Accueil Culture+ Il aurait eu 100 ans : Frank Sinatra dévoile ses secrets

Il aurait eu 100 ans : Frank Sinatra dévoile ses secrets

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Pour le centenaire de sa naissance, des enregistrements inédits du chanteur viennent de faire leur apparition. Tandis qu’une biographie explosive éclaire sa part d’ombre. Sinatra a beau être considéré comme le plus grand crooner de tous les temps, les nouvelles générations ne réalisent pas à quel point cet Américain d’origine italienne provoqua un phénomène de société aussi violent qu’Elvis et les Beatles après lui. Ses apparitions déclenchaient des scènes d’hystérie chez les jeunes filles, ses albums furent détruits en place publique par des associations religieuses, car, pour faire perdre ainsi la tête, il fallait être l’incarnation du démon, n’est-ce pas ? Nouvelle stupéfaction en 2015 : sa discographie vient de s’accroître d’un coffret, « A Voice on Air 1935-1955 », contenant une centaine d’enregistrements inédits. Des inédits de Sinatra, comment est-ce possible ? Tout simplement parce que ce sont des captations de ses émissions de radio. Le disque et la télévision n’étaient pas encore des médias populaires, un artiste n’existait que sur les ondes. Les enregistrements réunis ici – évidemment en mono – sont des documents exceptionnels où on entend Frankie avec son premier groupe, les Hoboken Four, et en compagnie des stars de l’époque : Bob Hope, Bing Crosby, Nat King Cole, Peggy Lee, Judy Garland…
L’aventure ne s’arrêta pas lorsque ses jeunes fans entrèrent dans l’âge adulte. Bien au contraire, elle prit une dimension nouvelle. L’homme évolua d’exceptionnelle façon en devenant un vocaliste de jazz recherché par Duke Ellington et Count Basie, le meilleur interprète du Great American Songbook et le crooner de référence. Il était à la fois séducteur et fragile, jouant à merveille le loser qui n’a plus qu’un billet de 10 dollars en poche et les bars minables pour aller s’épancher. Alors que dans la vie Sinatra était le contraire du pauvre type. La preuve avec « Sinatra Confidential », livre qui nous brosse le portrait sidérant et passionnant d’un parrain du show-business obsédé par le sexe, le pouvoir et la politique. Autoritaire et arrogant, désireux d’imposer sa loi sur le monde de la musique mais aussi de marquer celui de la politique et des affaires, il fréquente les frères Kennedy, pour lesquels il arrange des coups (dans tous les sens du terme) en plaçant des maîtresses dans le lit du président, et en négociant son soutien électoral avec la Mafia, dont il fréquentait les chefs. Las Vegas est son terrain de jeu et d’investissement. Il contourne les lois pour acheter des casinos en sous-main, le Strip est son Monopoly grandeur nature. L’auteur s’attarde aussi sur le Rat Pack, légendaire groupe réunissant Dean Martin, Sammy Davis Jr et Peter Lawford autour de lui. Dean Martin est un crooner surdoué mais paresseux, Sammy Davis un extraordinaire chanteur-danseur-imitateur qui souffrit toute sa vie d’être noir, borgne et juif, et Peter Lawford, un comédien dont la principale qualité était d’avoir épousé la sœur de John Kennedy. Sinatra joue les chefs de bande, les caïds avec qui il n’est pas prudent d’être en désaccord. Lawford fut banni à vie du Rat Pack (et ne s’en remit jamais) quand son beau-frère décida de ne pas descendre chez Sinatra à l’occasion d’un déplacement officiel à Palm Springs. Ce soir-là, ivre de colère, Sinatra détruisit lui-même à la masse l’héliport qu’il avait fait construire pour accueillir le président. Il régna trente ans sur Las Vegas et frôla souvent de très gros ennuis avec la justice et le FBI pour ses associations illégales et prises d’intérêt avec la Mafia. Mais on n’emprisonne pas un artiste-voyou quand il incarne aussi bien le rêve américain.

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