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Yousfi inaugure le premier forage-pilote de gaz de schiste à Tamanrasset : une symbolique et un message fort à l’Opep

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«L’Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une réduction de sa production, afin de faire remonter les prix et défendre les revenus de ses pays membres». C’est l’appel qu’a lancé, hier, le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, à l’adresse des membres de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole, en marge de sa visite au premier forage-pilote de gaz de schiste, en Algérie, dans le bassin d’Ahnet, Tamanrasset.
L’appel de Yousfi à l’adresse des membres de l’Opep intervient, à moins d’une semaine de la déclaration du ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Naïm, indiquant que son pays «ne réduira pas sa production, même si les prix du pétrole chutent à 20 dollars», et cet appel est lancé à partir du lieu, où le premier forage de gaz de schiste en Algérie vient de s’opérer. Question qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité un vif débat sur la scène nationale, au regard de ce que génère l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste, en coût financier faramineux, l’usage des quantités importantes en eau et l’impact sur l’environnement. En procédant, hier, au premier forage-pilote de gaz de schiste, dans le bassin d’Ahnet, à Tamanrasset, les déclarations du Premier ministre, au cours de la période d’effervescence, autour de la question de gaz de schiste et en réaction au vif débat sur ce sujet, sont parties en fumée. L’exploitation de gaz de schiste en Algérie est «une option pour le très long terme», a affirmé, novembre dernier, Abdelmalek Sellal, lors de la réunion avec les représentants du patronat et de la Centrale syndicale UGTA, précisant qu’«on ne va pas le pomper aujourd’hui (gaz de schiste), mais à échéance très lointaine, allant à l’horizon 2040», a-t-il déclaré. Quelques mois auparavant, devant l’Assemblée nationale, Abdelmalek Sellal a affirmé, juin dernier, que l’exploitation du gaz de schiste interviendra à long terme, précisant que le dernier texte adopté dans ce sens par le Conseil des ministres visait seulement à préparer le terrain à son extraction, dans un futur lointain. Il a précisé à cette occasion que «nous avons adopté un nouveau texte sur le gaz de schiste, et nous devons expliquer à nos citoyennes et citoyens qu’on ne peut se dérober à son exploitation à long terme», a-t-il déclaré, lors de sa présentation du Plan d’action de son gouvernement à la Chambre basse, toutefois, son exploitation «n’est pas pour aujourd’hui». Le premier forage-pilote de gaz de schiste en Algérie qui vient d’être lancé, hier, est-il une précipitation en vue de réduire la période de long terme, dont a fait part le Premier ministre, dans ses propos précités ? Ou bien s’agit-il d’une première étape-pilote, dans le cadre d’une phase expérimentale, en attendant que l’économie du pays ne soit plus dépendante des recettes pétrolières, qui sont en chute au rythme des prix du pétrole ? Est-il concevable de mobiliser des sommes importantes pour l’exploration, ou l’expérimentation du gaz de schiste, au moment où l’instabilité du cours du pétrole impose des choix judicieux, notamment en matière de soutien effective à une économie productive, à l’abri des séismes du cours du prix de l’or noir? Des questions qui s’imposent avec acuité, d’autant plus que le cours du prix et du marché pétrolier est au cœur des tensions marquant les nouveaux rapports et les relations internationales.

