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Après une longue attente, ils reposeront enfin dans une dignité méritée : L’Algérie nouvelle accueille ses héros

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La célébration de la fête de l’Indépendance et de la Jeunesse sera cette année l’un des moments forts de l’Histoire de la Nation. En plus de commémorer 58 années de l’affranchissement de la colonisation française, à l’issue d’une guerre d’Indépendance longue et meurtrière, l’Algérie rendra hommage à des héros qui ont été les pionniers de la résistance contre l’occupant colonial, à travers le rapatriement de leurs restes mortuaires. Pour fêter le retour posthume de ceux qui furent les pères historiques de la résistance populaire, dont les crânes ont été volés par le colonisateur et conservés au Musée d’histoire naturelle de Paris depuis 1880, trois jours de funérailles et d’hommage sont prévus jusqu’à leur inhumation au cimetière d’El-Alia (Alger) demain, 5 juillet. L’avion militaire (C-130) des forces aériennes de l’ANP, transportant les crânes de 24 résistants algériens à l’invasion de la colonisation française, escorté par des avions de chasse (sukhoï 30), en provenance de la France, a atterri, hier, dans l’après-midi à l’aéroport international Houari-Boumediene à Alger. Dans l’attente des cercueils des résistants algériens, sur le tarmac et à l’entrée du salon d’honneur de l’aéroport international d’Alger, avaient pris place les hauts cadres d’institutions civiles et militaires du pays, à leur tête le président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, Abdelmadjid Tebboune, qui a présidé cette cérémonie. Recouverts de l’emblème national, les cercueils ont été extraits de l’avion et portés par des éléments de l’ANP jusqu’au Salon d’honneur de l’aéroport, où le président Tebboune, mine grave et solennelle devant ces circonstances, et des hauts cadres de la Nation se sont recueillis à leur mémoire.

« L’espoir s’est réalisé après beaucoup de douleurs »
Après avoir récité la Fatiha du Saint Coran et exécuté l’hymne national lors de ce recueillement, le Chef d’état-major de l’ANP, le général-major Saïd Chanegriha, a pris la parole, au nom du président de la République, pour saluer « un moment historique » et « une grande journée » que symbolise « l’accueil des héros qui ont construit la gloire de l’Algérie ». « Les voilà les héros de la Résistance populaire de retour à la terre pour laquelle ils ont sacrifié leurs vies, le drapeau national survolant leurs âmes et corps, volés par le colonisateur français abominable, avant de les exposer dans ses musées pendant plus d’un siècle et demi, pour se vanter, sans scrupule, ni respect, ni aucune considération à la dignité humaine. C’est ici la véritable et monstrueuse face des crimes du colonialisme et ses atrocités », a indiqué Saïd Chanegriha. « En ces circonstances particulières, se mêlent des sentiments de joie, de deuil et de contemplation de ces moments historiques que nous vivons aujourd’hui. L’espoir s’est réalisé après beaucoup de douleurs et les héros sont revenus avec grandeur et honneur pour retrouver leurs compagnons au carré des martyrs sur cette terre bénie, l’Algérie », a-t-il poursuivi.

Hommage populaire
Durant toute la journée d’aujourd’hui, samedi, les cercueils, contenant les restes mortuaires de ces chefs de la Résistance populaire, seront exposés dans le hall du palais de la culture Moufdi-Zakaria pour permettre aux citoyens de se recueillir à leur mémoire et de leur rendre hommage. Le lendemain, dimanche 5 juillet, ils seront inhumés au carré des martyrs à El-Alia, en Algérie, leur terre natale pour laquelle ils ont donné leur vie. Jeudi dernier, lors d’une cérémonie officielle organisée à l’occasion du 58e anniversaire du double anniversaire de l’Indépendance et de la Jeunesse, le président de la République avait annoncé qu’il s’agit d’une première étape de rapatriement des restes mortuaires des résistants algériens, en faisant part de la détermination de l’État de poursuivre cette opération jusqu’au rapatriement de l’ensemble des restes des résistants algériens, pour qu’ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés. Les crânes de nombreux résistants algériens se trouvent au Musée d’histoire naturelle de Paris. Ils appartiennent notamment à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, qui a mené une insurrection populaire dans la région du Djurdjura, en Kabylie, au Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zâatcha (région de Biskra en 1849), à Moussa El-Derkaoui, son conseiller militaire, et à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. La tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla, et le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Émir Abdelkader, y sont également conservés. Lors du siège des Zâatcha (30 km au sud-ouest de Biskra), les résistants algériens du cheikh Bouziane s’étaient opposés aux troupes de la colonisation française du général Emile Herbillonet. Le siège s’était terminé par l’extermination de la population de l’oasis. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Tayeb Zitouni, avait déclaré en janvier 2019 qu’« à ce jour, 31 crânes ont été déjà identifiés et l’opération se poursuit ». La restitution des crânes de ces résistants avait fait l’objet d’une demande officielle de l’Algérie à la France et la question avait été soulevée lors d’entretiens entre les plus hautes autorités des deux pays. Une commission technique composée d’experts algériens avait été mise en place pour procéder à l’identification des crânes de ces résistants algériens. Le dossier de restitution des restes et crânes des martyrs de la Résistance populaire contre le colonialisme français, conservés au Musée d’histoire naturelle de Paris, a connu plusieurs étapes, depuis l’éclatement de cette affaire, en 2011, jusqu’à ce que les démarches intenses de l’Algérie aboutissent avec l’annonce, jeudi dernier, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, du rapatriement de 24 restes des chefs de la Résistance populaire et de leur compagnons.

« Un sentiment de fierté »
La restitution des crânes des résistants algériens à l’invasion et la colonisation françaises, conservés depuis plus d’un siècle et demi au Musée d’histoire naturelle de Paris, et dont 24 ont été rapatriés ce vendredi, est un « évènement historique », a affirmé Dahou Ould Kablia, président de l’Association des anciens du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG). « Il y a deux nouvelles qui m’ont réjoui aujourd’hui, c’est que la cérémonie de remise des grades ait eu lieu au Palais du peuple, pour bien montrer la cohésion entre l’Armée et le peuple, et la deuxième est le rapatriement des crânes de valeureux chouhada, du 19 siècle, qui ont été les pionniers de la Résistance contre l’occupant colonial. Cette nouvelle constitue un évènement historique », a-t-il indiqué dans une déclaration à l’APS, en marge d’une cérémonie de remise de grades et de médailles à des officiers de l’ANP, organisée au Palais du peuple.
Il a ajouté que cet évènement revêtait un « sentiment de fierté », ajoutant que par ce geste c’était « la dignité de l’Algérie qui a été recouvrée, c’est à la gloire de la Révolution, de la Résistance, c’est surtout à l’avantage de monsieur le président de la République ».
Pour sa part, Youssef Khatib (colonel Hassan, chef de la wilaya IV historique), a indiqué que l’Algérie avait triomphé du colonialisme français, considérant que sa génération a fait son devoir envers le pays.
Il a estimé, à l’occasion, qu’« on doit transmettre l’Histoire avec un grand H à la jeunesse à laquelle appartient l’avenir ».
Hamid Mecheri

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