«Nous sommes satisfaits des conditions dans lesquelles se sont et se déroulent les travaux du congrès et nous seront satisfaits de ce que décideront les urnes». Tel est le condensé des propos accordés à la presse, hier à Alger, par l’ex-ministre d’État, et membre du Majless Echoura sortant du parti MSP, Aboudjerra Soltani au troisième et dernier jour du 7ème congrès exceptionnel du parti islamiste, abrité au sein de la Coupole Mohamed-Boudiaf d’Alger.
Un peu plutôt, en fin de matinée d’hier, Abdelmadjid Menasra arpentait les allées en compagnie de deux de ses lieutenants et ne semblait pas du tout disposé à accorder la moindre déclaration. C’est que, ici et là, des grappes de congressistes s’affairaient à accorder leurs violons, et décider des consignes au sujet de ceux parmi les leurs qui seront cooptés à siéger au Majless Echoura, instance suprême entre deux congrès, et instance souveraine de la position politique du parti. Avant-hier vendredi très tard dans la soirée, la ligne de conduite, franchement opposée à rallier l’Alliance pré- sidentielle ou à faire partie du gouvernement a été adoptée. Les deux ailes du parti islamiste, celle considérée par la presse de «modérée» et l’autre de «radicale», ont pour le moins que l’on puisse dire, trouver un compromis. Il est en effet notoirement admis que le défunt Mahfoud Nahnah a toujours privilégié l’entrisme en guise de stratégie et de tactique. C’est en vertu de cet entrisme que Aboudjerra Soltani a accepté à ce que le Mouvement participe au gouvernement durant son mandat à la tête du parti. C’est un peu également cet entrisme qui a fait que l’Alliance MSP a accepté de participer aux rendez-vous électoraux, notamment les élections législatives du 5 mai 2017 et les locales du 24 novembre 2017 alors que le boycott des deux scrutins susmentionnés était dans l’air. Présentement, la donne politique est exacerbée par les présidentielles à venir de 2019 et dans son discours-rapport moral d’ouverture des travaux du congrès, le président en exercice du MSP en a rappelé l’importance, se jurant de ne pas faire dans la figuration. C’est ainsi qu’il a plus promis que prédit de faire du parti la première force politique à l’occasion des législatives de… 2022. Abderrezak Makri a aussi insisté qu’il n’était pas question de faire de la figuration ou servir d’alibi et de décor démocratique dans une quelconque alliance à venir, celle du FLN ou autre RND. Arguments à sa décharge, le MSP est demeuré la première force politique du courant islamiste représentée à la Chambre basse du Parlement. Son offre de consensus national doit maintenant être comprise comme un appel aux autres partis du courant islamiste de se ranger derrière l’école du défunt Mahfoud Nahnah. Le congrès, 7ème du genre, du MSP s’est déroulé les 10, 11 et 12 mai courant à la Coupole du 5-Juillet à Alger. La séance d’ouverture a vite fait place à une guerre des tranchées entre les militants et cadres ambitionnés du parti. Preuve en est qu’il a fallu toute une journée pour désigner les membres du Majless Echoura. La journée d’hier ne suffisait apparemment pas pour décider de la composante du Majless Echoura, instance suprême du parti entre deux congrès et seule habilitée à trancher sur la question de la présidence du parti. En aparté et même publiquement Makri avait réussi à s’imposer comme seul candidat à sa succession. De son côté, Aboudjerra Soltani a refusé pour rempiler pour un autre mandat et Abdelmadjid Menasra semblait satisfait de son mandat de député et de viceprésident du MSP. L’étape la plus délicate, à savoir la désignation des 260 membres de Majless Echoura, s’est déroulée en l’espace d’une journée. La désignation du président du parti s’en suivrait comme une formalité.
Farid Mellal