C’est un véritable cri d’alarme sur la situation des mères célibataires en Algérie que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a lancé, mardi, à la veille de la célébration de la Journée internationale de la femme (le 8 mars) à travers un communiqué publié à cette occasion.
Intitulé : « la tragédie des mères célibataires en Algérie », Houari kaddour, secrétaire national chargé des dossiers spéciaux à la LADDH, a lancé à travers ce communiqué un appel aux autorités publiques pour une prise en charge efficace des mères célibataires et de leurs enfants. Le bureau national de la LADDH a fait savoir, à cet effet, que le nombre des mères célibataires, un tabou qui pèse toujours sur la société algérienne, a atteint les 10 000 cas, soulignant que 1 000 cas de mères célibataires sont enregistrés annuellement. Des chiffres qui relèvent l’ampleur d’un phénomène qui nécessite, selon la LADDH, « un traitement objectif de la part de la société qui le considère toujours comme un sujet à éviter vu son extrême sensibilité de fait que la mère célibataire ait mis au monde en enfant d’une manière illégale et que cela touche avant tout à l’honneur de la famille et à sa place aux yeux du monde ». Dans le même sillage, dans son analyse de ce phénomène, la LADDH a situé les principales causes qui expliquent l’étendue du phénomène des mères célibataires en Algérie. De ce fait, la non dénonciation des crimes de viol de crainte de scandale et de déshonneur pour la famille, la désintégration du noyau familial et une éducation défaillante s’ajoutant à des troubles psychologiques et la sous-estimation des conséquences et des troubles d’adolescence figurent parmi les principales causes. Par ailleurs, Houari kaddour a dénoncé « des discours glorieux de la part des responsables publics et qui ne reflètent pas du tout la réalité de la situation vécue par les mères célibataires». Pour la LADDH, tout ce qu’endurent les mères célibataires de fragilité et d’exclusion les rend plus exposées aux multiples violences et discriminations. « Surtout que le parcours des mères célibataires pour octroyer leurs droits reste très long et rempli de contraintes et de frustration traduites dans une réalité humaine brisée, les rendant enchainées devant des vagues de violences et de refus émanant d’un partenaire qui persiste à refuser son enfant et devant une famille qui lève toute responsabilité sur elle» ajoute le même responsable. Certaines de ces mères célibataires tentent d’éviter cette situation dramatique en recourant à l’avortement. La LADDH a noté aussi et selon des chiffres non-officiels plus de 300 cas d’avortement en dehors des institutions hospitalières publiques chaque année, faisant remarquer que les cas d’avortement tentés pas ces mères n’aboutissent pas toujours. Pour remédier à cette situation amère dans laquelle vivent les mères célibataires, la LADDH a proposé aux autorités publiques une série de mesures pour préserver efficacement les droits de cette tranche fragile de la société. À cet effet, la LADDH propose entre autre, de garantir le droit à la vie et garantir l’intégrité psychologique et physique pour les mères célibataires et leurs enfants, garantir aux enfants des mères célibataires les droits sociaux, économiques et culturels et mettre en synergie toute la législation et les lois nationales avec les conventions internationales et notamment la convention sur l’élimination de toute forme de discrimination envers les femmes (SIDAW). D’autres propositions qui vont dans le renforcement des droits des mères célibataires figurent aussi, à l’instar de : l’institution d’un fonds et d’octroyer aux mères célibataires une pension mensuelle et un logement, ce qui va permettre de porter secours à cette frange de la société avec les enfants et d’empêcher que leurs mères versent dans l’interdit et aussi une coordination avec les secteurs de la Santé, l’Éducation et la société civile dans les domaines de la sensibilisation et d’accompagnement des mères célibataires et leurs enfants, car améliorer la situation des mères célibataires et de leurs enfants et la protection de leurs droits est une importante démarche pour lancer les fondements d’une société de l’égalité garantissant la citoyenneté à part entière à tous les membres de la société sans discrimination aucune et sans exclusion.
Hamid Mecheri
