De retour en Egypte deux semaines après sa blessure, Mohamed Salah a reçu un accueil triomphal au Caire, alors qu’il assistait sans y participer à un entraînement des Pharaons à la veille de leur départ pour le Mondial en Russie.
«Viens Salah ! Viens Salah !», entonne la foule dans le stade de la capitale, entre le son assourdissant des cornes et les cris des vendeurs de friandises à la sauvette. Salah, qui a connu une saison exceptionnelle avec Liverpool et a permis à l’Egypte de se qualifier pour la Coupe du monde pour la première fois depuis 28 ans, était de retour au pays pour la première fois depuis sa blessure en finale de la Ligue des champions le 26 mai. Aux côtés d’une mascotte très énergique, un dinosaure vert coiffé d’un némès doré de pharaon, tous les joueurs se font applaudir. Puis le nom de Salah provoque une salve de cris et d’applaudissements sans pareil parmi les milliers de supporteurs présents. Mais la star des Reds ne participe pas à l’entraînement. Blessé à l’épaule, il se contente, vêtu du maillot rouge des Pharaons, de rester au milieu du terrain, faisant le show, se livrant notamment à des selfies avec des privilégiés qui ont eu accès au terrain. La blessure de Salah fin mai lors de la finale de Ligue des Champions contre le Real Madrid (défaite de Liverpool 3-1) a suscité l’émoi chez les supporteurs égyptiens qui ont craint que leur attaquant vedette ne puisse participer au Mondial. «J’ai été tellement triste mais maintenant je suis heureuse de le voir en vrai et il a l’air d’aller bien même s’il ne s’entraîne pas avec les autres», observe Nahed Mostafa, une mère de famille de 38 ans venus avec ses jeunes enfants. «Je ne suis pas une grande amatrice du football. Mais j’ai été attristée non pas pour moi ou pour l’équipe mais pour Salah lui-même. C’est son rêve de participer à la Coupe du monde», confie-t-elle avec un air de mère très concernée. «Il va participer si Dieu le veut. Il le faut», se rassure Seif Ibrahim, un vendeur de 24 ans vêtu d’un maillot de l’Egypte au nom de Salah. Le joueur vedette n’a toutefois pas manqué de taper dans un ballon dans un coin, donnant une lueur d’espoir à son public. Il a ensuite rejoint la touche.
«Événement exceptionnel»
En treillis ou uniforme blanc classique, les forces de sécurité ont quadrillé les abords du stade, rempli au quart de sa capacité. En Egypte, tout rassemblement d’ampleur est rare et étroitement contrôlé, autour des stades en particulier. L’accès à ces derniers se fait généralement au compte-goutte depuis la mort, en février 2012, d’au moins 74 personnes, pour la plupart des supporteurs dans des heurts au stade de Port-Saïd. «C’est un événement exceptionnel car toute une génération a été exclue des stades», explique Mostafa Abdallah, un instituteur de 64 ans, en chemise à carreaux et le sourire affable. «Je suis venu pour ce moment historique, venir admirer l’équipe de mon pays qui va jouer à la coupe du monde», se félicite-t-il. Car au-delà de Salah, les Pharaons suscitent la ferveur de leur supporters. Les noms du gardien de légende Essam al-Hadari comme du sulfureux milieu de terrain Abdallah el-Said résonnent aussi dans les gradins, au milieu des drapeaux égyptiens et des maillots des clubs cairotes d’Al-Ahly et Zamalek. Qualifiés pour la première fois depuis 1990 pour le Mondial, les Pharaons, qui sont dans le groupe A, s’envolent pour la Russie dimanche. Ils rencontreront l’Uruguay le 15 juin puis le pays-hôte le 19 juin et l’Arabie saoudite le 25 juin.