Accueil MONDE Venezuela : révoquer Nicolas Maduro, une longue course d’obstacles

Venezuela : révoquer Nicolas Maduro, une longue course d’obstacles

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Si l’opposition vénézuélienne a réuni les signatures nécessaires pour lancer le processus d’un référendum contre le président socialiste Nicolas Maduro, il ne s’agit que de la première étape d’une longue course d’obstacles.
Les prochaines étapes
Après avoir collecté 2,5 millions de signatures en deux jours plus de dix fois le minimum requis (195 721), la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD) les déposera en début de semaine au Conseil national électoral (CNE) pour qu’il les audite. Cet organisme aura cinq jours pour vérifier si le seuil de signatures a été atteint. Il définira ensuite les 200 lieux où les signataires devront valider leur choix en apposant leur empreinte digitale, une étape se déroulant aussi sur cinq jours.
Selon Eugenio Martinez, expert en questions électorales, l’organisme disposera ensuite de vingt jours pour vérifier et analyser la validité des signatures. La prochaine étape sera de réunir en trois jours 20% de l’électorat (3.959.560 personnes) qui devront signer et enregistrer leur empreinte pour activer le référendum. Si cette deuxième phase est franchie, le CNE fixera la date du référendum révocatoire, qui serait le deuxième organisé dans l’histoire du Venezuela, après celui contre l’ex-président, le défunt Hugo Chavez (1999-2013), qui fut un échec en 2004. Pour révoquer Nicolas Maduro, le « oui » devra dépasser les 7,5 millions de voix obtenues par celui-ci lors de l’élection présidentielle de 2013.

Les délais
Le juriste José Ignacio Hernandez calcule que toute la procédure jusqu’à l’organisation du référendum durera au maximum huit mois, sauf retard imposé par le CNE, organisme réputé proche du gouvernement. Eugenio Martinez, plus pessimiste, estime que le délai peut s’allonger, compte tenu notamment du fonctionnement à mi-régime du secteur public, les fonctionnaires ne travaillant plus que les lundi et mardi pour économiser l’électricité.
Valider son empreinte digitale, pour les signataires, peut aussi s’avérer compliqué alors que le président a imposé que le courant – essentiel pour alimenter les machines biométriques – soit coupé quatre heures par jour. En outre, le CNE pourrait argumenter qu’il a besoin de plus de temps pour auditer les signatures car l’opposition en a remis beaucoup plus que nécessaire, note M. Martinez.

De nouvelles élections ?
Le délai est une question cruciale: l’opposition souhaite organiser le référendum avant le 10 janvier, qui aurait été la date-anniversaire des quatre ans de mandat de Chavez, Maduro étant censé compléter ce mandat de six ans.
Si le référendum survient avant, le Venezuela irait vers de nouvelles élections. Mais à partir du 10 janvier, tout référendum couronné de succès ne mènerait qu’à une chose: le remplacement de M. Maduro par son vice-président Aristobulo Isturiz, du même parti.
Le gouvernement devrait donc tout faire pour ralentir la procédure, par exemple en invoquant devant la justice de possibles irrégularités dans la collecte de signatures, selon Eugenio Martinez.
D’ores et déjà, Nicolas Maduro a prévenu que la Constitution l’autorise à suspendre « des événements de caractère électoral » en situation d’urgence économique, qui est justement celle instaurée en janvier malgré les protestations du Parlement.

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