Dans un entretien accordé au site électronique PartieNews, l’ancien cadre du Front des Forces socialistes, Samir Bouakouir, qui a affirmé n’avoir plus exercé de responsabilité dans les instances de cette formation politique, a appelé son parti à procéder au ménage dans ses rangs pour exclure ceux qui prônent un discours d’exclusion et de sécession inspiré des thèses de l’organisation terroriste le MAK. « Le FFS doit prendre une position ferme vis-à-vis de ceux qui tendent à isoler la Kabylie », a-t-il indiqué tout en appelant sa formation politique à adopter un discours clair pour défendre l’État national et la souveraineté et faire preuve d’un engagement sans ambiguïté, « pour dénoncer et faire barrage à tous les intégrismes qu’ils soient religieux ou identitaires ».
L’ancien cadre du FFS, qui a appelé sa formation politique à participer aux prochaines élections locales, a indiqué que même si le plan de la matrice idéologique, le MAK est loin de Rachad, « mais la finalité de leur activisme est la même ; détruire l’État nation pour assouvir les desseins macabres de ceux qui les instrumentalisent ».
Dans son analyse de la conjoncture que vit le pays, il estime que derrière la façade de pacifisme derrière laquelle se cachent ces deux organisations, existe en réalité une entreprise terroriste qui veut attenter à l’unité nationale et la souveraineté du pays. « Il ne suffit pas, pour ces deux organisations, de se réfugier derrière un faux-pacifisme pour se disculper et crier à la manipulation et aux accusations fallacieuses quand tout dans leurs discours incite au radicalisme, au nihilisme et, lorsque les circonstances s’y prêtent, à l’irruption d’une violence barbare comme celle dont a été victime le jeune Djamel Bensmaïl », a-t-il souligné.
L’ancien cadre du premier parti d’opposition en Algérie, en personnalité politique qui a vécu tous les soubresauts qu’a connus le pays, a estimé que le mouvement pour l’autonomie de Kabylie n’est en fait que l’expression radicale des mouvements et groupuscules berbéristes et autonomistes qui ont repris, à leur compte, les clichés néocolonialistes qui se revendiquent d’un particularisme kabyle ou d’une exception kabyle, inspirée du concept de Tamezgha, qui a servi les desseins des puissances occidentales pour créer le chaos en Libye. « Le concept de Tamezgha apparait bien plus dangereux, car il présuppose un dépassement des États-nations et une remise en cause des frontières nationales », a-t-il souligné.
Pour appuyer son analyse, il s’appuiera sur la crise en Libye pour apporter un éclairage que la réalité des faits confirme : « Ce n’est pas un hasard de l’histoire que l’idéologie réactionnaire Tamezgha s’est répandue au moment de l’intervention des puissances occidentales en Libye avec les conséquences désastreuses que l’on connait. C’est à ce moment-là aussi qu’on a vu la diffusion, à grande échelle, de l’emblème officiel du Congrès mondial Amazigh avec, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la complicité de pays comme par exemple le Qatar voire la Turquie et des mouvements qu’ils sponsorisent à l’instar de l’organisation des frères musulmans ».
Plus critique, il réfutera la thèse d’une différence entre l’intégrisme identitaire et son alter ego l’intégrisme religieux en affirmant ; « Il existait une connivence entre l’intégrisme religieux et l’intégrisme identitaire panamazigh, et c’est cette connivence qu’on retrouve dans le ‘hirak’ et qui avait comme finalité de dévoyer la révolution de 22 février 2019 et la vider de sa substance nationaliste, souverainiste et démocratique pour l’entrainer dans des voies insurrectionnelles et séditieuses, visant à semer le chaos et provoquer l’intervention étrangère » a-t-il souligné.
Il n’a pas manqué, dans ce cadre, d’affirmer que fort heureusement ce plan a échoué, « car les Algériens avaient pris leur distance et ont compris que la lutte pour le changement politique démocratique ne signifie pas l’affrontement avec son Armée et l’affaiblissement de l’État national. Il est impératif de résister à la tentation d’une gestion exclusivement sécuritaire de la société. Le dynamisme retrouvé de la diplomatie algérienne, sous la houlette de l’actuel ministre des Affaires étrangères, doit être conforté par un fort consensus politique interne ».
« Le Maroc a commis une erreur stratégique »
Abordant la rupture des relations avec le Maroc, il saluera cette décision tout en affirmant que le royaume alaouite se croyant conforté par ses nouveaux soutiens, il a adopté un discours belliqueux à l’égard de notre pays.
« Le Maroc a commis une erreur stratégique en pensant profiter des difficultés internes du pays suite à la crise de 2019 et l’effondrement du régime Bouteflika pour, pensait-il, isoler notre pays sur le plan international ».
« La reconnaissance, par Trump (ex-président des États-Unis d’Amérique) de la ‘marocanité’ du Sahara occidental et sa normalisation avec l’entité sioniste lui a fait croire à la monarchie qu’il y avait une opportunité historique pour soumettre l’Algérie et partant tout le Maghreb à leurs intérêts.
Les élites dirigeantes marocaines ont clairement succombé à l’illusion que des alliances géostratégiques indignes et honteuses, sous couvert de réalpolitik, ressusciteront des mythes historiques et, à la façon des almohades, leur permettront d’aller à la conquête de l’Afrique du Nord.
C’est vite oublier que l’Algérie, héritière de la Numidie, est le produit d’une révolution nationale, démocratique et anti-impérialiste qui a épousé le mouvement de la modernité politique et qui a marqué une rupture avec les archaïsmes et les vieilles rivalités tribales qui ont empoisonné l’histoire de l’Afrique du nord et l’ont rendu perméable à toutes les influences extérieures » ; a-t-il précisé.
Slimane B.