partis politiques dans leurs structures actuelles ne sont pas une menace. Makri, Soltani et les autres ne sont pas une menace pour l’Algérie», a-t-il défendu. Sur les raisons qui ont favorisé l’expansion de la doctrine salafiste dans les milieux de la société algérienne, Boumediene estime que « cela est dû, en partie, à notre complexe selon lequel tous ce qui est de l’Orient est la religion juste », donc «l’influence de l’étranger est encore plus fort ». «Dans un sondage réalisé par le CRASC – Centre des recherches en anthropologie sociale et culturelle – sur les personnalités religieuses qui influent le plus sur les jeunes algériens, on a trouvé que le premier prédicateur algériens, Kamel Bouzidi, n’occupait que la septième position et les autres au-dessus sont tous du Moyen-Orient. Certes, ces résultats ne sont pas exhaustives car le sondage est mené uniquement dans les universités d’Oran et de Ghardaïa, mais les éléments sont révélateurs», a-t-il expliqué. Les institutions nationales censées dispenser des formations dans la religion ont des budgets faibles, fait savoir Boumediene, alors que les prédicateurs dans les pays du Golf et de Moyen-Orient bénéficient de moyens financiers et techniques, des médias et des nouvelles technologies. D’autres éléments sont aussi à mettre en cause, selon le même interlocuteur, comme l’absence d’un cahier de charges sur les associations religieuses, d’autres qui font venir des prédicateurs du moyen orient sous couvert d’association culturelle et aussi l’anarchie dans l’entrée des livres religieux parfois très extrémistes dans le pays sans censure du ministère des Affaires religieuses. Par contre, Boumediene a montré une opposition à la question de désigner un mufti de la république. «Un mufti est l’équivalent du ministre de la Justice. L’Algérie est un État républicain et laïc et un mufti n’est pas compatible avec ces principes. Créer un Mufti, cela veut dire que l’on veut créer une autorité parallèle, une présidence parallèle et un gouvernement parallèle » a-t-il argué.
Hamid Mecheri

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