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MOHAMED SIDATI, DIPLOMATE SAHRAOUI : « La France doit entendre la voix de la raison et de la légalité internationale »

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Dans une interview exclusive au Courrier d’Algérie , Mohamed Sidati , représentant du Front Polisario en France, dresse , à l’approche du 45ème anniversaire de la proclamation, le 27 février 1976, de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le bilan des acquis et des succès de la lutte du peuple sahraoui pour la liberté et l’indépendance du Sahara occidental .

Le Courrier d’Algérie : À l’approche de la commémoration du 45ème anniversaire de la proclamation de la RASD, quel bilan faites-vous des acquis aux plans diplomatique et militaire du peuple sahraoui ?
Mohamed Sidati : Je dirais qu’après 45 ans de lutte et de sacrifices le peuple sahraoui peut s’enorgueillir de son État, la RASD, dont les institutions se consolident de jour en jour. La RASD, j’écrivais, il y a 30 ans : « c’est la somme de nos sacrifices, le cumul de nos douleurs et de nos espérances, c’est l’addition de nos certitudes, le refuge de nos identités. » La RASD est non seulement membre fondateur de l’Union africaine mais membre actif, fier d’appartenir à la famille africaine et qui bénéficie de la sympathie et de la solidarité des membres de l’UA, et sa cause pour la liberté résonne dans toutes les enceintes Africaines. Le Maroc, qui occupe illégalement la RASD et siège à côté de celle-ci, est perçu comme un occupant qui viole par cette occupation un principe constitutif.(Article quatre) cardinal de la charte de l’Union africaine. Je ne saurai énumérer les nombreux acquis obtenus durant ces décennies, non seulement la reconnaissance du droit légitime à l’autodétermination du peuple sahraoui, mais aussi le respect de son combat en Afrique et dans le monde, dont une visibilité en Europe et ailleurs , notamment les décisions de la Cour européenne de justice . Jamais le peuple sahraoui n’a été aussi uni et aussi fort comme aujourd’hui. J’en veux pour preuve, la réponse du peuple à l’appel du Front Polisario lors de la rupture du cessez-le-feu par le Maroc le 13 novembre. Oui le peuple sahraoui témoigne par son combat par lui-même de sa vitalité et de sa force. Après s’être senti floué par l’ONU qui reste redevable du parachèvement du processus de décolonisation, contrarié par le Maroc avec l’appui de la France, du Sahara occidental. Le peuple sahraoui a renoué avec la lutte armée en légitime défense, pour faire prévaloir ses droits universels à l’autodétermination et à l’indépendance et pour envoyer un message clair a l’occupant marocain qui a violé le cessez-le-feu le 13 novembre 2020, que lorsqu’il recourt à la force, il n’a pas le monopole de l’usage de la force lui qui croit que la force prime sur le droit, et tente toujours de faire faux bond à la communauté internationale.

LCA : Pensez- vous que la reprise de la lutte armée a consolidé davantage la cohésion du peuple sahraoui, dans son combat pour l’indépendance de son pays, le Sahara occidental ?
M. Sidati : Il y a un consensus jamais démenti du peuple sahraoui quant à sa lutte jusqu’à la culmination de celle-ci à l’autodétermination et à l’indépendance .Aujourd’hui vous avez pu observer l’entrain, l’enthousiasme, bref la mobilisation de ce peuple pour en découdre avec les forces brutales de l’occupation et de l’expansionnisme marocain. Le Maroc a provoqué et recherché la guerre, nous voyons l’élan patriotique qui s’est emparé de tous les Sahraouis qui réagissent à l’unisson pour réclamer leur dû. Eux qui disent « nous mourrons unis mais nous ne vivrons jamais désunis ». La reprise de la guerre s’est traduite également par une résistance accrue des populations des territoires occupés, ce qui explique la nervosité, voire la panique du système fissuré de l’occupation où la réaction disproportionnée des sbires du « makhzen » qui redoublent de férocité et de violences à l’endroit des populations civiles sahraouies. Le cas de Sultana Khaya et de sa famille est illustratif. Toute une famille vouée aux gémonies du makhzen. Oui, dans les territoires occupés les populations sahraouies sont assiégées, réprimées ; pourquoi la communauté internationale ne réagit pas, n’invoque pas la nécessité d’intervenir pour venir en aide à une population en danger. Où est l’ONU, où est le CICR ?

LCA : En votre qualité de représentant du Front Polisario en France, quel commentaire faites-vous des déclarations de l’ambassadeur de France à Alger qui réaffirme le soutien de son pays à la solution marocaine « l’autonomie » ?
M. Sidati : J’ai toujours soutenu que n’eut été la politique néfaste de la France concernant le Sahara occidental, le conflit serait déjà résolu il y a belle lurette. La question donc est comment faire entendre la voix de la raison, de la légalité internationale, et de l’impérieuse nécessité pour les dirigeants français que la seule voie qui vaille est celle du droit international. Le parti-pris de l’expansionnisme marocain au Sahara occidental n’a fait que générer et alimenter les tensions, la déstabilisation et l’insécurité dans notre région. Je ne désespère pas que la France prenne un jour conscience de la gravité des conséquences de sa politique partisane au Sahara occidental pour toute la région. L’acceptation et le respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui par la France permettra à la région de retrouver la paix, la stabilité dont elle a grandement besoin, et redonnera du tonus et une impulsion aux relations franco-maghrébines certes. Avec son soutien aveugle à la politique d’occupation marocaine au Sahara occidental, la France s’aliène la confiance des peuples de la région, mais surtout démontre, à juste raison, que la France serait à l’origine des obstacles majeurs devant l’avènement d’une solution juste pacifique et définitive du conflit du Sahara occidental conforme au droit international. Un pays comme la France, de surcroît membre du Conseil de sécurité, ne peut et ne doit se prévaloir de solutions boîteuses qui font durer l’épreuve et le calvaire de tout un peuple, le peuple sahraoui, sous le faux prétexte de préserver la pérennité d’un régime dont la politique d’agression représente une menace permanente pour la paix et pour les voisins. Nous disons donc à la France que le conflit du Sahara occidental en tant que problème de décolonisation, ne saurait trouver sa solution définitive en dehors de l’exercice, par le peuple sahraoui, de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
Entretien réalisé par Mokhtar Bendib

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