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Réunion de la Ligue arabe sur la Libye, mardi : l’examen de l’intervention militaire au menu

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C’est demain que se tiendra, au Caire (Égypte), la réunion d’urgence du Conseil de la Ligue arabe, au niveau des délégués permanents, pour discuter, en vue de dégager la voie qui apportera les réponses aux questions: quand, comment et qui interviendra en Libye,  dans le cadre de la lutte contre les terroristes de Daech. C’est en réponse à l’appel lancé, samedi dernier, par le gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, demandant aux États arabes à mener des frappes aériennes contre Daech, que l’Organisation de Nabil el-Arabi a décidé de tenir sa réunion sur la Libye, ce mardi. L’ annonce de la «réunion d’urgence», sur la Libye, est faite par l’ambassadeur jordanien, en Égypte, et représentant permanent du Royaume hachémite de Jordanie, auprès de la Ligue arabe, Bechar Al-Khasawneh. Le gouvernement d’Abdallah Al-Theni a exhorté, dans son appel, «les États frères arabes à mener des frappes aériennes contre les positions du groupe terroriste Daech à Syrte», est-il précisé. Même si l’appel en question n’est pas le premier que lance le gouvernement libyen, installé à Tobrouk, il intervient, cette fois-ci, faut-il le noter, dans un contexte différent, de celui lancé, en août dernier, par des députés libyens, réunis à Tobrouk, en votant une résolution appelant à une intervention étrangère, «immédiatement». Ou de l’appel lancé, janvier dernier, par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Trois nouvelles donnes, en effet, marquent la nouvelle conjoncture de la Libye, de la scène régionale et aussi de la scène arabe. L’Organisation de Nabil el-Arabi, représentant les États arabes, a donné son feu vert pour une intervention militaire étrangère, dans un pays arabe, ouvrant la voie, ainsi, aux opérations de l’Otan en Libye, en 2011. Le prédécesseur de Nabil el-Arabi, à la tête de la Ligue arabe, Amr Moussa, a enregistré un autre précédent, après celui de l’invasion de l’Irak par les troupes américaines, étant donné que, historiquement, cette Institution arabe s’est toujours refusée de voir un pays arabe attaqué par un autre État arabe. Ce qui n’est plus le cas, après l’intervention militaire de l’Arabie saoudite, dans la crise au Yémen, avec, notamment, la formation d’une coalition militaire de certains pays rabes que dirige les Saoudiens dans leur guerre contre le Yémen.

Appel à une intervention, alors que le dialogue inter-libyen se tient à Genève
Sur un autre plan, l’appel du gouvernement de Tobrouk a été lancé, au moment ou Genève abrite, pour la première fois, une rencontre de l’ensemble des acteurs libyens, dans le cadre du processus de dialogue inter-libyen, que dirige le responsable onusien, Bernardino Leon. Un appel qui intervient, aussi, après l’annonce en direct, mardi dernier, sur une chaîne de TV libyenne, d’Abdallah El-Theni, de son intention de démissionner, affirmant qu’il «la présenterait (sa démission), officiellement, dimanche prochain (hier, ndlr)», a-t-il précisé.
Avec le dialogue inter-libyen en cours, à Genève, l’annonce précitée d’El-Theni aggrave la situation des conflits armés entre fractions libyennes et l’armée du général Haftar et la crise politique, avec l’existence de deux gouvernements en Libye, le terrorisme s’est installé en Libye, dont celui que pratique les sanguinaires de Daech. Des actes barbares sont commis par ces hordes à Syrte, une ville qui, dans un passé récent, était considérée comme la perle de la rive sud de la Méditerranée. Situation chaotique dans ce pays, qui, elle, s’est installée après le vide laissé par l’effondrement de l’État libyen, sous les frappes de l’Otan. La Ligue arabe revient à la charge pour se pencher, ce mardi, sur les réponses à apporter à l’appel du gouvernement de Tobrouk, demandant des frappes militaires contre Daech, soit une intervention militaire. Une demande qui vient à contre sens des leçons tirées des autres interventions étrangères, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,  pour ne citer que l’Afghanistan et l’Irak, alors qu’en Syrie les groupes terroristes, Djabhet en-Nosra et notamment ceux de Daech, perdent du terrain, face à l’avancée des forces militaires de la République syrienne. Par ailleurs, la Coalition militaire occidentale contre Daech, conduite par les États-Unis et lancée l’été dernier, peine à éradiquer ces groupes, en Irak ou en Syrie, ce qui impose des interrogations sur les réels visées escomptées dans la lutte contre le terrorisme, dans ce cadre de coalition. Et de là, il est à s’interroger sur les desseins inavoués de la décision de tenir une «réunion d’urgence» selon les propos de l’ambassadeur de Jordanie, lequel son pays participe à la Coalition internationale contre Daech en Irak et en Syrie, ainsi que dans la Coalition de l’Arabie saoudite, dans sa guerre contre le Yémen. Le chaos ayant profité aux groupes terroristes, Daech est dans des pays arabes, pour ne citer que l’Égypte, la Tunise et la Libye. Sur le plan régional, après l’effondrement de la Libye, avec l’intervention de l’Otan, les conséquences ont été directes, notamment au Nord-Mali, plongeant le pays dans une situation politico-sécuritaire préoccupante, pour le Mali et ses voisins frontaliers.
La Nation étant le cadre déterminant de l’action politique, la Libye devra renouer avec la vie politico-constitutionnelle, pour se prémunir du pire scénario qui la guette, en l’absence d’un consensus inter-libyen, notamment pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. L’action militaire étant la pratique politique dans sa forme la plus violente, les Libyens, quatre ans après la crise de 2011, n’ont pas réussi, à ce jour, à régler leur différend par le bruit des armes.
Situation plus que confortable pour ceux qui s’appuient, à l’exemple de Daech, sur le chaos pour commettre leur barbarie, situation conduisant à des interventions étrangères, qui ont prouvé, faut-il le noter, leur échec, dans un passé non lointain, pourtant.
Karima Bennour

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