Depuis le 23 mars dernier, les Algériens sont invités à rester chez eux pour éviter la propagation du coronavirus. Mais le constat sur terrain démontre que les consignes de confinement ne sont pas toujours respectées.
La crainte d’une propagation massive de Covid-19 par des citoyens ne respectant pas les mesures de confinement est l’argument avancé, aujourd’hui, par plusieurs personnalités politiques et de la société civile pour défendre leur appel pour « un durcissement des mesures de confinement » à l’instar de ce qui se passe dans la majorité des pays d’Europe.
En plus de comportements irresponsables et de négligences de la distanciation sociale et des mesures d’hygiène chez des Algériens, les moyens médicaux limités du pays et les difficultés pour y accéder actuellement sur le marché international – alors que de plus en plus de pays ont interdit l’exportation des équipements médicaux – plaident dans ce sens. Pour l’instant, les Algériens répondent seulement aux premières mesures de confinement comme de ne pas aller au travail après l’interdiction des transports en communs, et de faire leurs prières à la maison suite à la fermeture des mosquées, mais le relâchement est observé dans les autres mesures : interdiction des rassemblements dans les lieux publics, ne pas sortir de chez soi qu’en cas d’urgence, la prévention (utilisation des gels et masques).
Des professionnels de la Santé mettent en cause ces comportements irresponsables, qui seraient la cause, selon eux, de la propagation de coronavirus de Blida et Alger – où sont apparus les premiers foyers de cette épidémie – vers 5 nouvelles wilayas, avant de prendre rapidement une tendance haussière avec l’explosion des cas d’infection et de décès. Les spécialistes redoutent ainsi le pire. La faible capacité du secteur de Santé publique et les difficultés pour accéder au marché international de vente de moyens médicaux dans cette conjoncture marquée par une course effrénée par les grandes puissances pour acquérir les quantités disponibles, comme en témoigne cette rude concurrence entre nations sur les masques médicaux, ne laisse pas choix à notre pays qui doit relever le niveau de vigilance, en imposant le confinement obligatoire pour les citoyens pour endiguer la propagation du Covid-19 et ne pas rajouter de surcharge sur nos établissements de santé.
Les campagnes de sensibilisation sur terrain, les chaînes TV et les réseaux sociaux en tentant de persuader le citoyen de rester chez soi en lui montrant des images et témoignages de personnes atteintes de cette épidémie et leurs souffrances au quotidien, semble être limités dans leur effet sur les Algériens. Récemment, des médecins ont postés des vidéos sur les réseaux sociaux, alertant que l’on traverse une période délicate de la propagation du Covid-19, en rappelant combien il est essentiel de ne pas relâcher durant cette semaine, pour faire reculer la pandémie et mettant en garde aussi contre l’éventualité d’aller vers la prolongation du confinement si ce dernier est moins respecté.
En parallèle, des voix s’élèvent, notamment chez les professionnels de la Santé, pour appeler le gouvernement à utiliser plus de fermeté et mobiliser la force publique pour faire respecter le confinement, en s’appuyant sur des images d’expériences parvenant de l’Inde, du Bangladesh, du Pakistan ou encore des Philippines. Les défenseurs de « l’utilisation de la force » mettent en avant aussi les conditions de beau temps actuelle et l’approche de Ramadhan pour prévenir contre la crainte que les Algériens respectent encore moins les mesures de confinement et de distanciation sociale.
Hamid Mecheri