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Virée sur les plages de Bordj El-Kiffan : Le front de mer de « Fort-de-l’eau » souffre en silence

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Bordj El-Kiffan, anciennement Fort-de-l’eau pendant la période coloniale, Est une commune de la wilaya d’Alger, située dans la banlieue est d’Alger, à environ 15 km de la capitale, sur la rive orientale de la baie algéroise. En plus de la ville même, elle englobe les zones urbanisées de Ben M’red, Dergana et Ben Zerga.

Reportage réalisé par Mohamed Wali

Vue panoramique, administrative et historique
La première ligne du nouveau tramway d’Alger dessert la commune sur une longueur de 8 km. Une nouvelle voie rapide (2 × 2 voies) au sud de la commune. Elle permet le contournement du centre-ville et de relier plus rapidement les villes balnéaires excentrées du nord-est de la wilaya (Bordj El-Bahri, El-Marsa, Tamentfoust et Aïn Taya) au reste de l’agglomération d’Alger. La commune est desservie par plusieurs routes nationales:
La ville de Bordj El-Kiffan est construite sous la forme d’une ville nouvelle avec un grand Avenue qui traverse de l’Ouest à Est et autour d’une placette rectangulaire et un maillage de rues qui descend jusqu’à la mer. Autour, on trouve les quartiers résidentiels du « Lido » à l’Ouest, les quartiers de la « Verte Rive » et « Bateau-Cassé » à l’Est. Au Sud de la nouvelle voie rapide qui desserte les communes de l’Est algérois s’est récemment constituée une nouvelle zone urbaine autour de la colline de Mouhous.
En 1556, le pacha Mohamed Takarli entreprend de bâtir un fort à l’est du fleuve-El-Harrach afin de prévenir les éventuelles tentatives d’invasions. Le « fort des Précipices » n’est achevé qu’en 1581 par Djafar Pacha.
En 1835, le prince polonais Mir Mirsky, chassé de son pays par la révolution, se fit octroyer un terrain de plus de 4 000 hectares autour de la ferme de Ras El Outa (la tête — ou le sommet — de la plaine) devenue « la Rassauta » ; ce dernier endetté dut céder la propriété au comte del Valle de San Juan.
En 1846, le ministère de la Guerre décide d’implanter, sous l’autorité du baron de Vialar, des colons originaires de Mahon (ville située sur l’île espagnole de Minorque).
En 1850, le lieu-dit Fort-de-l’eau, situé sur le domaine de La Rassauta, fut érigé en centre de population par décret5. En 1851, la Rassauta est érigée en centre de population rattachée à la commune d’Hussein Dey. En 1871 une petite ligne de chemin de fer d’intérêt local est reliée à El-Harrach.
Le 2 juin 1881, après un nouveau découpage qui la voit délestée des territoires de Maison Carrée, Maison Blanche, Reghaïa, puis Rouïba, Fort-de-l’eau devient une commune en plein exercice. Elle devient une station balnéaire réputée ; ainsi dans les années 1900, un hôtel de luxe et un casino y sont construits. En 1908, la commune est érigée en ville estivale.
En 1962, à l’indépendance, la commune prit le nom de Bordj El-Kiffan.

Bordj El KiffanVille balnéaire par excellence
La ville de Bordj El-Kiffan (Fort de l’eau) est une petite région balnéaire par excellence, avec une petite côte surprenante et très charmante. Malheureusement, ce bijou a perdu sa brillance depuis quelques temps, à cause de l’absence presque totale de l’entretien de l’environnement, et surtout le problème des eaux usées qui touche pratiquement toutes les plages de la ville aggrave un peu la situation. En effet, les plages de Lido, Sirène 1 et Sirène 2, la Verte-Rive, bateau cassé et bien d’autres sont très contaminés, et de visu on peut constater notamment la couleur de la mer qui est différente. Pire encore, les autorités locales autorisent la baignade dans ces plages, comme attestant les plaques implantées sur place. Bref, malgré la situation déplorable de ces plages, elles continuent à accueillir quotidiennement des milliers d’estivants, de différents horizons pour y passer leurs journées ainsi que toutes les vacances d’été.

Le secret des plages, le paysage
En dépit de la contamination des eaux de la mer, certains estivants et même les habitants sont restés fidèles à ces plages, selon eux, leur paysage oblige. Si vous êtes auprès du fort turc de la ville, une vue extraordinaire et dominante vous y sera offerte, car à partir de là, non seulement une belle vue sur mer est assurée. La côte algéroise, le minaret de la grande mosquée, les tours, et toute la baie d’Alger ne peuvent pas manquer votre regard. D’autant plus, l’autre côté de la rive de Tamenfoust (la Pérouse), et jusqu’à Aïn Taya sont aussi visibles de cet endroit fabuleux. Tous les anciens qui ont vécu dans cette ville nous ont assuré que « Fort de l’eau » était « le petit Paris d’Alger », Ammi Mohamed nous a fait savoir qu’: « à l’époque Fort de l’eau était très bien réputée avec ses restaurants, ses bars et surtout par ces glaceries, en plus de ces plages etc. Aujourd’hui, notre ville se trouve dans une situation lamentable. D’ailleurs, je ne veux même pas évoquer les causes pour que je puisse garder la belle image qui est gravée à jamais dans ma tête », a-t-il déploré. « Nos plages étaient parmi les meilleurs du bassin méditerranéen, aujourd’hui, vous pouvez faire le constat tout seul, même s’il y a quelques années, l’Etat a fait des travaux de réaménagement de littoral afin d’essayer de donner un nouveau souffle à notre ville, oui c’est bien, mais le manque d’entretien de l’environnement et des plages agace les décors », a-t-il souligné. Ajoutant : « des projets d’aménagement du littoral ont été réalisés, des petites infrastructures ont été mises à la disposition des vacanciers parmi lesquelles les piétonnières sur mer dites «T», aussi, un dispositif d’éclairage public a été également réalisé sur ce petit quai de promenade. Tout cela devrait donner une belle image de la ville, mais la salubrité a pris d’assaut, dommage!»

