Accueil ACTUALITÉ Polémique sur l’enseignement dialectal : le FLN et le RND réagissent

Polémique sur l’enseignement dialectal : le FLN et le RND réagissent

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La question de l’enseignement des langues maternelles au cycle primaire, telle qu’elle a été recommandée lors de la conférence de l’Éducation, n’est pas perçue d’un même angle de vue parmi les partis politiques au pouvoir. En effet, le RND tempère les ardeurs pendant que son alter égo du FLN, voit, lui, un sujet qui fâche. Interrogés, les représentants de ces partis se sont livrés au «Courrier d’Algérie».

Mohamed Djemaï (FLN): «Une tempête dans un verre d’eau»
Pour Mohamed Djemaï, président du groupe parlementaire du FLN (Front de libération nationale), la ministre de l’Éducation, Nouria Benghebrit, à travers ses déclarations autour de son projet de réforme du système éducatif, n’a rien proposé de nouveau, ni en termes de vision politique, ni en matière d’idées innovatrices qui puissent faire avancer la question. «J’assimile cette recommandation à une tempête dans un verre d’eau. Benghebrit a raté l’occasion de se taire, elle aurait pu éviter de susciter une polémique qui n’a pas de sens, si ce n’est un débat qui a alimenté toutes les mauvaises langues», a estimé, hier, le député FLN, joint par téléphone pour avoir la position de son parti sur cette question. Et pour cause, notre interlocuteur soutient que l’enseignement des dialectes est un sujet caduc, et les Algériens n’en ont pas besoin selon lui, du fait qu’ils utilisent déjà les parlers comme moyens de communication et d’une façon quotidienne, a-t-il argumenté. Sur les critiques acerbes suscitées justement par la question, Djemaï en incombe la responsabilité, «bien entendu», à Benghebrit ayant donné, selon lui, «l’occasion à toutes sortes de manœuvres internes et externes, notamment les ennemis de la langue arabe d’un côté et certaines parties étrangères qui veulent déstabiliser le pays de l’autre, le tout, avec un appui médiatique», a-t-il accusé. Même si la ministre n’a dit pour autant déclarer promouvoir les dialectes aux dépens de la langue arabe, le responsable politique de l’ex-parti unique n’entend pas l’écouter de cette oreille. Il craint que ce projet ne soit une remise en cause d’une «langue officielle consacrée par la Constitution, une raison assez solide pour que Benghebrit s’en débarrasse si facilement d’une langue faisant le ciment des constantes nationales», a-t-il considéré. Djemaï ne s’est pas contenté de ces seuls propos. Plus loin, il a accusé la ministre d’«incompétente» et de «complexée». « Benghebrit cherche à travers ce projet à se voiler la face, parce qu’elle présente des difficultés avérées en matière de maitrise de la langue arabe», a-t-il chargé la première responsable du secteur. «Elle doit dépasser ce complexe, il n’ya pas de honte, elle n’a qu’à poursuivre des cours de perfectionnement en cette langue», a-t-il enfoncé le clou. Des critiques qui n’empêchent cependant pas le parlementaire de faire part de la position de son parti à ce sujet. «Nous sommes pour la langue arabe, pour l’enseignement des langues étrangères et la promotion de la langue Tamazight», a-t-il tranché. S’agissant justement de la place de la langue de Massinissa dans le giron du système éducatif, Djemaï affirme que là, le FLN apporte sa caution et son soutien à la ministre, pour son projet de généralisation de l’enseignement de Tamazight dans 20 autres wilayas du pays», comme l’a annoncé récemment Benghebrit. Pour lui, «cette langue représente une constante nationale qui fait partie du patrimoine linguistique du pays, de par la richesse de son histoire et de son identité millénaires», a-t-il ajouté. Enfin, Djemaï soutient que le problème de l’éducation ne se pose pas en termes de langue, mais qu’il est d’ordre économique. En ce sens, il prône la prise en charge par le recrutement des milliers d’étudiants sortant chaque année des universités.

Seddik Chihab (RND) : «Il faut dépolitiser la question»
De con côté, le RND (Rassemblement national démocratique), via son porte-parole, Seddik Chihab, ne veut pas verser dans une polémique qui n’est pas selon lui à l’ordre du jour, tant, le projet auquel tient Benghebrit, doit de prime abord passer par une procédure réglementaire, avant qu’il ne soit soumis ensuite au débat, a-t-il précisé. En effet, joint hier par téléphone, le cadre du parti d’Ahmed Ouyahia a déclaré: «pour nous, jusqu’au stade actuel des choses, ce ne sont que des recommandations qui ne font pas encore l’objet d’une application. Ceci étant dit, le projet doit passer en examen devant le Conseil des ministres avant d’être adopté et soumis ensuite à débat au Parlement. Il y’a encore du chemin à faire», a indiqué, d’emblée, notre interlocuteur. Contrairement à son alter égo, le responsable du RND reste prudent et ne compte pas se prononcer hâtivement sur un sujet qu’il qualifie de «sensible». Outre cette étape procédurale par laquelle le projet doit passer, la question incombe d’abord «aux experts et spécialistes du domaine avant qu’elle ne soit soumise à discussion. En tout cas, en termes de débats, nous n’avons pas encore tranché la question», a affirmé Seddik Chihab au bout du fil. Le porte-voix du RND appelle à la «sérénité» et tente de tempérer les ardeurs, en allusion aux déclarations fleuves, parfois mêmes incendiaires, de certains leaders politiques et responsables de la sphère éducative. «Il faut que le débat serein prime sur les préjugés et les considérations politiciennes, car, il y’a des parties qui ont politisé cette affaire», a-t-il déploré. Devant cette «cacophonie», le RND reste à l’écart et préfère «ne pas en rajouter une couche», a conclu Seddik Chihab.

Farid Guellil

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