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Sortie de crise au Yémen : L’émissaire onusien à Sanaâ, «progrès» dans les discussions

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L’envoyé de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, poursuivait lundi sa visite à Sanaâ où il aura des discussions avec les éléments du mouvement «Ansarullah» des Houthis, après avoir fait état ces derniers jours de de «signes de désescalade» et de «progrès» dans le processus de règlement de la crise dans le pays.

Arrivé dimanche dans la capitale yéménite, l’émissaire onusien devra, selon des responsables houthis, discuter avec les chefs du mouvement armé en conflit avec le gouvernement légitime yéménite depuis 2014. La crise aurait fait des dizaines de milliers de morts, la plupart des civils, selon diverses organisations humanitaires. La visite de Martin Griffiths à Sanaâ intervient deux jours après son discours au Conseil de sécurité de l’ONU au cours duquel il a mis l’accent sur «les progrès dans les discussions politiques yéménites» en vue de mettre un terme au conflit. Ces progrès, a précisé l’émissaire de l’ONU, devraient servir de catalyseur pour faire rapidement progresser le Yémen vers la résolution du conflit par des moyens politiques». Il faisait référence aux accords de Ryadh et de Stockholm conclus respectivement le 5 novembre 2019 et en décembre 2018. L’Accord de Ryadh a mis fin à des mois de conflits internes entre le gouvernement et les séparatistes du sud du pays dans la ville portuaire d’Aden, alors que le cessez-le-feu dans la ville portuaire de Hodeïda a été largement respecté entre le gouvernement et les Houthis conformément à l’Accord de Stockholm. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait déclaré que l’accord signé sous ses yeux allait «ouvrir une nouvelle période de stabilité au Yémen», et l’émissaire de l’ONU avait lui salué «une étape importante pour nos efforts collectifs en vue d’un règlement pacifique du conflit au Yémen».

Baisse «drastique» du nombre de raids aériens
Appelant les parties concernées à faire davantage de concessions, M. Griffiths s’est en outre félicité vendredi dernier devant le Conseil de sécurité onusien d’une baisse de près de 80% des frappes aériennes au Yémen par rapport aux deux semaines précédentes. «Ces dernières semaines, on a observé des périodes entières de 48 heures sans frappes aériennes pour la première fois depuis le début du conflit», s’est-il réjoui. «Nous voyons dans cette désescalade une diminution du régime de la guerre et peut-être une évolution vers un cessez-le-feu global au Yémen», a estimé M.Griffiths. Il a par ailleurs indiqué que l’arrêt des attaques de missiles et de drones dans les territoires saoudiens annoncé par les Houthis le 20 septembre avait été maintenu pour un second mois d’affilée. «Les efforts pour une désescalade de la violence se maintiennent», a-t-il encore dit. Depuis 2015, le royaume saoudien mène une coalition militaire au Yémen pour contrer l’offensive des Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa depuis cinq ans. Sur le terrain, la région du sud-ouest du Yémen qui s’étend du détroit de Bab al-Mandeb jusqu’à Hodeida connaît un calme relatif depuis l’accord de cessez-le-feu conclu fin 2018 en Suède sous l’égide de l’ONU. Et en mai 2019, l’ONU avait fait état du retrait des Houthis du port de Hodeida.

Situation sanitaire «difficile» à Sanaâ
Le conflit au Yémen a également provoqué le déplacement d’environ 3,3 millions de personnes tandis que 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU qui évoque régulièrement la pire crise humanitaire en cours dans le monde et dénonce les «crimes de guerre» commis par toutes les parties. De plus, la pénurie et la cherté de l’eau potable, notamment dans la capitale Sanaâ, est l’une des causes des épidémies de choléra régulières qui frappent le Yémen, s’est alarmée jeudi dernier la cheffe de mission yéménite de l’ONG Médecins du Monde (MDM), Wafa’a Al-Saidy. De passage en France, elle a assuré, au cours d’un point de presse, que «Sanaâ est l’une des villes les plus menacées au monde d’une coupure d’eau définitive. Le risque est immense, tous les experts s’accordent à le dire». L’approvisionnement de la ville en eau, déjà critique avant le conflit a été rendu encore plus difficile par les combats. D’autant que la population de la capitale a plus que doublé avec l’afflux de personnes déplacées fuyant les zones de guerre, a-t-elle indiqué. «Les ressources en eau diminuent, la demande grimpe», a déclaré la responsable humanitaire. «Donc la majorité des résidents de Sanaa doivent acheter de l’eau à des fournisseurs privés, qui livrent par camion-citernes. Quand il y a aussi des pénuries de carburant, les prix s’envolent». «Nous organisons des campagnes de prévention du choléra, nous disons aux gens qu’il faut se laver les mains», a-t-elle dit. «Ils nous répondent: «Nous le savons, mais nous n’avons pas d’eau. Alors nous revenons sans cesse dans vos hôpitaux, atteints du choléra». La pénurie d’eau potable est encore pire dans les campagnes, où les résidents doivent creuser des puits de plus en plus profonds, pour y trouver une eau sale, a-t-elle encore indiqué. Le pays a aussi été gravement affecté par le choléra qui a tué plus de 2.500 personnes depuis avril 2017. Environ 1,2 million de cas suspects ont été rapportés, selon l’OMS.

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