À quelques encablures du mois sacré du Ramadhan, les laboratoires Novo Nordisk Algérie et la Fédération algérienne des Associations de diabétiques ont lancé, pour la cinquième année consécutive, la campagne de sensibilisation «Diabète et Ramadhan». Est-t-il recommandé pour les diabétiques de jeûner ? De l’avis des spécialistes, le jeûne n’est pas sans risque pour les patients diabétiques. Alors, comment concilier diabète et Ramadhan ? Les éléments de réponse à cette question, en l’occurrence ce que dit le Coran, les indications et contre-indications médicales, conseils pratiques pour une bonne gestion de l’alimentation et du traitement ont été apportés, hier, au centre de presse d’El-Moudjahid, par le secrétaire général de la Société algérienne de Diabétologie, Samir Aouiche, et Mohand-Saïd Gari, directeur des relations publiques du laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk. Le but étant d’expliquer aux patients les risques liés au jeûne. «La décision, de jeûner ou pas, doit être prise par le médecin traitant, un mois ou deux avant le Ramadhan», a déclaré le Dr Aouiche, qui a longuement expliqué les répercussions dangereuses du jeûne sur la vie des diabétiques. De surcroît, l’intervenant a expliqué que «chaque patient est un cas particulier, et ne ressemble pas à un autre, c’est au médecin traitant de décider si le malade peut ou ne peut pas jeûner. Il y a des critères, des personnes très âgées qui ont des pathologies compliquées, qui ont une hypertension non stabilisée, des femmes enceintes, qui ont un problème cardiaque, toutes ces personnes ne peuvent pas jeûner». Dans le même ordre d’idée, le Dr Aouiche a regretté le fait que ces personnes soient «inconscientes» des dangers d’une telle décision sur leur vie, et prennent la décision de jeûner tous seuls sans prendre les recommandations des médecins et des imams. Aussi, l’intervenant a souligné que durant ce mois sacré les patients subissent d’importantes modifications des cycles hormonaux et biologiques. Hélas, le Dr Aouiche a cité quelques obstacles d’ordres psychosociaux qui poussent les patients à ne pas suivre les recommandations des médecins. À cet effet, il a donné les résultats de son enquête qu’il juge de «décourageants». Une enquête qu’il a réalisée au EPSP de Kouba et qui démontre que 60% des diabétiques de type I ont jeûné en 2014. 40% de ces jeûneurs disent avoir pris la décision de faire carême pour des convictions religieuses. Par ailleurs, 26% des patients ont évoqué l’influence familiale dans leur décision. Toutefois, il a souligné l’importance de l’accompagnement médical de ces malades. Ainsi, pour le diabétologue, le malade doit « se préparer et s’adapter » aux changements en termes d’alimentation, de traitement de sa maladie et de programme quotidien qui interviennent au mois du Ramadhan. De ce fait, il a souligné l’importance de l’hydratation et de manger sain durant le mois sacré. Il a appelé, également, à éviter les 3P (pain, pâtes, pomme de terre) et à ne pas éviter le repas du s’hour tout en mangeant léger au f’tour. Le diabétologue a, de plus, évoqué que les personnes vivant avec le diabète, la période du Ramadan est source d’importantes modifications des cycles hormonaux et biologiques qui peuvent entraîner des hypoglycémies (baisse du taux de sucre dans le sang), une déshydratation et un déséquilibre glycémique pouvant engendrer l’apparition ou l’aggravation des complications du diabète. De son côté, Gari a appelé les diabétiques à respecter les recommandations des médecins. En sus, Gari a indiqué que la campagne «diabète et Ramadan» vise, avant tout, à informer les personnes vivant avec le diabète et leur entourage, quant aux risques associés au jeûne chez cette catégorie de la population. Elle a également pour but de sensibiliser les professionnels de la santé, les autorités et le grand public sur cette problématique qui nécessite l’implication de toutes les parties prenantes engagées dans la lutte contre le diabète. La campagne «Diabète et Ramadhan» est organisée par Novo Nordisk en collaboration avec les Associations de personnes vivant avec le diabète et les professionnels de la santé sur l’ensemble du territoire national.
Lamia Boufassa