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Séisme de 5,3 à Mihoub (Médéa) : près de 80 blessés dont des cas graves et des effondrements

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Le bilan de la Protection civile fait état de 29 personnes blessées et 59 autres en état de choc ainsi que des dégâts matériels au niveau d’habitations suite à la secousse tellurique d’une magnitude de 5,3 sur l’échelle de Richter enregistrée dimanche matin à 00h54, et dont l’épicentre était situé à 10 km au nord-ouest de la commune de Mihoub, dans la wilaya de Médéa selon le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG).

Le séisme qui a été ressenti à travers de nombreuses wilayas du nord du pays comme Alger, Tipaza, Boumerdès, Blida ou encore Bouira et Tizi Ouzou, réveillant plusieurs habitants en sursaut a causé une trentaine de blessés dont certains graves dans les communes proches de l’épicentre. Les blessures relevées sont principalement dues aux effondrements partiels de murs et de plafonds ainsi qu’à des mouvements de panique. Les blessés, atteints de fractures et de lésions corporelles jugées graves, ont été évacués vers différentes structures sanitaires de la région pour recevoir les soins nécessaires, a indiqué à l’APS le lieutenant Karim Benfahsi, responsable de la communication de la Protection civile. Le bilan détaillé dénombre 18 personnes blessées et 36 autres choquées dans la commune principale de Mihoub. La commune d’El Azizia fait état de 2 blessés et de 3 autres choqués, celle de Mezghana de 4 blessés et de 7 autres choqués suite à l’effondrement partiel des plafonds et murs d’habitations ainsi que des fissures partielles au niveau de quelques habitations. Trois personnes blessées et 10 autres choquées ont été recensées sur la commune de Tablat suite à des effondrements. S’ajoutent deux personnes blessées respectivement dans les communes de Béni Slimane et Sidi Rabie ainsi que 3 personnes choquées dans la commune de Meghraoua. Toutes les victimes ont été prises en charge sur place et évacuées vers les différents centres hospitaliers de la wilaya dont celui de Médéa. Un dispositif opérationnel de la Protection civile a été maintenu au niveau des localités concernées pour la prise en charge des citoyens. Par crainte des répliques, de nombreux habitants ont décidé de ne pas revenir à leurs domiciles. En effet, quatre répliques ont été enregistrées durant la nuit de samedi à dimanche. La première de magnitude 3,4 à 01h00 du matin, la deuxième de 3,9 à 02h54, la troisième de 3,5 à 05h09 et la quatrième d’une magnitude de 4,4 à 06h23 du matin. La région de Médéa et Tablat ont connu ces dernières semaines une série de secousses de magnitude plus ou moins intenses –3,7 à 5 – ayant endommagé certaines habitations. Le 16 mai dernier, un séisme d’une magnitude de 4,9 sur l’échelle ouverte de Richter également ressenti à Alger s’est produit dans la wilaya de Médéa. Le bilan faisait état de 4 blessés et des dégâts minimes tels que des effondrements de toitures en tuile et de fissures murales.
Ces secousses bien que minimes provoquent néanmoins des mouvements de panique souvent à l’origine des accidents et des blessés. En effet, la population ne possède pas les bons réflexes en cas de séisme et les campagnes de préventions même si elles se multiplient restent insuffisantes. L’état des habitations est aussi préoccupant. Il faut noter que sur une grande partie du territoire, petites et grandes villes confondues, bon nombre de constructions sont vétustes et précaires et menacent malheureusement d’effondrement en cas de séisme. Les conséquences et surtout le bilan humain pourraient être lourds si un tel scénario se produisait. Le professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche, expert en numérique et génie parasismique et président du Club des risques majeurs, dresse un bilan alarmant sur l’urbanisme dans notre pays parlant même « d’anarchie ». Selon lui, « 80% des constructions érigées après le séisme de 2003 l’ont été sur des terrains non constructibles ou encore sur les failles sismiques et des terrains liquéfiables ». Cette remarque concerne aussi bien les habitations construites par les particuliers que par les grands promoteurs immobiliers, ainsi que les autoroutes. Pour lui, «quand le sol est mauvais, on n’a aucune chance de survivre à un tremblement de terre de forte intensité. Mais quand le sol est bon, on a 70% de chances d’y échapper» même si aucune garantie face à ces phénomènes non prévisibles que sont les séismes.

Ne rien laisser au hasard
L’Algérie, notamment la région côtière, connaît une activité sismique continue. Cette forte sismicité vient de sa situation au point d’impact entre les plaques africaine et eurasienne. L’éventualité d’un séisme dévastateur planant sans cesse sur le pays, les autorités publiques prennent la menace très au sérieux et se préparent. Depuis le tremblement de terre meurtrier de Boumerdès en mai 2003, le gouvernement s’est doté de nouveaux moyens pour prévenir le risque sismique. Cette mission a été confiée au Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS), un organisme sous tutelle du ministère de l’Habitat. Sa principale mission : prévenir le risque sismique via des études destinées à réduire ce dernier, la formation, l’information et surtout la recherche expérimentale a précisé son directeur, M. Mohamed Belazougui. « Pour faire des recherches expérimentales, il faut disposer des moyens nécessaires, d’où l’idée de créer un laboratoire de génie parasismique », indique Belazougui. Unique en Afrique et dans le monde arabe, le laboratoire algérien de génie parasismique, situé dans la commune de Sebbala à Alger, réalise principalement des tests sismiques sur modèles réduits afin de tester la résistance des spécimens réalisés à cet effet grâce à un équipement performant composé entre autres, d’une table vibrante, appelée aussi simulateur de séismes, d’une dalle d’essais et d’un mur de réaction, le tout régi par un matériel ultra sophistiqué.
Compte tenu de l’évolution importante de la cadence régulière des séismes depuis 2003, le Craag prévoit la mise en place d’un réseau d’alerte rapide et une cartographie « officielle détaillée » pour évaluer les dangers des séismes en Algérie, dont le nombre est estimé à 1 400 par semaine dont 80% ne sont pas ressentis. Cette cartographie portera selon le directeur du centre, M. Chaouech Yelles, «en détail» sur toutes les wilayas du pays en particulier celles situées au Nord, région la plus exposée. Par ailleurs, des exercices de simulations d’interventions et de secours suite à une catastrophe sismiques impliquant des détachements d’agents de la Protection civile ont été mis en place dans différentes wilayas comme celles de Bejaïa et Ghardaïa. Théoriques et pratiques, elles ont pour but d’évaluer, de développer et de perfectionner les méthodes d’interventions d’urgence et les moyens techniques utilisés afin d’atténuer au maximum les conséquences humaines et matérielles d’un sinistre sismique. L’autre but de ces exercices est d’expérimenter le fonctionnement des systèmes de communication et l’efficacité de la chaîne de commandement entre les différents intervenants. Allant dans le sens de cette politique préventive, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a annoncé récemment l’installation d’un Comité national intersectoriel de prévention des risques majeurs et de gestion des catastrophes qui s’inscrit au titre de l’application par l’Algérie des recommandations de la 3ème Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophes qui s’est tenue à Sendai au Japon en mars 2015. Sa principale mission : coordonner les actions de l’ensemble des structures compétentes pour une meilleure prévention et gestion des risques majeurs en termes de mobilisation de moyens humains et logistiques.
Anissa Benkhelifa

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