Bordj El Kiffan plageLes eaux usées le grand souci des estivants
Les habitants rencontrés sur les lieux, mais aussi les pêcheurs disent avoir tiré la sonnette d’alarme, mais sans résultat. Un autre habitant se demande où sont passés les responsables et les associations chargées de la protection de l’environnement et d’assurer la santé des citoyens.
La colère se lisait dans les yeux de ces pêcheurs amoureux de la mer, qui ont été les premiers à donner l’alerte sur cette situation qui touche en premier la santé publique et qui nuit à l’environnement et aux écosystèmes marins. « la loi interdit le déversement, l’immersion et l’incinération dans les eaux maritimes sous juridiction algérienne de matières et substances susceptibles de porter atteinte à la santé publique et aux écosystèmes marins, de nuire aux activités maritimes, d’altérer les eaux, de dégrader les valeurs d’agrément de la mer et des zones côtières et de porter atteinte à leur potentiel touristique. »

La sécurité et l’hygiène, le défi majeur des autorités
En dépit des constats faits sur place, les plages de sable fin qui s’étalent tout le long du littoral sont prises d’assaut par des vacanciers, mais aussi des émigrés préférant passer les vacances en Algérie. Toutefois, alors que le défi majeur des responsables locaux est d’offrir aux estivants les meilleures conditions possibles, ils doivent accorder la primauté à la sécurité-hygiène. Sachant, qu’il est indispensable d’instaurer une sécurité et une hygiène pour ceux qui sont restés fidèles à la ville.

Les « parkingeurs » dictent leur loi
Il est utile de signaler qu’il y a des jeunes qui ont accaparé les places de stationnement qui se trouvent sur le front de mer de Lido. Ils exigent des visiteurs venus se détendre le payement du droit de stationnement.
Ces jeunes chômeurs, autoproclamés « parkingeurs », n’hésitent pas à imposer leur diktat aux visiteurs les plus récalcitrants. Pour ceux qui garent leurs véhicules bien avant l’arrivée de ces jeunes, ils sont vite repérés sommés de s’acquitter des droits de stationnement, tout en les obligeant à payer la somme de 100 DA. Cela dit, la plage est payante malgré les dernières mesures prises par le ministère de l’Intérieur. Alors qu’il y a des écriteaux qui précise que la plage est gratuite conformément à la loi.

Bordj El KiffanLes accapareurs des plages imposent leurs règles
Contrairement au stationnement qui est l’autre point noir de ces plages, il semble que les directives édictées par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, à savoir le non-accaparement des espaces et la non-provocation de gêne quelconque ou de désagrément auprès des estivants, sont apparemment grandement respectées dans certaines plages de Bordj El-Kiffan. A Sirène 1 et 2, les gens peuvent installer tranquillement leurs parasols, tables et chaises, alors qu’il y a aussi des groupes des jeunes qui gèrent des espaces bien déterminés et limités dans ces plages, puisqu’ils sont autorisés par les services de la wilaya d’Alger ainsi que par ceux de l’APC d’exercer leur activité. Nous avons constaté que ces jeunes proposent leurs services aux familles venant pour passer la journée sans insister.

Musée Fort turc de Bordj El-Kiffan délaissé
D’après les données du Centre national de recherche en archéologie, le Fort de Bordj El-Kiffan est un ancien fort turc construit sur un rocher dominant la mer, d’où son nom. Il a été construit en 1835 par des Mahonnais qui se spécialisèrent dans les cultures maraîchères. Durant la période Ottomane 1515-1830 à cet endroit s’élevait, au milieu du rivage, un rocher abrupt au sommet duquel le pacha Mohammed Kurdogli fit jeter, en 1556, les bases d’un fort pour mieux surveiller l’entrée de la baie d’Alger, mettre la ville à l’abri des coups de mains et faire obstacle, surtout, aux tentatives audacieuses, comme celle essayée par le puissant empereur Charles-Quint quelques années auparavant.
Ce fort, appelé Bordj El-Kiffan, c’est à dire la forteresse des précipices, ne put être définitivement achevé qu’en 1581, par Djfar-Pacha. A l’intérieur même du bâtiment est creusé un puits qui donne une excellente eau potable. Ce fort était bâti sur une île avec un pont-levis, précise la même source. Aujourd’hui, le symbole de la ville se trouve dans une situation archaïque, ce patrimoine est carrément abandonné !
Mohamed Wali

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