Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, a indiqué, hier au siège du parti à Hydra (Alger), que la purge opérée fin mai dernier au sein du Bureau politique a été prise sur instruction du président du parti en la qualité d’Abdelaziz Bouteflika. Une déclaration qui risque de saper le moral des membres exclus qui comptaient alors, mais sans donner suite, de saisir le président Bouteflika comme libre arbitre.
Ainsi, à l’occasion d’une rencontre l’ayant regroupé avec les élus locaux de la wilaya d’Alger et autres cadres du FLN, Ould Abbès explique les raisons qui ont motivé l’écartement de 15 membres sur les 19 qui composent l’instance du BP. Au plan personnel, il s’agit de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut alors que le contexte d’un tel changement est dicté par les prochaines échéances électorales. Notamment, le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation devant intervenir fin décembre 2018 et, par-delà, les présidentielles du printemps 2019. Outre cette purge en hauts lieux, le SG du FLN s’est lancé dans une vaste opération de changement à la tête des mouhafada à travers le territoire national. Ce qui n’est pas un procédé de faire nouveau chez l’ex-parti unique. À chaque conjoncture, aussi importante ou pas soit-elle, des serviteurs parmi les plus en vue au parti ont fini par retrouver, contre leur gré, la porte de sortie. Si maintenant l’instruction du président du parti n’«est pas discutable», comme le laisse entendre Ould Abbès par sa déclaration, il n’en demeure pas moins que chaque changement opéré fait laisser des plumes aux membres de la direction dirigeante en poste. Et l’actuel SG a suffisamment d’expérience pour ne pas savoir qu’il y a toujours un prix à payer. Autrement, on ne peut pas échapper aux pressions exercés de l’extérieur par les exclus et tous autres cadres mécontents de leur sort. Et là, les membres écartés ont au moins une carte à jouer et par laquelle ils attendent Ould Abbès au tournant. Il s’agit de la date de la tenue de la session du comité central, tantôt annoncée proche et tantôt renvoyée sine die. Donc, la sortie de Ould Abbès s’apparente à un défi lancé aux membres écartés du BP dont il assume la décision. Dès lors que, au moment où ils menacent de saisir l’autorité supérieure du parti, le SG affirme que la décision de se séparer d’une bonne partie des membres du BP a été prise par le président Bouteflika, en personne. Du coup, tout risque de discuter d’une prérogative prise au sommet de la hiérarchie du parti est quelque peu amorti par l’actuel dirigeant du FLN. Il serait utile de rappeler que le changement de la composante du BP, opérée fin mai dernier, a touché, entre autres, les Rachid Assas, Mohamed Allioui, Yahia Hassani, Yamina Meftali, Salima Othmani, Boudiaf Abdellatif Omar et Mokhtaria Reguig. Ces derniers ont tenté d’engager un bras de fer avec Ould Abbès, jugeant la décision de leur écartement de «contraire aux statuts et lois du parti». Dans cette purge, étaient sortis indemnes quatre membres, notamment Mahmoud Guemmam, Leïla Tayeb, Ahmed Boumehdi et Saïd Bendaïda, qui ont la qualité d’ancien moudjahid.
Farid Guellil
