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Chlef : Abed Ayad M’hamed… «un homme de patrimoine»

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S’il est vrai que la pérennité du patrimoine, tant matériel qu’immatériel, est une mission dévolue aux institutions gouvernementales de par la difficulté de la tache et de son importance, il n’en demeure pas moins que le rôle du citoyen n’est pas négligeable dans cette entreprise colossale de valeur. C’est là le but que s’est assigné, Abed Ayad M’hamed , un féru du patrimoine de la wilaya de Chlef qui ne manque jamais une occasion pour revendiquer et plaider sa passion pour tout ce qui a trait à l’histoire locale, nationale et universelle. Cet «homme de patrimoine», ainsi réputé parmi son entourage, n’a pas raté l’opportunité du mois du patrimoine (18 avril-18 mai) à Chlef, organisé cette année sous le signe «Mon patrimoine, mon devenir «, pour prendre part à plusieurs manifestations, où il a exposé, au profit du public, des objets et pièces rares de sa collection personnelle représentée par des pièces d’argent, des timbres, des ustensiles et autres documents historiques relatant des pans du patrimoine de la wilaya de Chlef, mais également de l’Algérie, voire même d’un nombre de pays étrangers, comme constaté sur place par l’APS. Abed Ayad M’hamed est la parfaite illustration de l’une des observations de l’archéologue Mac Gregor, selon laquelle « le patrimoine des racines humaines se déplace d’une génération à l’autre», ce collectionneur invétéré d’objets ayant hérité sa passion de son oncle, qui lui a légué il y’a une trentaine d’années, une « belle collection de timbre et de pièces d’argent collectés durant l’époque coloniale, que «j’ai enrichi au fil des années avec d’autres pièces rares du patrimoine local et universel», a-t-il indiqué. Dans son domicile, sis au centre ville de Chlef, se trouve une petite pièce dédiée à sa collection privée. Ramenés de ses voyages ou de ses recherches dans la région et dans d’autres wilayas du pays, ces objets et pièces en tous genres font de ce lieu un véritable musée miniature. «J’ai toujours été un amateur de pièces archéologiques du patrimoine algérien et universel.
Certaines m’ont été offertes et d’autres ont été achetées ou ramassées çà et là lors de mes déplacements «, a-t-il expliqué, non sans exprimer son profond souhait de créer un musée privé qu’il ouvrira au profit des étudiants et de tous les citoyens férus de patrimoine. En attendant de concrétiser son rêve, Ami Abed Ayad M’hamed essaie tant bien que mal d’être présent à toutes les expositions et rencontres culturelles dédiées au patrimoine, pour exposer à l’intention du large public sa belle collection.
A chaque exposition, le stand d’Ami Ayad ne désemplit jamais de curieux, qui viennent à admirer des pièces de monnaie rares remontant à avant Jésus-Christ (av. J.-C.), celles datant de l’époque de la colonisation française et même l’époque napoléonienne. Certains amateurs peuvent, aussi, admirer à volonté le plus petit exemplaire du Coran au monde, des pièces de poteries de la régence Ottomane en Algérie, ou encore une copie de la carte d’identité de l’érudit algérien Abdelhamid Benbadis, alors que les férus d’histoire peuvent se remémorer la chute historique du mur de Berlin (Allemagne), en examinant un morceau de ce mur.
Quant aux amateurs de cartes postales, ils trouvent leur compte dans les vieilles photos racontant l’histoire des lieux phares de la ville de Chlef (ex Orleans-ville) et d’autres villes algériennes, tout en admirant, également, sa collection réunissant plus de 15.000 timbres postaux. S’agissant de la possibilité de faire don de sa collection à un musée, cet homme de patrimoine a dit «préférer participer à des expositions afin d’offrir la latitude au plus grand nombre possible de citoyens de pouvoir l’admirer», eu égard au fait que la «culture muséale n’est pas très ancrée chez le citoyen algérien».
Louant la «passion du patrimoine visible chez Abed Ayad M’hamed», la directrice de la culture de la wilaya, Fatima Bekara, a salué sa «contribution à la sauvegarde de l’histoire de la région», affirmant encourager ce genre d’initiative par son intégration aux manifestations culturelles dédiées à ce domaine. Quant à l’idée de création d’un musée privé, la responsable a expliqué que l’opération obéit à un plan directeur nécessitant la préparation d’un dossier à introduire auprès du ministère de tutelle, tout en émettant la possibilité pour le concerné de prendre attache avec la commune en vue d’exposer sa collection dans le cadre d’un musée communal, ou simplement d’en faire don au secteur, a-t-elle encore proposé. Mme Bekara a d’ailleurs lancé un appel à tous les collectionneurs d’objets divers ou autres manuscrits liés au patrimoine, en vue de se rapprocher de la direction de la culture pour les exposer au public. Elle a également fait cas d’une proposition exprimée à M. Abed Ayad M’hamed, en vue de réaliser un livret englobant toutes les pièces de sa collection et leur historique. Le président de l’association de tourisme et de sauvegarde du patrimoine de Chlef, Abdelkader Boudjelti, a aussi salué cette passion du patrimoine chez M Abed, faisant part du soutien du mouvement associatif local pour ce type d’initiatives personnelles. Des citoyens approchés par l’APS lors des expositions auxquelles a pris part Ami Abed, se sont dits impressionnés par la richesse de sa collection, jugeant, à l’image de M. Mohamed Guemoumia, que ce passionné «contribue à la sauvegarde de l’histoire et aide les chercheurs dans la découverte des civilisations qui ont traversé notre wilaya». Hakima, une étudiante en archéologie à l’université de Chlef, a tenu, à l’occasion, à exprimer ses remerciements à Ami Abed pour l’avoir beaucoup aidée lors de ses recherches, grâce aux pièces rares qu’il a en sa possession et qui ne sont pas disponibles au niveau des musées», tout en lançant un appel a qui de droit, en vue de venir en aide à Ami Abed pour que «ses connaissances puissent bénéficier aux étudiants du domaine ainsi qu’aux amateurs et tous les citoyens».

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