Accueil ACTUALITÉ L’UNIVERSITÉ ALGÉRIENNE COÛTE TROP CHÈRE À L’ÉTAT : Faut-il aller vers l’autofinancement ?

L’UNIVERSITÉ ALGÉRIENNE COÛTE TROP CHÈRE À L’ÉTAT : Faut-il aller vers l’autofinancement ?

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Le directeur des finances du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), Djabrani Abdelhakim, qui intervenait jeudi sur les ondes de la chaîne 3 de la radio algérienne dont il était l’invité de la rédaction, a fait savoir qu’«à l’heure actuelle, les budgets des établissements d’enseignement supérieur sont constitués, à 99%, de subventions directes de l’État et 1% seulement provient de revenus propres des établissements universitaires».

Il évoque un «déséquilibre budgétaire», et la solution qui serait envisagée: «le secteur travaille présentement sur la révision des textes cadres pour permettre justement l’autofinancement des établissements universitaires par la création de filiales qui peuvent engager des bénéfices propres en plus des subventions de l’État», ajoutant que cela «aidera à renforcer aussi les prestations qu’assurent les établissements sous tutelle qui peuvent prodiguer des prestations en termes d’expertises, d’études, de formation continue ou à la carte à destination d’autres secteurs». Où vont réellement les subventions directes de l’État octroyées à l’Université? Quelle est la proportion de ces subventions qui vont à l’amélioration réelle de la qualité de la formation et des services ? Quelle est la part des «déperditions» liées à la privatisation de prestations rentables telles que transport des étudiants, restauration, cafétéria, etc…, ainsi que celles qui sont liées aux importations d’équipements, mobilier, consommables, destinés aux besoins des universités. Y a-t-il des études fondées sur des données vérifiées concernant les dépenses des établissements universitaires? Avec tout l’arsenal informatique dont sont dotés ces établissements, il serait surprenant que la maîtrise de la donnée fondamentale qui est la statistique, soit problématique.
Des spécialistes ont eu, par le passé, à s’interroger sur la démarche de certaines résidences universitaires qui se permettraient de s’approvisionner auprès de fournisseurs au prix du détail (nettement plus élevés, évidemment, que les prix de gros), alors qu’elles étaient endettées. Les commandes faites auprès de commerçants détaillants privés, ont entraîné des surcoûts sans amélioration de ce qui est servi aux étudiants, «une nourriture infecte», selon les témoignages. Idem pour la location des bus de transport universitaire à Oran et Alger, un marché public offert à partir de 1995 à Mahieddine Tahkout, avec une qualité de service médiocre pour les étudiants. Des enseignants ont rapporté, qu’à l’époque, ils étaient contraints d’arrêter le cours à 15h parce que le chauffeur du bus avait décidé de partir à cette heure et qu’après, il n’y aurait pas de bus, encore moins à 18h ou 19h. La privatisation dans les œuvres sociales universitaires n’a pas donné une amélioration de la qualité des services offerts aux étudiants. Pour le directeur des finances du MESRS, l’établissement universitaire en prodiguant des prestations, pourrait se garantir des revenus en plus et être encouragé à aller vers l’autofinancement de certaines activités ou des œuvres universitaires. Il dit que «le chantier est ouvert. Il y a un travail qui se fait sur l’équilibrage entre l’aide directe et indirecte de l’État afin de renforcer l’autonomie de l’étudiant et améliorer la qualité de la formation». Les spécialistes soulèvent le risque de voir l’Université se transformer en sous-traitant, otage des conjonctures, et de perdre son caractère national, et aboutir à une Université qui aura beaucoup plus tendance à développer le sens des affaires qu’à former.
Avec une telle conception, font-ils remarquer, ce n’est pas la qualité de la formation qui aura la priorité mais la solvabilité de l’établissement universitaire. Selon eux, cette conception technocratique, élitiste et utilitariste (contraire à la conception démocratique novembriste) du système universitaire le pousserait à fonctionner selon des «règles marchandes, de compétitivité et de concurrence» avec l’élévation des droits d’inscription liée à la qualité des services de l’Université (bibliothèque, laboratoires,…).
M’hamed Rebah

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