Accueil Culture+ Brahim Berrezoug : Une figure du diwan n’est plus

Brahim Berrezoug : Une figure du diwan n’est plus

0

Il a été, des années durant, la mascotte de tous les événements en lien avec le diwan et une figure artistique incontournable de la région de Béchar qui a initié des générations de jeunes talents à ce genre musical ancestral, Ammi Brahim, Brahim Berrezoug de son vrai nom, s’est éteint dimanche à l’âge de 89 ans.

Dans sa ville de Béchar qui a abrité 12 éditions du Festival national de musique diwan, Ammi Brahim avait accompagné de nombreuses troupes et de nombreux jeunes talents passionnés tout en restant très disponible pour orienter les participants et retrouver les familles du diwan qui affluaient de toutes les régions du pays pour ce rendez-vous annuel. Avec quelques praticiens connus comme Mohamed El Hadi Hachani, chef de troupe et patriarche de la célèbre « Dar Bahri » de Constantine, Mohammed Bahaz qui a sorti cette musique vers des projets artistiques contemporains, ou encore les doyens des familles Soudani et Canon, Brahim Berrezoug était un pan de la mémoire et du patrimoine du diwan algérien. C’est à l’âge de 13 ans qu’il a rejoint le monde sacré et profane du diwan pour perpétuer l’héritage musical et cérémonial de ses ancêtres avant d’écumer les cérémonies diwan de ville en ville avant de devenir lui aussi un disciple du célèbre Mqadem El Mejdoub de Mostaganem avec qui il a appris une certaine manière d’interpréter et d’ordonner les bradj du diwan. Après la disparition de son mentor, il est devenu une des références de la musique et du rituel diwan qui était invité à toutes les cérémonies dans des villes comme Saida, Mascara, Aïn Sefra ou encore Mostaganem. Il a également dédié de nombreuses années de sa vie à former de jeunes troupes locales et à accompagner l’effort de promotion et de vulgarisation de legs ancestral auprès des médias et des passionnés. Dans le cadre du festival, il n’avait pas hésité à reconstituer à de nombreuses reprises avec sa troupe une partie du rituel du diwan, avec la musique, la waâda et le code vestimentaire, et ce pour les besoins de la recherche scientifique avec des experts du Centre national de recherches préhistorique, anthropologiques et historiques (Cnrpah) ou dans le cadre de la vulgarisation destinée aux médias. Il avait également accompagné sur scène l’ethnomusicologue américaine Tamara Turner pour présenter le produit d’un petit master class dans le cadre de son travail de recherche pour une thèse dédiée à cette expression musicale et chorégraphique ancestrale.
Pour l’une de ses dernières apparitions sur scène, Brahim Berrezoug avait animé un atelier de formation avec de très jeunes musiciens de la région qu’il avait accompagné sur la scène du Festival national de musique diwan, avant de remettre son goumbri à un jeune disciple de douze ans.

Article précédentDéputé Andrei Skoch: biographie d’un homme politique et philanthrope
Article suivantL’embargo américain contre : Cuba 60 ans et de beaux jours devant lui