Les tensions étasuniennes-russes dictent le prix du pétrole
L’appel en question du ministre aura-t-il l’écho attendu des membres de l’Opep, notamment l’Arabie saoudite, dont son ministre du Pétrole affirmant, la semaine passée, que son pays ne réduira pas sa production de l’or noir, même «si les prix chutent à 20 dollars» ? Pour les observateurs avertis de la scène internationale, ils n’ont cessé d’alerter sur les conséquences de l’intensification des tensions entre Moscou et Washington, notamment en matière du cours du prix et du marché du pétrole. Étant une des armes utilisées dans le jeu des Nations de grandes puissances, les États-Unis ont usé de cette arme, dans la guerre froide qui se réchauffe entre Washington et Moscou, sur fond des dossiers de l’Ukraine et la Syrie, particulièrement. N’étant pas membre de l’Opep, l’Oncle Sam a pu jouer la carte de la chute du prix de l’or noir, pour affecter les recettes en dollars de la Russie, tout en comptant essentiellement sur le rôle de l’Arabie saoudite au sein de l’Opep, pour maintenir le même cap dans la production du pétrole. Sur ce point, les responsables saoudiens ont pu d’un côté assumer leur rôle d’allié à Washington, et par la même occasion profiter de l’impact de cette chute des prix sur le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Pour Phil Flynn de Futures Group «il faut que le baril descende autour de 50 à 55 dollars pour que l’exploitation de certains gisements de pétrole de schiste devienne non rentables». Pour le président russe, Vladimir Poutine, les projets américains de production de pétrole de schiste sont rentables «si le prix du pétrole est de 80 dollars». La décision des pays membres de l’Opep, prise le 27 novembre, de maintenir la production au niveau de 30 millions de barils par jour, n’a fait qu’aggraver l’effondrement des prix du pétrole. Pour des experts, l’Arabie saoudite est en grande partie responsable de l’excès de pétrole sur les marchés, et son refus au sein de l’Opep de réduire les quotas de production, s’inscrit dans la durée, coordonnant ses actions avec la politique des États-Unis, pour affaiblir Moscou. Des pays membres de l’Opep ont appelé à baisser les quotas de production et soutenir, ainsi, les prix de l’or noir, mais ces requêtes ont été bloquées par l’Arabie saoudite. Yousfi a expliqué que l’Algérie ne partageait pas la position des gros producteurs au sein de l’Organisation, selon laquelle l’Opep doit cesser d’intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même. Réponse diplomatique d’Alger aux propos du ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Naïmi, indqiuant, la semaine passé, qu’une réduction de la production d’or noir, même en cas de baisse considérable des prix, «ne répond pas aux intérêts de Riyad et des autres pays membres de l’Opep». Faisant fi de la teneur des débats, lors de la rencontre, novembre dernier, des membres de cette Organisation, dont certains de ses membres, Caracas, Alger et Téhéran, ont appelé à la baisse de la production du pétrole, en vue de voir, les prix rebondir vers une hausse, à court et moyen terme. L’argumentaire du ministre saoudien sur sa position du maintien de la production de l’or noir, même si son prix chute à 20 dollars, et sa crainte de voir les pays non membres de l’Opep montée en puissance, grâce à une explosion de la production du pétrole de schiste, qui pour rappel est coûteuse. Pour Phil Flynn de Futures Group, «l’Opep va continuer d’inonder le globe de son pétrole dans l’espoir d’enterrer la production de pétrole de schiste américaine». Pour rappel, l’Opep contrôle 40% de la production mondiale, et la conjoncture est marquée par le ralentissement de la demande, notamment en Chine et en Europe. Si l’Arabie saoudite considère que le maintien de l’excès dans la production, même si le prix chute à 20 $ est dans l’intérêt des pays membres de l’Opep, il s’agit particulièrement de Riyad, qui demeure passive aux appels de ses partenaires au sein de l’Opep. Aux États-Unis, certaines entreprises pétrolières «vont sans doute devoir fermer des puits», indiquent des experts, et Washington peut compter sur l’appui de Riyad en cas de force majeure, même si l’économie américaine diversifiée n’en sera pas «profondément affectée» par le recul de la production du pétrole de schiste. La Chine, pour sa part, peut profiter de ce recul des prix de l’or noir, pour «augmenter ses réserves stratégiques en pétrole, à plus faible coût». Le prix du pétrole a décroché de 35%, en six mois, passant de 115 $ US à moins de 60 $ à la mi-décembre, après la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de garder son objectif de production. Autre conséquence de la chute du prix du pétrole, n’étant pas sous les feux de la rampe comme l’est la question de la baisse du prix de l’or noir, c’est le prix du gaz. Ce dernier étant indexé sur le prix du pétrole, celui-ci étant en chute, qu’en est-il sur le prix et le marché du gaz ? Dans un monde en pleines mutations dans les relations et les rapports internationaux, sur fond de la montée des pays du Brics en puissances économiques, bousculant la place première qu’occupait jusque-là Washington, l’espace de l’Opep ne peut être à l’abri des répliques des confrontations des stratégies des uns et des autres.
Karima Bennour

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