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Lakhdar Bouregâa fait le point sur le dossier mémoriel entre l’Algérie et la France : «Demander seulement des indemnisations à la France est une humiliation»

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«Lorsqu’on parle de l’indépendance de l’Algérie, on doit s’interroger pour savoir de qui sommes-nous indépendants et de quoi ?», a questionné Lakhdar Bouregâa, avant d’opposer la réponse suivante : «Aujourd’hui, on vit dans un monde injuste où le pays le moins dépendant est devenu un non-sens», renvoyant de ses propos aux desseins de l’ancien système colonial et puis au néo-colonialisme, qui a vu des ingérences manifestes et des interventions militaires de l’Occident dans des pays de la région du Sahel et du Moyen-Orient.

Pour le cas de l’Algérie, le dossier de la mémoire est un contentieux de guerre non encore assumé par la France coloniale aussi bien les crimes qu’elle a commis sur les civils et les militants algériens. C’est-à-dire, aller au-delà du fait de reconnaître l’assassinat du militant Maurice Audin, aussi symbolique fut-il le geste de l’actuel chef d’État français, largement salué dans son pays et moins l’était la réaction de l’opinion algérienne. Le 13 septembre dernier en effet, le président Macron a déclaré avoir reconnu officiellement que Maurice Audin a été assassiné par les parachutistes de l’armée française lors de la Bataille d’Alger en 1957. Cette reconnaissance tranche avec la thèse d’évasion longtemps entretenue par la France officielle 61 longues années durant. Toutefois la décision de Macron, quoiqu’elle se distingue de celles de ses prédécesseurs immédiats, François Hollande et Nicolas Sarkozy, aura été l’arbre qui cache la forêt. «Un poisson d’avril au mois de septembre», a commenté encore une fois l’ex-officier de l’ALN à la Wilaya IV historique, qui a préféré faire parler une photo datant de l’ère coloniale, qu’il a exhibée à l’occasion, et qui montre un groupe d’Algériens massacrés au napalm par l’aviation française. Pour ne pas dire, les intentions de la France sont toujours les mêmes aux yeux de l’invité du Forum du Courrier d’Algérie. «Regardez par exemple l’affaire des pieds-noirs et des harkis. Petit à petit, ils tentent de remettre les pieds en Algérie. Aujourd’hui, on parle d’indemnisation des victimes de la France coloniale. Demain encore, qui sait, peut-être des Français viendront demander à des Algériens résidant à Alger de s’acquitter des frais de location sinon quoi ils seraient délogés», a détaillé le conférencier comme pour mettre à nu les louvoiements des autorités françaises sur le dossier de la mémoire de la Révolution algérienne. D’autre part, Bouregâa rappelle les propos du prédécesseur de Macron. «Dans son temps, Sarkozy a déclaré que les nouvelles générations ne doivent pas payer ce que leurs aïeux ont commis en Algérie. Ce qui est vrai d’ailleurs, la déclaration a fait polémique. Peu après, il déclarera qu’il y a des dépassements en Algérie mais il n’a jamais parlé de crimes», a-t-il expliqué lucidement, loin d’être obnubilé par l’annonce faite récemment par le président Macron. Preuve en est que, il estime que la posture du chef d’État français ne s’inscrit pas moins que celle de ses prédécesseurs. Autrement, elle va dans le sens des «intérêts de la France», contrairement à ce qu’auraient pensé l’opinion française et une partie de l’opinion en Algérie. «On parle d’indemnisations des victimes du colonialisme ?», s’est encore interrogé l’ex-commandant de la Wilaya IV historique. Pendant qu’on y est, «que la France répare alors tous les dommages qu’elle a commis depuis 1830. Qu’on fasse le bilan des dommages causés pendant des années», a-t-il mis au défi les autorités françaises, comme pour aussi dire qu’il ne s’agit pas uniquement de réparer sur le plan matériel un préjudice, mais de reconnaître les massacres commis en Algérie.
Farid Guellil

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