Les ministres des Affaires étrangères ukrainien, russe, allemand et français doivent discuter lundi à Berlin de l’opportunité d’un sommet pour l’Ukraine, annoncé pour le 15 janvier au Kazakhstan, sur fond de regain des violences dans l’Est séparatiste prorusse. La chancelière allemande Angela Merkel a souligné dimanche que le sommet d’Astana de mi-janvier n’avait de sens que s’il permettait de réaliser des «progrès concrets», après des entretiens téléphoniques avec les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko. Le président français François Hollande qui devrait également y participer a retrouvé dimanche à l’Élysée Mme Merkel ainsi que le président ukrainien pour discuter pendant un quart d’heure de la crise ukrainienne, mais rien n’a filtré après cet entretien trilatéral. M. Porochenko a annoncé fin décembre le sommet dans ce format dit de Normandie pour le 15 janvier à Astana, la capitale du Kazakhstan, une date qui n’a jamais été confirmée par d’autres protagonistes.
Sommet crucial
Entre-temps, aucun progrès diplomatique ne semble être réalisé en vue de ce sommet alors que les violences meurtrières ont repris depuis quelques jours dans l’est rebelle de l’Ukraine, brisant la dernière trêve conclue le 9 décembre.
Le sommet d’Astana, troisième rendez-vous entre les dirigeants des quatre pays après une brève rencontre en juin en marge des cérémonies pour le Débarquement en Normandie et lors d’un sommet régional à Milan en octobre, serait crucial pour le processus de paix en Ukraine où le conflit dans l’est a fait plus de 4.700 morts en neuf mois. Les diplomates travaillent sur des projets de documents qui pourraient y être signés, ce qui engagerait personnellement Vladimir Poutine qui dément toute implication de la Russie dans ce conflit. Kiev et les Occidentaux accusent en revanche Moscou d’armer la rébellion séparatiste dans l’Est et d’y avoir déployé des troupes régulières, 7.500 soldats à ce jour, selon le ministre ukrainien de la Défense. Après l’annexion de la Crimée en mars et son rôle dans le conflit dans l’Est, la Russie est frappée de sanctions européennes et américaines qui commencent à peser lourd sur son économie et sa monnaie. Le sommet de paix serait crucial tant pour la Russie, qui cherche à obtenir l’allègement des sanctions, que pour l’Ukraine qui n’a pas les moyens de reprendre le contrôle du bassin minier du Donbass dans l’Est par des moyens militaires.
Les seuls accords de paix pour l’est de l’Ukraine ont été conclus en septembre à Minsk entre les rebelles et le Groupe de contact composé de l’ex-président ukrainien Léonid Koutchma, l’ambassadeur de la Russie en Ukraine et une représentante de l’OSCE. Après un entretien téléphonique plutôt infructueux vendredi, les ministres des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkine, russe Sergueï Lavrov, allemand Frank-Walter Steinmeier et français, Laurent Fabius, se retrouvent lundi en fin d’après-midi à Berlin pour tenter de sauver le sommet d’Astana.
Avant de se rendre à Berlin, M. Lavrov reçoit à Moscou son homologue letton Edgars Rinkevics dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne. En visite à Kiev samedi, M. Rinkevics a souligné avoir «de nouvelle idées sur la manière dont l’Union européenne pourrait soutenir l’intégrité territoriale de l’Ukraine» qu’il allait exposer lors d’un Conseil européen le 19 janvier.
Sur le terrain, la situation s’est nettement dégradée ces derniers jours.
A Donetsk, chef-lieu régional et bastion des rebelles, de fortes déflagrations étaient audibles dimanche jusqu’à tard le soir dans tous les quartiers de la ville comme au plus fort des combats cet été.
D’intenses bombardements se sont déroulés autour des ruines de l’aéroport de Donetsk, disputé depuis des mois entre l’armée ukrainienne et les rebelles.