Le ministère égyptien des Affaires étrangères a annoncé, hier matin, que son pays accueillerait le 27 février un sommet arabe d’urgence, dans le but de discuter de «développements nouveaux et dangereux» liés au plan américano-israélien visant à déplacer les Palestiniens de Ghaza.
La tenue du sommet arabe intervient, apprend-on, après que le ministre égyptien des Affaires étrangères a eu des contacts intensifs avec un certain nombre de ses homologues arabes, notamment avec les ministres des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït, du Sultanat d’Oman, de Bahreïn, de Jordanie, d’Irak, d’Algérie, de Tunisie, de Mauritanie et du Soudan. Les pays arabes ont vivement réagi aux tentatives de liquider la cause palestinienne exprimées par le président américain Donald Trump qui a déclaré qu’il viderait la bande de Ghaza de ses habitants, la transformerait en ce qu’il a appelé la «Riviera du Moyen-Orient» et déplacerait sa population vers l’Égypte, la Jordanie et d’autres pays. L’idée selon laquelle les États-Unis prendraient en charge « l’administration » de la bande de Ghaza et transféreraient ses habitants dans d’autres pays pour y mettre en œuvre des projets immobiliers, est largement rejetée à l’échelle régionale et internationale et perçue comme irréalisable par de larges pans de l’opinion publique dans l’entité sioniste. Mais samedi, ignorant ce qu’est l’attachement d’une population à sa terre, Donald Trump a confirmé son projet en précisant toutefois qu’il n’était «pas pressé» de le mettre en œuvre. Les dirigeants de l’entité sioniste veulent au contraire aller très vite dans l’expulsion des Palestiniens de Ghaza, comme l’a fait savoir le ministre sioniste de la Sécurité nationale démissionnaire, Itamar Ben-Gvir. Quant au ministre sioniste de la Sécurité, Yisrael Katz, il a ordonné à son armée de préparer « un plan pour permettre aux habitants de Ghaza de partir « volontairement » vers n’importe quel endroit du monde qui accepte de les accueillir». Sans doute encouragé par la sortie de Donald Trump, Netanyahou, en réponse au rejet par Riyad d’une normalisation sans un « État palestinien », a déclaré à la chaîne Channel 14 : « Un État palestinien ? À moins que vous ne vouliez un État palestinien en Arabie saoudite… ils ont de vastes territoires. » La condamnation de ces propos par l’Arabie saoudite ne s’est pas faite attendre, son ministère des Affaires étrangères a souligné que cette « mentalité extrémiste d’occupation ne comprend pas ce que la terre palestinienne signifie pour le peuple palestinien frère et son lien émotionnel, historique et juridique avec cette terre, et ne considère pas que le peuple palestinien mérite la vie en premier lieu ». Hier, le ministère saoudien des Affaires étrangères a évoqué dans une déclaration « la centralité de la cause palestinienne pour les pays arabes et islamiques » et a conclu en soulignant le droit du peuple palestinien, « qui restera inébranlable, et personne ne pourra le lui enlever, peu importe le temps que cela prendra, et qu’une paix durable ne sera obtenue qu’en revenant à la logique de la raison et en acceptant le principe de la coexistence pacifique à travers la solution à deux États ».
La situation en Cisjordanie
Le sommet arabe aura inévitablement à examiner la situation en Cisjordanie où les forces d’occupation sionistes ont continué à expulser les Palestiniens de leurs maisons, en particulier dans les environs du camp de Tulkarem qui connaît des conditions humanitaires extrêmement difficiles, après que l’occupation a complètement et partiellement détruit des maisons et des magasins, en a fait exploser un certain nombre et en a brûlé d’autres, en plus de la destruction complète des infrastructures, ce qui a conduit à l’interruption de l’eau, de l’électricité, des communications et de l’Internet. Il reste à savoir si les dirigeants des pays arabes sont décidés enfin à agir pour imposer à l’entité sioniste l’existence de l’Etat palestinien et, dans l’immédiat, à tout faire pour que l’aide humanitaire arrive à la population de Ghaza dans la perspective de la reconstruction.
M’hamed Rebah
