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LES MÉDIAS HÔTES DU PRÉSIDENT TEBBOUNE : La corporation de la presse tenue en haleine

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C’est aujourd’hui qu’aura lieu la « fameuse » rencontre, tant attendue, entre une délégation des directeurs et responsables de médias publics et privés, une première du genre, et le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour « éclairer l’opinion publique nationale sur les questions de l’heure au double plan interne et externe » pour reprendre le communiqué de la Présidence cité par l’agence officielle APS.

Annoncée en grande pompe de par son importance et ses probables répercussions positives sur le métier dans son ensemble- conditions d’exercice déplorables, musellement, restriction de tous genre, accès difficile à l’information, qui donne libre court à la rumeur, absence d’un Conseil d’éthique et de déontologie, d’un Conseil de l’ordre et d’une Autorité de régulation (pour la presse écrite et électronique)- et pour boucler la boucle , des conditions sociales intenables pour les professionnels de la presse notamment dans le secteur privé en proie à des errements, et à l’instabilité. C’est pour toutes ses raisons que la rencontre a tenu en haleine toute la corporation de la presse. Les contours de l’entrevue ne sont pas encore connus dans leurs totalités. Peu de choses avaient, en effet, filtré du communiqué de la Présidence, si ce n’est d’éclairer l’opinion publique sur les questions de l’heure.
Mais vue la précarité du secteur et l’anarchie qui y règne, on devrait, donc, s’attendre à des discussions houleuses entre les deux parties, qui se sont longuement regardés en « chiens de faïence » où le courant ne passait plus, depuis plusieurs années déjà. Ira-t-on jusqu’à briser la glace, et rétablir la confiance entre la presse et le pouvoir sensés composer ensemble pour l’intérêt général ? C’est peut-être prématuré d’oser répondre à cette délicate question en attendant de ce que va « accoucher » la rencontre d’aujourd’hui. Le tête-à-tête entre Tebboune et ses hôtes permettra surement de mettre le point sur le secteur, et d’aborder les questions qui fâchent à l’origine du fossé, combien large, qui sépare les deux parties et qui a donné naissance à des méfiances de parts et d’autres. Les pouvoirs successifs sont en gros responsables de la médiocrité qui brille dans le secteur en raison d’une vision étroite, qui voyait d’un mauvais œil l’émergence d’une presse libre et indépendante. Une presse qui pourrait dans ce cas de figure mettre à nu les agissements irresponsables de nos responsables ; divulguer les scandales politico-financiers et autres malversations tous azimuts qui, d’ailleurs, ont conduit le pays à la dérive, alors que l’argent coulait à flot et dilapidait également à flot. On pourrait peut-être pronostiquer sur la teneur de ce grand rendez-vous, qui a suscité l’intérêt de la corporation et qui attend avec impatience l’issue de cette rencontre sensée remettre de l’ordre dans la maison « presse ».

Les médias sociaux et les fake news
Avec l’arrivée des nouvelles technologies, notamment les réseaux sociaux, espace public par excellence, les fake news, la rumeur en raison d’un accès légal et libre à l’information, les faux comptes, l’injure, la diffamation, sont devenus monnaie courante dans le domaine, encore fragilisé par l’entrave à l’exercice libre du métier.
Il sera probablement question d’assainir la situation des entreprises des médias vis-à-vis des imprimeries étatiques, l’impôt, la sécurité sociale, mais aussi au partage de la manne publicitaire, dont la répartition est « jugée » peu reluisante, qui n’ « honore » pas le fonctionnement de l’État. La dépénalisation du délit de presse dans le Code de l’information promulgué en 2012, a en outre suscité de l’espoir auprès de la corporation, mais la presse a accusé, depuis, un regrettable recul. Si le fossé qui sépare le pouvoir des médias est longtemps entretenu et développé, la chape de plomb qui s’est installée entre la presse et le lecteur et autres auditeurs, en est la parfaite illustration d’un disfonctionnement à grande échelle dans le secteur. Il suffit de réécouter les slogans des manifestants du mouvement populaire, qui traitent les professionnels du métier de tous les noms d’oiseaux pour comprendre l’ampleur de l’éloignement du secteur de sa fonction initiale. Certes, la liberté d’expression et l’ouverture des médias est l’un des engagements pris par le Président, lors de la campagne électorale, mais il faudrait joindre l’acte à la parole pour ne pas rester au stade des discours creux destinés à la consommation publique. Le chef de l’État a entamé son travail par un limogeage de plusieurs responsables du secteur, à commencer par le directeur de la chaîne publique ENTV, de l’ARAV et de l’Anep et a brandi une menace contre les faux comptes attribués à de hauts responsables afin de salir et porter atteinte à leur image. Son Premier ministre, Abdelaziz Djerrad,  a également demandé au ministre de la Justice et les responsables des départements ministériels, directement concernés, par l’élaboration de la loi criminalisant le racisme, le régionalisme et la haine d’entamer l’élaboration d’un projet de loi dans les plus brefs délais. Et la machine du ministère de la Communication s’est mise en branle, et son premier responsable, Amar Belhimer, multiplie ses sorties sur le terrain, suivies de déclarations prometteuses pour le secteur de surcroît que lui-même est issu de la profession. En plus des pouvoirs traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire), la presse, dans son ensemble, détient le titre « honorifique » de quatrième pouvoir qui joue le rôle de la courroie de transmission entre les gouvernés et les gouvernants. Elle est également considérée comme un contre-pouvoir au pouvoir politique en place. Dans les pays démocratiques l’information est placée comme un bien commun et le droit à la libre communication est garanti. Pour ainsi dire la presse et les médias sont un rempart contre les abus de pouvoir, et constituent un centre de recours et de doléances pour les citoyens.
La rencontre d’aujourd’hui aura le mérite de divulguer les intentions des uns et des autres, qui à la recherche de se réapproprier le libre exercice de sa profession, qui à se protéger des infâmies et autres injures, le tout pour trouver un terrain d’entente pour pouvoir composer ensemble. Au final la presse n’existe pas pour saper le moral des gouvernants, bien au contraire, pour lui éclairer le chemin tortueux et mener ensemble le pays à bon port. Bien des pays semblent l’avoir compris depuis très longtemps maintenant ; c’est à nous de leur emboîter le pas. Tout est question de volonté politique.
Brahim Oubellil

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