Une étude d’un plan de protection et de restauration du vieux ksar d’El-Menea (Ex: El-Goléa), classé patrimoine national en 1995, sera entamée incessamment, a annoncé, mardi à l’APS, le directeur de la culture de la wilaya de Ghardaïa. Cette étude d’un plan de sauvegarde vise à parer à la décrépitude et à l’état de précarité très avancée que connait le ksar et à préserver le riche legs historique et culturel dont cette cité forteresse véhicule, a expliqué M.Brahim Baba Addoun. Dotée d’une enveloppe de plus de 5 millions DA, l’étude en question permettra d’élaborer une stratégie de protection et de restauration des biens culturels existants à l’intérieur du ksar, le confortement des fortifications existantes ainsi que les voies d’accès à cet édifice historique surplombant la palmeraie d’El-Menea depuis plus de dix siècles, a-t-il fait savoir. L’élaboration de ce plan devra faciliter la restauration et la revitalisation de ce ksar ancestral, composé de bâtisses en terre sèche, en pisé et en grès bleu, qui constitue le témoignage et l’archive vivante d’une histoire, de traditions séculaires et d’une civilisation particulière d’El-Menea (275 km au sud de Ghardaïa), afin de l’intégrer dans la dynamique de développement socioéconomique de la région, a précisé le responsable du secteur de la culture de Ghardaïa.Implanté à la croisée des pistes commerciales qui reliaient l’Afrique du Nord de l’époque médiévale à l’empire Songhaï subsaharien, sur une colline de 75 mètres d’altitude surplombant la palmeraie, le ksar d’El-Menea , dénommé « Taourirt » (colline en tamazight), constitue une configuration urbaine témoignant des vestiges d’une civilisation citadine organisée dans la région et évoquée par les chroniques du sociologue Ibn-Khaldoun et de l’historien arabe El-Aïchi (1862). Pourvu d’une tour de forme pyramidale, le ksar d’El-Menea «cité impériale» comporte de nombreuses habitations troglodytiques et semi troglodytiques étroites, caractérisées par une architecture simple abandonnée, truffée de niches et étagères ainsi que de petites ouvertures pour l’éclairage et l’aération. Selon des historiens, ce vieux ksar, qui a connu de nombreuses appellations, Taourirt, Kalaâ et El-Goléa, a joué par le passé un rôle de refuge pour la population et de grenier pour leurs récoltes dans les moments difficiles. L’histoire de ce ksar reste, toutefois, sujet à controverses, puisque certains historiens la font remonter jusqu’au 4ème siècle. La configuration urbaine du ksar, fondé sur une colline surplombant le flanc Est de la palmeraie, avec une mosquée comme point focal autour duquel gravite une spirale descendante d’habitations creusées à même la roche calcaire, un puits collectif et des sites de stockage de denrées alimentaires, constituent une curiosité pour de nombreux chercheurs, universitaires et touristes étrangers.La forte dégradation du vieux ksar d’El-Menea a été accélérée, selon différentes sources, tant officielles que populaires, par des actes de vandalisme opérés par des habitants de la région pour récupérer les briques en roche de grés bleu de ses bâtisses. La décrépitude très avancée qu’a connue cet édifice historique a poussé plusieurs acteurs socioéconomiques à mettre l’accent sur la nécessité de mobiliser tous les efforts et les synergies, en vue de sauver les quelques édifices qui peuvent être sauvegardés, en particulier le palais de la princesse M’barka Bent El-Khass, les vestiges de la mosquée, les remparts et quelques habitations.
Considéré comme un des points les plus visités par les touristes étrangers, les chercheurs et autres universitaires dans la région d’El-Menea, l’idée de la réhabilitation de ce patrimoine vernaculaire et sa mise en valeur constitue, pour les responsables de la culture, une opportunité pour un développement durable, notamment dans le secteur touristique pourvoyeur d’emplois. Il est également un témoin sociologique et historique de la région, en reflétant les capacités créatrices de ses bâtisseurs à s’adapter à leur environnement hostile, caractérisé par un climat désertique, pour subvenir à leurs besoins.
Dans ce sens, de nombreuses associations prônent la réhabilitation de ce joyau, pour non seulement améliorer le cadre de vie des résidents d’El-Menea, mais aussi de faire en sorte que ce ksar contribue au développement durable par sa destination prometteuse d’un tourisme culturel qui constitue un segment promoteur de l’économie locale basé sur le tourisme, l’artisanat et l’agriculture.