Dans les nouvelles dispositions de la loi des Finances qui entrent en vigueur depuis le 1er janvier 2020, les voyageurs, Algériens ou étrangers, sont autorisés à faire entrer ou faire sortir jusqu’à 5 000 euros sans déclaration douanière.
«Sur le plan économique, cette mesure est très importante, mais pas nouvelle. Sauf que pour cette fois-ci, l’état veut imposer plus de régulation à travers des textes », a analysé Abdelmalek Serraï, expert et consultant économique. « Comme ça les gens qui font leur déclaration légalement ne seront tout simplement pas dérangés. Or, la pratique existait avant», a-t-il ajouté. Avant cette nouvelle mesure, les voyageurs nationaux résidents peuvent, au sortir du territoire national, emporter avec eux des montants équivalents à 7 500 Euros en devise munis obligatoirement d’une attestation bancaire de retrait, souligne un ancien document de la Douane Algérienne. « Néanmoins cette autorisation n’était pas très officialisée, mais qui a été pratiqué par tout le monde. Aujourd’hui, on met le holà et on ramène ça à 5 000 euros pour que se soit officielle », a noté Abdelmalek Serraï.
Jusqu’au 31 décembre 2019, les voyageurs entrant ou sortant du territoire national devaient faire une déclaration douanière préalable pour toute somme dépassant les 1 000 euros. La déclaration douanière devait se faire en présentant un reçu bancaire. Pour cet expert, l’État veut introduire plus de réglementation dans la sortie de devise. Car, en plus des opérateurs économiques qui ont besoin de la monnaie forte pour effectuer toutes les transactions, des malades souhaitant aller se soigner à l’étranger, des étudiants, des voyageurs et autres, doivent avoir un accès légal au devise. « C’est très important par rapport aux différents engagements auxquels le gouvernement est amené à faire face, notamment les problèmes des transferts médicaux à l’étranger, les bourses dans des universités étrangères, les allocations touristiques et celles du Hadj et de la Omra. L’État doit prendre en charge les citoyens », a expliqué Serraï.
Néanmoins, avec les craintes que les trabendistes et les barons de l’informel font recourir plus à cette nouvelle mesure, Abdelmalek Serraï reconnaît que la nouvelle réglementation pourrait être « négative sur le plan des réserves de changes, même si elle est positif pour les opérateurs économiques ». Sur l’arrivée de l’économiste Farhat Aït Ali à la tête du ministère de l’Industrie, Abdelmalek Serraï estime que le nouveau ministre « est réputé pour être très compétents dans les Finances en général, mais il se retrouve face à un ministère où il y a beaucoup d’affaires de corruption et beaucoup du dossiers en attente ». « Je souhaite du courage et de la sagesse à notre ami qui est un parfait financier, mais pas un gestionnaire. Il n’a jamais géré un quelconque département ministériel. Donc, j’espère qu’il va choisir des collaborateurs propres, intègres et compétents afin de faire face à la mafia qui ronge le secteur de l’Industrie », a-t-il commenté. Le ministère de l’Industrie est rongé non seulement au niveau central, mais de l’intérieur, au niveau des DIMS (Directions de l’industrie et des Mines au niveau des wilayas), a-t-il poursuivi.
« Il ne faut pas oublier que les DIMS sont celles qui gèrent les investissements. C’est au niveau de ces directions que les investissements sont bloqués à cause des retards considérables dans leurs traitements. Il y a des milliers de dossiers qui dorment dans les tiroirs de ces directions dans les 48 wilayas », a-t-il diagnostiqué. Selon l’expert, « c’est là où réside le défit : est-ce qu’il y aura une véritable conjugaison d’efforts pour revoir la réorganisation des DIMS et aussi le ministère de l’Industrie avec les problèmes de corruption à grande echelle ? ».
Hamid Mecheri