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Libye : Haftar, un général controversé au cœur de la crise qui mine le pays

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Le général Khalifa Haftar, dont les troupes ont pris trois terminaux pétroliers, suscite admiration ou rejet en Libye où certains le considèrent comme un obstacle majeur au processus parrainé par l’ONU pour sortir le pays de la crise. Cheveux blancs contrastant avec ses sourcils noirs et sa fine moustache, M. Haftar, 73 ans, se présente comme un «sauveur» de la Libye. Mais ses rivaux l’accusent surtout de fomenter des coups d’état. Le chef proclamé de l’armée nationale libyenne (ANL) est considéré comme le promoteur de l’offensive surprise lancée dimanche, sur le «Croissant pétrolier», une région littorale de l’est où sont concentrées les principales installations pétrolières du pays. Ses forces ont pris dimanche et lundi, sans grande difficulté, le contrôle de trois terminaux qui étaient aux mains d’une milice ayant prêté allégeance au gouvernement d’union nationale (GNA). Peu loquace dans les médias, le général ne s’est pas exprimé publiquement sur les raisons et les buts de cette offensive. Originaire de Cyrénaïque (Est), M. Haftar est sorti de l’ombre au début de la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011 à laquelle il a pris part.
Quatre décennies plus tôt, ce soldat formé dans l’ancienne Union soviétique, avait adhéré au coup d’état militaire de 1969 qui avait renversé la monarchie des Senoussi et mené Kadhafi au pouvoir. Il participe à la guerre libyo-tchadienne (1978-1987) à la tête d’une unité, mais est fait prisonnier. Il est alors lâché par Kadhafi, qui affirme que le général ne fait pas partie de son armée.

Long exil
Les Américains parviennent à le libérer, lors d’une opération qui reste aujourd’hui encore une énigme, et lui accordent l’asile politique aux états-Unis, où il rejoint le mouvement de l’opposition libyenne à l’étranger.
Après plus de vingt ans d’exil, M. Haftar retourne en mars 2011 à Benghazi, la grande ville de l’est libyen.
Peu après la chute de Kadhafi, en octobre 2011, environ 150 officiers et sous-officiers le proclament chef d’état-major, une nomination qui n’a toutefois jamais été officialisée. Depuis 2014, il mène une opération militaire aux résultats incertains pour «libérer» Benghazi, devenue un fief de milices islamistes lourdement armées. Pour cela, il bénéficierait du soutien, non déclaré, de pays étrangers. La France avait annoncé en juillet la mort de trois de ses militaires dans un accident d’hélicoptère en Libye, où ils menaient une mission de renseignement auprès de ses forces. Cette présence a été jugée comme une «ingérence inacceptable» par le chef du gouvernement d’union nationale (GNA), qui s’est implanté à Tripoli au printemps avec le soutien de l’ONU et des pays occidentaux dont la France. Mais la légitimité du GNA, soutenu par des milices de l’ouest du pays, n’est pas reconnue par les autorités de l’est, en particulier M. Haftar.
Avec son offensive sur le Croissant pétrolier, M. Haftar cherche à «profiter de l’épuisement» des forces pro-GNA qui combattent les jihadistes à Syrte et «à saboter toute négociation sur l’avenir du gouvernement d’union», selon Mattia Toaldo, expert de la Libye à l’European Council on Foreign Relations.

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