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Le SG des travailleurs de l’Éducation, Boualem Amoura, dévoile l’isolement des enseignants chargés des sujets du baccalauréat : 37 jours coupés du monde…

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Ce n’est qu’une fois les épreuves du baccalauréat terminées que les enseignants, qui avaient pour mission de choisir les sujets d’examens, ont pu être «libérés» après une période de 37 jours passée au centre de l’ONEC à El Biar (Alger), complètement coupés du monde extérieur. Bien que ce travail soit volontaire et surtout rémunéré, certains enseignants ont déclaré à la fin de la session du bac précédente avoir frôlé la dépression et avoir même vécu le calvaire.

Dans cet entretien, le Secrétaire général des travailleurs de l’éducation et de la formation, Boualem Amoura, revient sur les différentes étapes qui précèdent la période dite de refrènement des enseignants. Il met, également, plus de lumière sur cette méthode appelée aujourd’hui à être révisée.

Le courrier d’Algérie : A travers des organes de presse, des enseignants s’étaient plaints à leur sortie du centre de l’ONEC d’avoir souffert le martyre, en raison de leur enfermement pendant plus d’un mois. Il y a eu même ce cas d’un enseignant qui a perdu un proche mais qui n’a pas pu assister à son enterrement. Qu’elle est votre point de vue?
Boualem Amoura : avant de répondre à cette question, il faut d’abord faire un petit tour des lieux et commencer depuis le point de départ, c’est-à-dire le moment ou commence réellement l’opération de préparation des sujets du baccalauréat. Il faut savoir que celle-ci débute le mois d’octobre de chaque année. Les inspecteurs des différentes matières sollicitent les enseignants qu’ils jugent aptes à proposer un sujet d’examen, ce qui donne suite à une panoplie de sujets proposés. Une fois cette étape achevée l’on procède vers le mois de mars à avril, à l’installation d’une commission réduite de 10 à 15 inspecteurs et enseignants qui sera également chargée de choisir une dizaine de sujets pour chaque matière. A un mois du BAC, est entamée alors cette période d’isolement, qui faut-il le noter, ne concerne pas seulement les enseignants, mais aussi des inspecteurs, des cadres de l’ONEC et même des ouvriers professionnels. Ils auront pour mission de choisir définitivement le sujet qui sera proposé pour chaque matière mais aussi de l’impression de ces sujets. Cette opération se déroule, dans le secret le plus total, comme vous le savez. Le personnel mobilisé pour cette tâche, sera coupé du monde extérieur, quoiqu’il arrive.

Ces enseignants sont ils obligés de faire ce travail ou bien ils ont le libre choix ?
Si un enseignant n’est pas intéressé par ce travail, il n’à qu’à dire qu’il n’a pas de sujet à proposer. Ils ont, donc, le libre choix. Il faut savoir aussi que ce n’est pas du bénévolat. Non seulement, ils sont payés pour, mais ils savent également dans quelles conditions se déroule l’opération. Aujourd’hui, il n’y a pas lieu de se lamenter. Il faut assumer.

Ne pensez vous pas que cette méthode d’enfermement est un peu trop radicale ?
Si, elle l’est. Nous n’avons pas cessé de le dire, d’ailleurs. Il y a le cas de cet enseignant qui a perdu son père, et qui n’a malheureusement pas pu assister à son enterrement, ce n’est pas facile, car même les prisonniers quand ils perdent un proche, ils sont escortés par la police pour assister à l’enterrement. Mais là, c’est trop radical. Puis, c’est un peu normal pour quelqu’un qui perd sa mère ou son père sans le voir, de réagir comme l’a fait cet enseignant.

Qu’est ce que vous proposez en parallèle ?
Avant de parler de proposition, il y a lieu de souligner qu’il existe un problème de confiance, car si l’on fait une comparaison avec les autres pays, il n’ y a que chez nous que les enseignants sont isolés pour une aussi longue période. Dans les pays qui respectent les normes internationales, les sujets du Bac sont acheminés vers le bureau du proviseur une semaine avant le début des épreuves.
Il y a bien sûr l’anonymat qui est respecté, mais il n y a pas toute cette méthode radicale. Pour revenir à ce que notre syndicat propose, dans ce domaine, je citerai la réduction de cette période de séquestration à au moins 15 jours au lieu de 37. C’est largement faisable, sachant que tous les moyens sont disponibles. Il faut noter que l’ONEC dispose déjà d’une banque de données, c’est-à-dire un nombre important de sujets, ce qui permet de ne pas mobiliser chaque année autant de fonctionnaires. L’ONEC peut charger deux inspecteurs par matière seulement, pour cette mission. Cela réduira, notamment, le coût de cette opération qui revient cher pour l’État en raison de la prise en charge de tout ce personnel. C’est des propositions que nous allons soumettre à madame la ministre, Nouria Benghabrit.

Avant de terminer cet entretien, avez-vous déjà visité le centre de l’ONEC ? Si c’est oui, il est dans quel état ?
En effet, j’ai déjà été sur les lieux. Je peux vous dire que jusqu’à l’année passée, les conditions de travail dans ce centre étaient misérables, inacceptables. Partant de l’endroit ou dormaient les profs, à l’endroit où ils étalaient leur linge, et même l’état des salles de travail, c’était juste catastrophique. Seulement, après la décision de Mme la ministre de le rénover, après les fuites des sujets du baccalauréat en 2016, il n y a rien dire, tous les moyens y ont été installés. Les conditions de travail sont beaucoup plus agréables.
Ania Nait Chalal

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