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Cheikh Hamada : le chantre éternel du chant bédouin

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Cheikh Hamada, de son vrai nom Mohamed Gouaïche, est né vers 1889, dans la daïra d’Ain Tedelès, dans la plaine des Touahrias, à une quinzaine de kilomètres de Mostaganem. Il est l’un des fondateurs du mouvement de musique gasba. En 1926, il enregistre son premier disque. Ce n’est qu’en 1932 qu’il enregistra plusieurs disques en Allemagne où il fit la rencontre célèbre avec le grand artiste égyptien Mohamed Abdelwahab. Il faudrait remonter à l’histoire des tribus Zénètes, berbères et juives qui peuplèrent l’Algérie bien avant la conquête des Turcs et la colonisation française et le décret Crémieux, ensuite. En fait, Cheikh Hamada est le chantre éternel du chant bédouin. Avec son ami Hadj El Anka, durant les dîners philosophiques avec les poèmes et les musiciens, ils avaient pris l’habitude d’échanger et de travailler ensemble leurs poèmes. Hamada recevait de jeunes artistes, comme Maâzouz Bouadjadj, chez lui, et leur expliquait une tonalité, une strophe, ou encore le sens caché d’un mot, parfois pendant des heures entières. Hamada a fait son premier enregistrement en 1920. Puis, jusqu’à sa mort, il a continué à enregistrer des disques en Algérie, à Paris et à Berlin. Ses deux fils étaient des résistants de l’ordre colonial et furent tués durant la guerre de libération nationale de l’Algérie (1954-1962). Il a fait partie du bouillonnement musical entre les deux-guerres (puisque le sort de l’Algérie était lié à celui de la France qui se remettait à peine de la première Guerre mondiale. Ce poète hors-pair a enclenché la citadinisation du bédoui traditionnel. Phénomène majeur dans la musique maghrébine, il aura eu de son vivant révolutionné à lui seul la tradition musicale dans le genre bédouin et ce, en réussissant de façon magistrale à brosser la poésie citadine entre « hadri », « haouzi » et « aroubi ». Dans ses compositions, la « gasba » sera remaniée et à laquelle il lui apportera une touche propre à la région du Dahra, influençant ainsi le répertoire chaâbi qui entre sous sa férule, dans le mode bédouin. Ami intime de Hadj M’hamed El Anka, autre artiste algérien de référence, ils avaient pour habitude, lors de dîners philosophiques avec les poètes, les musiciens comme Hadj Lazoughli, Hachemi Bensmir, Abdelkader El Khaldi, d’échanger, de travailler ensemble des qaçayds (poèmes).Cheikh Hamada sera aussi un maître pour les jeunes générations. Il recevra dans sa maison plusieurs artistes comme Maâzouz Bouadjadj, leur expliquant, parfois, pendant de longues heures, une tonalité, une strophe, le sens caché d’un mot, d’un vers, d’une qasida. Il a fait connaître cette musique basée sur des poésies bédouines ancestrales et une influence judéo-arabe harmonique en rapprochant la campagne et la ville. Il a ainsi élargi le mouvement sur toute l’Algérie et par delà les frontières. Contrairement à beaucoup d’Européens à l’époque, qui se moquaient ouvertement (encore de nos jours) de ce type musical car modal et non tonal, Béla Bartók en fut extrêmement touché lors d’un voyage en Algérie de deux ans (1913-1915). Cela inspirera quelques morceaux. Il a fait son premier enregistrement en 1920 et par la suite, il a continué à faire des disques en Algérie, à Paris et Berlin, jusqu’à sa mort. Il a fait partie du bouillonnement musical entre les deux-guerres (puisque le sort de l’Algérie était lié à celui de la France qui se remettait à peine de la première guerre mondiale. influençant ainsi le répertoire chaâbi qui entre sous sa férule, dans le mode bédouin. Cheikh Hamada sera aussi un maître pour les jeunes générations. Vers 1910, après avoir été soupçonné du délit de braconnage, Hamada quitte son village avec sa famille et s’installe à Mostaganem, au quartier populaire Tijdit, non loin de Kaddous El-Meddah, la place des poètes.
Un célèbre café y accueillait les poètes de la région du Dahra et de Mascara, dont le grand Menouer Ould Yekhlef. A cette époque déjà, Hamada a la tête pleine de mélodies et le cœur chargé du verbe des ténors de l’ancestral ch’ir el-melhoun des cheikhs Ould Laadjal, caïd Bendhiba et Dahmane. Dès 1912, il commence à fréquenter, au quartier du Derb, le siège de l’Association culturelle Es-Syidia et celui du Croissant où il rencontre cheikh Saïd Belkacem. C’est dans ces cercles qu’il s’ouvre aux autres genres musicaux, comme le châabi, l’andalou, le hawzi, s’inspirant déjà de leur rythme et de leur tonalité. Ses rencontres et cette ouverture lui serviront plus tard à créer son propre style : le baladi, l’intérieur même du bédoui. Il s’agit d’un genre qui se caractérise par une composition particulière de l’orchestre. Et Hamada y ramène le nombre de flûtistes de trois à deux, pour obtenir une plus grande précision dans l’exécution. C’est ainsi qu’il transforme, modernise et révolutionne même un genre qui deviendra emblématique. Par ailleurs, il s’est réapproprié les qasidas du répertoire châabi, en les interprétant dans leur musique originelle, créant un lien entre le bédoui et le châabi.
De nombreuses qaçayds ont été ainsi retravaillées dans ces cercles de poètes disparus. Il se produit en concert, mais aussi dans les fêtes et les mariages, et en 1926, Hamada enregistre son premier disque chez Pathé-Marconi. Ce sera le début d’une longue et riche discographie estimée à plus de deux cents disques 78, 33 et 45 tours, et un répertoire de près de 500 titres puisés dans les patrimoines algériens et marocain. Il chantera ainsi, entre autre, Benguenoun,Mestfa Ben Brahim, Abdelkader El-Khaldi, Mohamed Belkhayr, Ben Sahla, Bentriki,Ben M’Saïb et Bensouiket, et les Marocains Abdelaziz El-Maghraoui, Hadj Kaddour El-Almi et Ben Sliman.Parmi les plus connues de ses chansons, on peut citer «Qamr Ellil », «Hajou Lefkar», «Yal Ouecham», «Ya Ahl Ezzine Elfassi», «Boussalef Meriem», «Ya Hmam», «Ya Roumia» et bien d’autres. Hamada connaît sa première consécration en 1038, lorsqu’il est désigné représentant de la chanson méditerranéenne. Intelligent, il comprend rapidement l’impact que peuvent avoir les médias de l’époque, notamment la radio. C’est ainsi qu’il multipliera les enregistrements d’émissions radiophoniques en parallèle aux disques.
Il parcourt tout le Maghreb et répand partout son art tout en développant ses connaissances. Il se révélera d’ailleurs comme l’un des meilleurs spécialistes du ch’ir el-melhoun. Entre 1945 et 1950, Hamada s’inscrit à l’école du soir et apprend à lire et à écrire avec ses propres enfants. Durant la Guerre de libération, il sera très éprouvé par la perte de ses deux fils, Ahmed, mort au maquis en 1959 et Abdelkader, militant de la Fédération de France du FLN, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Cheikh Hamada décédera le 9 avril 1968, après son retour des Lieux Saints, à l’âge de 79 ans, en son domicile, situé sur la route de Mazaghran.

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