Accueil ACTUALITÉ La DGSN alerté : la cybercriminalité et les drogues dures en hausse

La DGSN alerté : la cybercriminalité et les drogues dures en hausse

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La cybercriminalité est actuellement l’une des grandes formes de criminalité émergeantes. Elle commence, pas timidement mais sûrement, à talonner la suprématie du terrorisme et du trafic de drogue dans la liste des faits transfrontaliers que les États sont sommés de prévenir pour assurer paix et sécurité. D’autant plus qu’il est plus aisé de franchir la frontière numérique que la frontière terrestre, maritime ou aérienne.

La Direction générale de la Sûreté nationale semble prendre conscience de l’ampleur de cette question. Le directeur de la Police judiciaire, Ferag Ali, y a, lors du Forum de la police (bilan des activités 2015 de la police judiciaire et de la police des frontières), organisé hier à l’École supérieure de la police Ali-Tounsi, souligné les efforts du Directeur général de la Sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel, déployés ces dernières années. Sur le plan de la ressource humaine, premièrement. Un recrutement a été effectué, ces dernières années, pour permettre de prendre en charge, d’une manière effective et efficace, le volet de la cybercriminalité et de la criminalistique tout court, ce dernier étant dévolu à la Police scientifique et technique. Mais le grand accent a été mis sur le volet formation, perfectionnement est le concept qui sied le plus. L’orateur parle de conventions-cadres avec les partenaires de la Police, à rechercher dans le milieu académique et de formation professionnelle, conclues dans ce contexte. L’objectif étant de préparer les nouvelles élites de policiers à parer au danger des technologies de l’information et de la communication sur la stabilité des nations. Les participations de la Dgsn dans les rencontres internationales, comme celle de Singapour, dédiées à ce volet, sont la preuve de l’attachement du pays à faire partie des pays qui luttent âprement contre la cybercriminalité et, surtout, de la considération de l’Algérie par le concert des pays à la pointe de la technologie. Laquelle considération a été surtout renforcée par la présidence du Mécanisme de coopération policière africaine (Afripol), dont le siège est à Ben-Aknoun, réalisé pour une enveloppe financière de 4 millions de dollars. De toute façon, les chiffres en hausse dictent aux « hommes bleus » une vigilance à toute épreuve. Les affaires de cybercriminalité enregistrées durant l’année 2015 ont atteint 640 affaires, dont 228 de résolues, ayant vu l’implication de 298 personnes, soit un taux de résolution de 67%, contre 201 affaires comptabilisées durant l’année 2014, mettant en cause 92 personnes.
La situation se présente ainsi : dans les atteintes au traitement automatisé de données, 39 affaires ont été recensées dont 13 de résolues, soit un taux de 33%, contre 18 affaires enregistrées durant l’année 2014, soit une hausse de 21 affaires. Les menaces par e-mail ont atteint 32 affaires dont 20 de résolues, soit un taux de 63%, contre 25 affaires enregistrées durant l’année 2014, soit une hausse de 07 affaires. Même tendance haussière en ce qui concerne l’escroquerie par internet, où 24 affaires dont 14 élucidées, soit un taux de 58%, contre 04 affaires enregistrées durant l’année 2014, soit une hausse de 20 affaires. L’appui de la police scientifique et technique n’est pas aussi négligeable comme certains tentent de nous le faire croire : il est fait référence à 46 000 examens criminalistiques réalisés en 2015, en exploitant 115 000 échantillons récupérés des différentes scènes du crime. Le bilan fait référence aussi à 1750 expertises d’ADN, 1121 expertises de preuves numériques, 1986 expertises de drogues, 1799 expertises de toxicologie, 1383 expertises de sécurité alimentaire et d’environnement, 2328 expertises de documents, écriture et fausses monnaies, 1092 expertises en balistique, 31135 expertises d’alcoolémie (sécurité routière) et 799 affaires d’incendies et explosions traitées (photos des scènes de crime).
Par ailleurs, l’exploitation du système AFIS ou système d’identification automatisée des empreintes digitales (central et stations) a permis, quant à lui, la résolution de 1479 affaires résolues (+ de 8000 affaires résolues depuis 2011), alors que 137 744 traces latentes d’empreintes ont été intégrées dans le système, concernant 36 483 affaires criminelles, auxquelles on ajoute 1850 fiches Interpol. Le SIRC ou système d’identification et de recherche criminelle a eu à élucider 793 affaires criminelles et à signaler dans différentes affaires pénales, 145 379 personnes.

L’Algérie, un pays pacifiste
En dépit de tout cela, le conférencier demeure confiant et même rassurant : l’Algérie est l’un des pays les plus pacifistes au monde. Il s’en réfère, ici, à l’indice de criminalité, jugé comme l’un des plus bas comparativement à celui de pays plus développés et mieux imprégnés des techniques de la lutte contre la violence urbaine. Il est de l’ordre de 28 infractions pour 100.000 habitants par an, demeurant plus ou moins stable, en dépit qu’il soit passé de 541 à 569 infractions pour 100.000 habitants en 2015, durant les années 2014 et 2015. Par ailleurs, durant l’année 2015, il a été enregistré un volume de 216 522 affaires, dont 140 414 traitées, soit un taux de 64.84%. Le chiffre est en hausse de 5,11% par rapport à l’année 2014, où 205 998 affaires ont été inventoriées. Les affaires liées aux atteintes aux personnes se taillent la part du lion avec 83 700 affaires (un taux de 38,65%), suivies de celles portant atteintes aux biens, avec 80 862 (37,34%). Pour les infractions à la législation des stupéfiants, il est fait référence à 19 095 affaires, les affaires d’atteinte à la chose publique, 18 758 affaires. Le bilan mentionne également 9611 affaires économiques et financières, et 4496 affaires d’atteinte à la famille et aux bonnes mœurs. Il est utile de souligner que le nombre des personnes impliquées est de l’ordre de 188 371 personnes, dont 76 271 personnes ont vu leurs dossiers transmis aux juridictions compétentes. Des six volets d’affaires citées, deux seulement, celles liées aux atteintes contres les personnes et les biens en l’occurrence, ont enregistré une baisse. Ces deux représentent, à elles seules, prés des 80% des affaires traitées.

L’héroïne et la cocaïne en hausse
Apparemment les toxicomanes seraient devenus plus gourmands en matière de consommation de la drogue. Ne se contentant pas sûrement du cannabis, ils ont évolué vers le geste de s’adonner à la cocaïne et l’héroïne, produits qu’on ne connaissait, dans un passé récent, que sur tube cathodique. Les chiffres sont effrayants : 2 594.317 grammes d’héroïne et 1 621.982 grammes de cocaïne en 2015, ce qui est nettement supérieur à 2014, où seulement 341 grammes d’héroïne et 74 grammes de cocaïne ont été saisis. En résine de cannabis, on a fait moins mieux, 41 705 89 kilogrammes de résine de cannabis contre 69 600 Kg, pour les deux années précitées. En psychotropes aussi, 561 390 comprimés contre 433 328. Dans le trafic et commercialisation de la drogue, il a été enregistré durant l’année 2015, 4832 affaires mettant en cause 8447 individus, contre 3459 affaires enregistrées durant l’année 2014 impliquant 5868 individus. Ce qui représente une hausse de l’ordre de 40% dans le nombre d’affaires et de 44% en termes d’individus impliqués.
Zaid Zoheir

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