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Accord sur le Brexit : Theresa May doit convaincre ses concitoyens

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La Première ministre britannique doit désormais arracher le feu vert du Parlement britannique à l’accord sur le Brexit. Mission impossible ?

Theresa May voit le bout du tunnel, mais celui-ci semble encore trop loin. Avant la fin de l’année, la Première ministre britannique doit avoir convaincu, non seulement le Parlement, mais aussi le pays tout entier que l’accord trouvé avec l’Union européenne après maints négociations et revers est bel et bien « le meilleur accord possible » pour un Brexit réussi. Hier matin, Theresa May réunit ainsi son cabinet avant d’aller rendre compte aux députés du sommet européen qui a, dimanche, entériné l’accord signant le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne ainsi que la déclaration politique établissant la future relation entre les deux entités.
Elle va réaffirmer son « absolue certitude » qu’il « n’y a pas de meilleur accord possible » et les appeler à le soutenir au nom de l’intérêt national. Un rejet de l’accord serait « un retour à la case départ » qui « ouvrirait la porte à plus de divisions et d’incertitude », avertira-t-elle, selon des extraits de son discours diffusés à l’avance. L’accord conclu après de longues et douloureuses négociations doit être soumis au Parlement britannique pour approbation avant la fin de la session et probablement aux alentours du 10 décembre. Or, l’opposition travailliste emmenée par Jeremy Corbyn, les brexiters purs et durs du propre camp conservateur de Theresa May et son remuant petit allié, le parti unioniste nord-irlandais DUP, clament qu’ils voteront contre, balayant ainsi sa courte majorité d’une dizaine de sièges.
La dirigeante conservatrice a reconnu devant ses interlocuteurs européens ce week-end qu’elle ne disposait pas d’une majorité au Parlement à ce stade, mais elle a fait valoir qu’elle comptait convaincre les députés de son parti en les prévenant que la moitié d’entre eux perdraient leurs sièges lors des élections législatives qui pourraient suivre un vote négatif, soulignait dimanche une source européenne. « L’arithmétique à l’heure actuelle pose un vrai défi, mais beaucoup de choses peuvent changer dans les deux semaines à venir », a fait valoir de son côté dimanche son ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt sur la BBC. « Je crois que mes collègues vont avant tout penser à l’intérêt national », a-t-il ajouté, au regard des « très grands risques » et de « l’incertitude » provoqués par un vote négatif.

Opération séduction
Mais du côté des brexiters, tel l’ancien chef du parti tory Iain Duncan Smith, interrogé dimanche sur la chaîne de télévision Sky News, il sera « très, très difficile » de voter pour un texte qui a « beaucoup trop concédé à l’UE ». Même si le Parlement vote pour son accord, les ennuis de Theresa May ne sont pas finis : la cheffe du DUP Arlene Foster, qui est résolument contre en raison du statut spécial accordé à l’Irlande du Nord pour éviter une frontière physique avec la République d’Irlande, a menacé de retirer son soutien au gouvernement si l’accord passe. « Nous devrons revoir l’accord de confiance et le soutien » au gouvernement, a-t-elle dit, alors que ses dix députés assurent une fragile majorité absolue à Theresa May.
Theresa May s’est également lancée dans une opération de communication en direct avec ses concitoyens. Elle a ainsi écrit une « lettre à la nation » aux accents solennels, publiée dimanche, qui appelle le pays à l’union nationale derrière l’accord, avec la perspective d’une « réconciliation » après des années de déchirement entre europhiles et eurosceptiques, à la suite du référendum de juin 2016 ayant voté le Brexit avec 52 % des voix. Souvent critiquée pour son manque de charisme et une retenue proche de la froideur, elle a déployé tout son charme pour répondre aux auditeurs en direct sur la BBC vendredi.
Le projet d’accord est « bon pour le Royaume-Uni » et « répond aux souhaits du peuple britannique » en permettant au pays de reprendre le contrôle de son argent, de ses lois et de ses frontières, énumère-t-elle inlassablement. Theresa May peut au moins compter sur l’appui des milieux économiques, qui n’ont, eux, pas besoin de beaucoup de persuasion puisque la perspective que l’accord capote est leur pire cauchemar, ouvrant la possibilité d’un « no deal » qui créerait « le chaos économique », soulignait samedi le ministre des Finances Philip Hammond. L’accord prévoit une période de transition de 21 mois après le Brexit, fixé au 29 mars 2019, pendant laquelle quasiment rien ne change entre les deux parties et qui pourrait même être prolongée jusqu’en 2022. Restera alors la prochaine pièce de résistance : négocier la future relation.

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